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Course à l’innovation dans la lucrative lutte contre le diabète : Lyon en pointe

Coup sur coup, trois entreprises lyonnaises annoncent des avancées sur la lutte contre le diabète. Poxel et Alizé Pharma lèvent respectivement 10 et 5 millions d’euros afin d’accélérer leur recherche, ainsi que l’arrivée à leur capital de la BPI ; tandis qu’Adocia, la seule à être cotée en Bourse assure avoir passé avec succès la Phase 2 des études cliniques d’une formulation innovante d’insuline ultra-rapide.

Vu la masse que représente à travers le monde le nombre de diabétiques, près de 400 millions de personnes, en hausse malheureusement régulière et l’important marché que cette pathologie représente, de nombreuses sociétés pharmaceutiques travaillent d’arrache-pied actuellement pour développer des réponses efficaces contre ce véritable fléau des temps modernes.

 Des besoins encore insatisfaits

 En effet, le marché actuel est dominé par un petit nombre de classes de médicaments. Les besoins restent non satisfaits à la fois pour les patients et pour les médecins.

 Le marché mondial du seul diabète de type 2, dont 60 % est représenté par les antidiabétiques oraux, pourrait augmenter de 31 milliards de dollars en 2012 à 48,8 milliards en 2021 ! (source : audits IMS).

 En la matière, l’agglomération lyonnaise, à travers Poxel, Alizé Pharma et Adocia possèdent-entre autres- trois sociétés en pointe dans la lutte contre cette pathologie, chacune d’entre elles évoluant dans des domaines de recherche très différents.

La concurrence est vive sur le terrain de la recherche à travers le monde : celle-ci se révèle dévoreuses de capitaux frais.

 C’est la raison pour laquelle la société lyonnaise Poxel qui à l’origine est un essaimage de Merck Serono vient d’annoncer qu’elle levait 10 millions d’euros auprès de nouveaux investisseurs, « afin d’accélérer le développement clinique de deux nouveaux traitements oraux du diabète de type 2 » (*)

 A cette occasion, la Banque Publique d’Investissement (Bpifrance ) entre au capital de Poxel par le biais de son pôle Large Venture. Un emprunt est également effectué auprès de Kreos Capital.

 Le montant cumulé du financement, initié par Edmond de Rothschild Investment Partners depuis la création de Poxel, s’élève désormais à 18 millions d’euros.

 Les fonds serviront à accélérer le développement du programme phare de la société, l’Iméglimine, une nouvelle classe d’antidiabétiques oraux .

 L’Iméglimine est le premier médicament agissant directement sur les deux principaux défauts du diabète de type 2, qui concernent la sécrétion d’insuline et l’insulino-sensibilité. Son mécanisme d’action unique, validé par des résultats précliniques et cliniques, a récemment été détaillé au travers de trois présentations lors de la 74ème session de l’American Diabetes Association.

 Alizé Pharma lève 5 millions d’euros

le siège d'Alizé Pharma à Ecully

 Dans le même temps, une autre société lyonnaise qui développe aussi des thérapeutiques contre ce même diabète de type 2, Alizé Pharma, annonce qu’elle lève, elle, 5 millions d’euros là encore auprès de BpiFrance qui entre aussi au capital de la société, via le fonds InnoBio, en investissant 3,5 millions d’euros.

 Les actionnaires historiques d’Alizé : Octalfa, Sham Innovation Santé, CEMA et Tab Consulting ont également participé à l’opération. Alizé Pharma SAS a ainsi levé depuis sa création en 2007, un total de 10 millions d’euros.

 Ces 5 millions d’euros serviront à poursuivre le programme clinique baptisé « AZP-531 », et notamment à mettre en place deux études cliniques dont un essai de phase Ib dans le diabète de type 2.
 
« Notre investissement est motivé par le fort potentiel d’Alizé Pharma, et en particulier par son programme AZP-531, ainsi que par la pertinence de son business model, bien adapté aux nouveaux besoins de l’industrie pharmaceutique », estime Olivier Martinez, directeur d’investissement chez Bpifrance.

Adocia : une nouvelle formulation d’insuline ultra-rapide

Gérard Soula et ses fils, tous deux dans l'entreprise.

Enfin, Adocia, société lyonnaise cotée en Bourse a annoncé la semaine dernière les résultats préliminaires positifs d’une étude clinique de Phase IIa de dose-réponse comparant sa propre formulation innovante d’insuline lispro (très précisément BioChaperone Lispro U100), testée à trois doses différentes, comparée à l’insuline commerciale Humalog de la Big Pharma Eli Lilly.

« En raison du bénéfice médical attendu des insulines ultra-rapides, nous pensons que BioChaperone Lispro pourra concourir efficacement sur le marché des insulines analogues prandiales, qui représente 5 milliards de dollars », explique-t-on chez Adocia.

Autre avantage du produit mis au point par la biotech lyonnaise : son coût. Selon Gérard Soula, Pdg d’Adocia, « Le coût additionnel minime de la technologie BioChaperone devrait permettre de maintenir le prix du produit de vente constant, ce qui pourrait être un facteur clé de succès dans un environnement de contrôle des dépenses de santé publique. »

Reste qu’il faudra attendre encore quelques années avant de voir tous ces produits innovants mis sur le marché.

(*) Le diabète de type 2 est la forme la plus courante de diabète. Il survient généralement chez les adultes, mais fait son apparition de manière croissante chez les enfants et les adolescents. Dans le diabète de type 2, l’organisme a toujours la capacité de produire de l’insuline mais, soit en quantité insuffisante, soit en n’entraînant plus les effets attendus sur l’organisme, ce qui entraîne une élévation du glucose dans le sang. Le diabète de type 2 est une cause majeure de maladies cardiovasculaires et rénales.

Le nombre de personnes souffrant de diabète de type 2 croît rapidement dans le monde entier. Cette croissance est associée au développement économique, au vieillissement des populations, à l’augmentation de l’urbanisation, aux modifications alimentaires, à la baisse de l’activité physique et à divers changements dans le mode de vie.