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La faiblesse des vendanges en Beaujolais pourrait mettre 500 viticulteurs en difficulté

La préfecture du Rhône a lancé un plan de soutien aux viticulteurs du Beaujolais qui pourraient bien subir le contrecoup d’une des récoltes les plus faibles de ces vingt dernières années. Et ce, dans un vignoble fragilisé depuis plusieurs années.

Depuis le vendredi 7 septembre, une armée de près de 50 000 « coupeurs » et « porteurs » ont envahi les 18 000 hectares des vignes du Beaujolais.

 Les vendanges constituent certes un travail parfois harassant, mais souvent aussi une fête. Ce sera sans doute moins le cas cette année.

 L’appellation Beaujolais est en effet l’une de celles en France à avoir connu les plus importants problèmes climatiques. Il faudra attendre les chiffres définitifs, mais les premières estimations laissent entendre que le rendement moyen attendu ne dépasserait pas 25 à 27 hl/ha contre un rendement autorisé de 52 hl. La baisse pourrait ainsi s’établir à plus de 25 %. Et ce, sans que pour autant le prix de l’hl ait fortement augmenté pour contrebalancer cette faible récolte attendue (200 euros l’hectolitre contre 160 euros en 2011, soit une hausse d’environ 20 %).

 L’explication de ces rendements très faibles tient à des phénomènes de grêle qui se sont notamment abattus sur les communes du Nord-Beaujolais lors d’orages des 2 et 11 juin. Des phénomènes qui ont perduré en juillet, et même jusqu’à la fin août. Le préfet a d’ailleurs pris un arrêté de déclaration de sinistre pour un certain nombre de communes touchées.

 Jean-François Carenco, préfet du Rhône craint que 400 à 500 exploitations sur un total de 2 400 exploitations soient dans une situation financière difficile : elles pourraient ainsi se retrouver en cessation de paiement.

 Et ce d’autant que ces mauvaises conditions climatiques ont obligé nombre d’exploitations à traiter la vigne de manière particulièrement lourde, suite à la recrudescence de maladies telles que le mildiou et l’oïdium ce qui a aussi pesé sur les trésoreries.

 Cette situation a amené la préfecture à mettre en place un certain nombre de mesures, allant de l’attribution du RSA par le Conseil général du Rhône, comme complément de salaire aux exploitants en difficulté, à la prise en charge de cotisations, à des reports d’impôts, des allégements d’emprunts, etc.

 « Nous avons élaboré toute une batterie d’outils, soit six à sept mesures », se félicite Jean-François Carenco. Ces premières aides pourraient représenter un peu moins d’un million d’euros : 500 000 euros seraient nécessaires au titre de la prise en charge des cotisations sociales et 375 000 euros à celui du fonds d’allégement des charges (FAC).

 C’est la préfecture de Villefranche qui constituera le guichet unique des viticulteurs en difficulté. Les exploitations connaissant des problèmes seraient repérées par les cabinets comptables, les aides suivant ensuite en accord bien sûr avec les exploitants concernés. Une première commission pour traiter les dossiers sensibles est d’ores et déjà programmée pour le 8 octobre à la sous-préfecture de Villefranche.

Cette très faible récolte annoncée tombe au plus mal. Depuis une dizaine d’années, le vignoble du Beaujolais souffrait et connaissait des difficultés. Ces deux dernières années, la situation semblait pourtant s’améliorer quelque peu. A nouveau, le sort semble donc s’acharner sur un des vignobles les plus fragiles, économiquement parlant, de France.

 A telle enseigne que Jean-François Carenco évoque dans le même temps, le lancement d’« un plan stratégique qui doit être élaboré par la profession : il va falloir renforcer la compétitivité du vignoble et favoriser sa diversification, tout en lui redonnant des perspectives d’avenir. »

 Tout n’est pas sombre néanmoins. Cette faible récolte devrait avoir pour corollaire un millésime d’excellente facture. Quantité et qualité ne font d’ordinaire pas bon ménage en matière d’œnologie.

 Le millésime 2012 pourrait être en grande partie vendu en primeur dans la mesure où la vente dès novembre du Beaujolais nouveau permettrait aux exploitations d’engranger rapidement de la trésorerie leur permettant de retrouver des marges de manœuvres.

 Photo (Michel Godet) Le gamay, le cépage du beaujolais a beaucoup souffert cette année de la grêle.