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Les Millésimes

A l’heure ou les vendanges viennent de se terminer, ou sont sur la fin, on parle déjà de qualité du millésime 2015, et en l’occurrence d’un très grand millésime, voire même du millésime du siècle. Tout d’abord, je pense qu’il faut se méfier de ces effets d’annonce à vocation marketing, et raison garder. On a déjà parlé de millésime du siècle en 2009, puis parfois en 2010, alors que nous ne sommes qu’au début du siècle, et que si tout va bien, il reste tout de même 85 millésimes à venir d’ici la fin du siècle.

Certes l’année a été chaude, puis les pluies sont arrivées a temps pour redonner un peu de volume et d’équilibre, et du coup la matière première, un peu partout en france est de très belle qualité, avec des raisins sains et concentrés, mais encore faut il mener à bien les vinifications avec des degrés alcooliques assez élevés, et des acidités souvent assez basses. Il serait donc plus sage d’attendre que les vins soient finis (c’est-à-dire dans la plupart des cas le printemps prochain), pour dire s’il s’agit d’un grand millésime.

Mais au fait, c’est quoi un grand millésime ?

Autrefois, les variances pouvaient être très importantes d’un millésime à l’autre. Le même vigneron pouvait faire des vins exceptionnels sur une année chaude, puis des vins très médiocres en année fraiche. Aujourd’hui, avec les progrès de l’œnologie, et surtout le meilleur niveau d’équipement des caves, un vinificateur habile retombe toujours sur ses pieds et arrive à produire de bons vins de manière régulière.

Il est donc plus intéressant de parler de profil du millésime plutôt que de qualité, qui est finalement une notion assez restrictive, et globale :

  • Restrictive car l’objectif du consommateur n’est pas toujours le même. Cherche t il un vin à consommer dès aujourd’hui, ou à vin à mettre en cave pour quelques années.

Prenons un exemple concret : le millésime 2010 qualifié de grand, en Bourgogne comme partout en France, donnera des vins somptueux dans le temps. Par contre, pour une consommation immédiate, il est préférable de s’orienter par exemple sur 2011, qui a donné des vins avec moins de fond, mais souples, élégants et pour la plupart prêts dès aujourd’hui.

Il faut donc sortir du réflexe : c’est une grande année j‘achète, c’est pas une grande année, je n’achète pas.

  • Globale, car il est rare que la qualité soient la même dans tous les vignobles de France. Si l’on met à part quelques années comme 1990, 2005, 2009, 2010, on constate régulièrement des différences d’une région à l’autre, voire même d’un secteur à l’autre dans le même vignoble.

Sur certains millésimes ces différences sont flagrantes. 2013 millésime difficile à Bordeaux, a donné en bourgogne des vins de concentration moyenne, mais frais au fruité intéressant, dans le Beaujolais des vins de belle concentration, et dans le languedoc par exemple des vins très riches. Les exemples sont nombreux, et la vigilance doit être de mise, car en matière de millésimes, c’est depuis pas mal d’années, Bordeaux qui fait l’actualité et détermine la tendance. Pour preuve un millésime comme 2002, considéré comme moyen, car les bordeaux manquaient un peu de concentration, s’avère être un grand millésime pour les Bourgognes, ce qui est passé un peu inaperçu pour le consommateur.

Et nous n’avons parlé ici que des vins rouges, or le profil des vins n’est pas forcément le même en blanc et en rouge sur le même millésime.

Exemple flagrant le millésime 2009, considéré en Bourgogne comme exceptionnel. Les vins rouges avaient une richesse et surtout une suavité rare, et iront loin dans le temps grâce à leur concentration. Les blancs étaient également riches, et aromatique mais d’acidité basse ce qui est préjudiciable pour le vieillissement ; Certains étant déjà sur le déclin, alors que les rouges ont un bel avenir devant eux.

Vous l’aurez compris, en matière de millésime, il est difficile de systématiser ; ce n’est pas tout noir, ou tout blanc, grand ou petit.

Pour s’y retrouver, mieux vaut prendre l’avis d’un professionnel, et si possible déguster pour se faire son propre avis.  

Alain Launay, Oenologue
www.vinextenso.com