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Cité de la gastronomie : « On ira jusqu’au bout ! »

Pour Gérard Collomb, maire de Lyon, quoiqu’il advienne, il y aura une « Cité internationale de la gastronomie » à Lyon, que la Ville soit choisie ou non pour l’obtention du label pour lequel elle a récemment concouru. On connaît désormais le projet dans tous ses détails, ainsi que la clé de financement. La Ville de Lyon investira tout de même 3 millions d’euros. Eiffage Construction qui s’engage à assurer l’équilibre cherche néanmoins des partenaires…

On ne saura qu’à la fin de l’année si Lyon est choisie pour accueillir la « Cité internationale de la gastronomie ». Ou si le choix du jury s’est porté sur Dijon ou Tours, voire sur trois ou quatre villes qui se partageraient les équipements prévus, hypothèse aussi envisagée.

 Que l’une ou l’autre des hypothèses peu favorables à Lyon survienne, cela n’arrêtera pas la municipalité. « On ira jusqu’au bout ! » s’est exclamé à plusieurs reprises, Gérard Collomb, maire de Lyon, en présentant le projet lyonnais au sein de la mairie centrale devant les toques blanches et les représentants de l’ensemble des métiers de bouche lyonnais, dans une ambiance quasi-électorale. Car la température suscitée par cette candidature est loin d’être retombée !

 Le représentant du promoteur Eiffage Construction, Bernard Vitiello, ne l’a pas caché non plus. Très fortement réorienté Cité de la Gastronomie, le projet de l’Hôtel-Dieu ira à son terme et sera inauguré en 2017.

 Un budget de 18 millions d’euros

 On en sait désormais plus sur le montage financier qui avait suscité beaucoup d’interrogations, sachant qu’au départ, Gérard Collomb ne voulait pas impliquer financièrement la Ville. Sous la pression, elle le sera néanmoins. La municipalité investira 3 millions d’euros sur un budget global de 18 millions. La municipalité « prendra intégralement l’aménagement de la Cité de la gastronomie, c’est-à-dire la scénographie et la muséographie. »

 Le Groupe Eiffage chargé de l’aménagement de l’ensemble de l’Hôtel-Dieu financera les 15 millions restants qui seront consacrés à la partie immobilière et s’engage, explique Bernard Vitiello, le chef de projet Hôtel-Dieu, à assurer l’équilibre. Plus de souci donc sur ce plan. Néanmoins, pour ne pas porter seul ce projet, Eiffage recherche des partenaires. « Nous avons déjà eu six contacts prometteurs », assure Bernard Vitiello, sans en dire plus.

 Lyon-entreprises a présenté récemment ce projet dans ses grandes lignes. Cette fois, ses promoteurs sont entrés dans les détails. Et il faut dire qu’à cet égard c’est le chef trois fois étoilé, Régis Marcon (Saint-Bonnet-le-Froid, en Haute-Loire), représentant les chefs et les métiers de bouche dans l’équipe du projet qui en parla le mieux, avec un lyrisme soulevant les applaudissements.

 « Il ne faut pas que l’arbre cache la forêt. Une étude qui sera prochainement présentée montre que la France a encore perdu du terrain en matière gastronomique, ne se situant plus qu’au 6ème rang mondial. Ce projet est là pour montrer notre véritable image et proposer dans le même temps à la gastronomie française une véritable ouverture sur le monde ! »

 « Ce ne sera pas un Lourdes de la gastronomie »

 Et ce chef de lancer : « Ce ne sera pas un Lourdes de la gastronomie, mais un lieu vivant. Nous voulons qu’il y ait des odeurs, que ce soit ouvert à tout le monde, aussi bien aux professionnels, qu’au grand public, qu’aux jeunes en formation ! »

 Ainsi, pour assurer cette ambition, la Cité de la gastronomie sera dotée d’un espace Médias avec une chaîne de télévision dédiée développée avec « Cap Canal ». Il s’exprimera également à travers les réseaux sociaux. On y trouvera également un centre de recherche, d’analyse et de prospective sur la gastronomie.

 Le fil rouge de l’ensemble sera le lien entre gastronomie et nutrition, en s’appuyant sur l’importante recherche en la matière développée dans les universités et centres de recherche lyonnais et régionaux. Une ambition qui débouchera sur la création d’un Centre Européen de la nutrition et de la santé financé par le Grand Emprunt : peut-être un futur pôle de compétitivité. Le musée de la santé, prévu sur le site sera pour une grande part également axé sur ce thème porteur, nutrition et santé.

 Au total, la Cité de la gastronomie sera installée majoritairement sur 4 500 m2, au sein de la partie de l’Hôtel-Dieu baptisée les « Quatre Rangs », datant du 17ème siècle. Mais elle s’installera en fait sur l’ensemble du site dont elle utilisera les espaces, à l’instar des sept restaurants programmés ou des « jardins d’apothicairerie » qui rassembleront sur 1 500 m2 au sein de la cour Saint-Martin, plantes médicinales et odorantes. « Dès l’entrée, nous sentirons des odeurs, nous serons dans l’ambiance », décrit de son côté l’architecte du la Cité, Albert Constantin.

 On y trouvera un « parcours du goût et des arts de la table » permettant de découvrir l’ensemble des terroirs français.

 Un minimum de 150 000 visiteurs par an

 On pourra visiter des expositions permanentes et temporaires. Ce sera aussi un lieu de spectacles, mais aussi un marché des producteurs, mais encore un laboratoire dédié aux essais des produits.

 Cette Cité accueillera également un « Pôle de compétence », en l’occurrence, un centre de formation des formateurs et des enseignants organisé par métiers, ainsi qu’un centre de concours et d’entraînement.

 L’exploitation qui sera confiée à un opérateur privé a été calculée sur « une hypothèse très prudente », selon Bernard Vitiello : «  150 000 visiteurs par an ». Et de préciser : « Avec cette jauge, le budget d’exploitation sera autofinancé sur chacune des trois activités principales de la Cité : la formation, les conférences et les expositions », ajoute le promoteur.

 Il s’agit désormais de « vendre » le projet. Gérard Collomb le présentera prochainement aux journalistes spécialisés et professionnels parisiens.  Avec l’espoir de fêter l’obtention du  label officiel « Cité de la gastronomie », lors du prochain Sirha, le salon international des métiers de bouche, le plus grand salon mondial du genre qui se déroulera du 26 au 30 janvier à Lyon-Eurexpo. Quel qu’en soit le résultat, d’ailleurs, il en sera forcément beaucoup question dans les allées du salon…

 Photo (DR)-Les chefs étaient venus soutenir le projet de la Cité de la gastronomie, lundi 29 àctobre, à l’hôtel-de-ville de Lyon.