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Michel Chapoutier milite pour une augmentation de la production de vins blancs au sein des côtes-du-rhône

Le président de l’interprofession aimerait qu’après le développement du rosé-un succès-les viticulteurs des côtes-du-rhône développent la production de vins blancs, sous forme de vin tranquille, mais aussi de crémant, très demandés par les marchés. Pour l’heure, ledit blanc ne représente que 10 % de la production contre 60 % pour le vignoble bourguignon, par exemple.

«On consomme moins de viande rouge. Les jeunes, sur le plan mondial, préfèrent les vins légers aux vins tanniques qui sont moins compris… On doit s’adapter et cela passe par le développement des vins blancs.»

Président d’Inter Rhône, l’interprofession des AOC Côtes-du-Rhône et de la Vallée du Rhône, Michel Chapoutier entend bien convertir  les viticulteurs des Côtes-du-Rhône à une révolution culturelle.

Autre interrogation mise en avant pour le célèbre négociant de Tain l’Hermitage : «Nous devons également nous poser la question de savoir si les cépages blancs actuellement plantés sont les plus adaptés au marché mondial.»

Un plan structurel global pour le blanc

La Vallée du Rhône produit en effet dix fois plus de rouge que de blanc alors que dans le reste du monde, le rapport est seulement de 1,5 en faveur du vin rouge. Les viticulteurs des Côtes-du-Rhône ne produisent que 10 % de blancs.

Comment prendre ce virage ?  Les responsables de l’interprofession devront d’abord convaincre chaque vigneron de remplacer certaines vignes, voire procéder à des arrachages, au bénéfice de nouveaux pieds adaptés à la production de blanc.

Autre argument pour le développement du vin blanc : le prix de l’hectolitre de blanc se négocie en moyenne  à un prix 10 % supérieur à celui du rouge.

«Notre terroir est constitué de calcaire, ce qui est propice à la culture de blanc. Nous devons prendre notre bâton de pèlerin et opérer un travail de pédagogie auprès des producteurs mais aussi des metteurs en marché», reconnaît Michel Chapoutier.

Ainsi, Inter Rhône travaille à un plan structurel global pour les vins blancs de la Vallée du Rhône.

Les vignobles de la Vallée du Rhône produisent déjà près de 300 000 hectolitres de blancs, avec certains crus ou certains domaines particulièrement réputés sur cette couleur. « Il s’agit d’un chantier majeur pour l’avenir de la Vallée du Rhône qui permettra de révéler nos grands terroirs à blancs pour répondre à ces consommations croissantes », expliquent ses responsables.

Vers la création d’un crémant ?

D’autre part, contrairement à la Bourgogne ou à l’Alsace, il n’existe pas encore de crémant des côtes-du-rhône. L’Inter Profession  réfléchit à la création d’un vin blanc effervescent  qui, selon Michel Chapoutier, «pourrait être vendu sous une seule et même marque afin de représenter l’ensemble du vignoble».

Mais pour autant, pour Inter Rhône, cette offensive dans le vin blanc ne se traduirait pas par un abandon de la production de vin rouge : l’objectif qui pourrait être fixé se situerait à une production de 20 % de vins blancs, soit un doublement de la production actuelle.

Deuxième vignoble exportateur d’AOC, la Vallée du Rhône connaît en effet grâce à lui un fort succès en Chine, pays amateur de vins corsés. Dans ce pays – son quatrième marché à l’export- les millésimes rhodaniens ont en effet connu, selon les chiffres des douanes, une croissance de… 1 666 % en valeur entre 2008 et 2018, contre + 549 % pour les autres AOC françaises. Et la nouvelle génération chinoise est aussi en train de se mettre au vin blanc.

Plus globalement, en dix ans, les exportations de la Vallée du Rhône ont enregistré une progression à l’export de 64 % en valeur, pour atteindre 507 millions en 2018.

Bref, pour maintenir ce rythme, supérieur à celui de la plupart des autres vignobles, « Le fait de pouvoir alimenter les différents marchés en volume sur trois couleurs, ainsi que des effervescents, constituerait un réel atout. »

Dans la Vallée du Rhône, la saison du blanc est lancée…