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Construction d’une usine à Saint-Fons pour « digérer » le plastique. La start-up régionale Carbios fait la « une » de « Nature »

Il y a tout-de-même quelques bonnes nouvelles sur le front scientifique en ces temps de coronavirus. L’une d’entre elle concerne une start-up régionale, cotée en Bourse : Carbios. Elle vient de faire la « une » de la prestigieuse revue scientifique « Nature ». Elle a tout simplement trouvé un moyen de recycler à l’infini une bonne partie des monceaux de plastiques qui étouffent la planète en les faisant digérer par une enzyme gloutonne…

C’est un des problèmes-clés de notre environnement : comme lutter contre ces millions de tonnes de plastiques qui finissent dans les océans et comment opérer un recyclage facile.

La start-up auvergnate Carbios basée près de Clermont-Ferrand au sein du biopôle de Bazire, a trouvé la clef.

C’est ce que pense en tout cas la prestigieuse revue « Nature » qui vient de lui consacrer sa « une », ce qui est pour le moins rare, s’agissant d’une jeune pousse de la région…

Après plusieurs années de recherche, Carbios propose un procédé simple et peu coûteux pour recycler le PET, ce plastique utilisé pour les bouteilles en plastiques et de nombreux flacons et contenants de tous ordres…

En effet, 75 millions de tonnes de polyéthylène téréphtalate (PET) sont produits dans le monde, sur 348 millions de tonnes de plastique.

Le problème jusqu’à présent est non seulement que ce recyclage était coûteux, mais aussi ne pouvait s’opérer qu’à quatre ou cinq reprises, mais pas plus pour des raisons de pureté, la matière finissant in fine dans des incinérateurs. Ce qui explique que 70 % des plastiques ne sont pas recyclés et finissent dans les océans. Pour le PET, ce chiffre est encore bien plus faible : 10 % seulement du PET est actuellement recyclé dans le monde.

Gloutonne

Carbios se propose, elle, de recycler à l’infini les plastiques en les faisant digérer par une enzyme gloutonne.

Une enzyme que les chercheurs ont découverte dans la nature, puis modifiée en laboratoire avec l’aide de l’Insa Toulouse, l’Inrae et le CNRS, pour en faire une formidable recycleuse de plastique.

Le PET est en effet constitué de deux résines qu’on ne pouvait alors séparer.

Or cette enzyme réussit à séparer ces deux résines qui redeviennent pures et qu’il suffit, en bout de chaîne d’assembler à nouveau.

La technologie de Carbios et de l’institut scientifique toulousain permet de décomposer 90 % du PET en dix heures.

In fine, on retrouve un produit qui recèle  très exactement les mêmes propriétés que le PET produit par l’industrie pétrochimique.

Un démonstrateur à Saint-Fons

L’autre grande société clermontoise, Michelin s’est vite intéressé au projet et est entré au capital de la société, ainsi que L’Oréal, qui rêve de fabriquer des emballages vertueux.

D’autres entreprises comme Pepsi, L’Oréal, Schweppes et Nestlé, ont aussi accompagné  Carbios en créant une chaine de valeur.

Fin juin 2019, Carbios a levé 14,5 millions d’euros, dont le produit lui permet de construire un démonstrateur industriel qui verra le jour en 2021 à Saint-Fons dans la « Vallée de la chimie », une « Vallée » qui veut justement se développer de plus en plus en direction de la chimie verte.

Ce démonstrateur sera capable de recycler 2 000 tonnes de PET.

Ensuite, en projet, la construction d’une méga-usine européenne d’une capacité de 100 000 tonnes par an, si le démonstrateur répond aux vœux de ses promoteurs.

Carbios entend également vendre à terme des licences industrielles de sa technologie à travers le monde ; laquelle pourrait ainsi être vite développée.

A l’annonce de cette publication dans « Nature », le cours de Bourse de Carbios a bondi de 33 %. Depuis le 1er janvier le titre est en hausse de 3 %, dans un CAC 40 en chute libre de…25 %.

(Photo : crédit Carbios)