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La filière solaire en Rhône-Alpes : touchée, mais pas coulée…

Jusqu’au moratoire instauré par le gouvernement il y a un peu moins d’un an, le modèle économique de la filière solaire photovoltaïque était simple. Les particuliers ou les agriculteurs qui installaient des panneaux sur leurs toits ou leurs hangars de ferme étaient fortement subventionnés par EDF, ce qui leur permettait de rentabiliser relativement rapidement leur investissement. Une économie trop prospère qui finissait pas coûter cher. D’où le moratoire décrété par le gouvernement, fin 2010 qui, ex-abrupto a décidé qu’il n’aiderait plus pendant plusieurs mois, aucun nouveau projet, en attendant de définir une nouvelle politique et de nouveaux tarifs, orientés à la baisse.

D’où polémiques, déclarations de tous bords à l’emporte-pièce, avant que ne s’instaurent une nouvelle politique de quotas fortement diminués et des tarifs d’aides à la baisse.

Résultat de ce tohu-bohu et de cette très mauvaise gestion de ce dossier par le gouvernement : une chute de 30 à 40 % du marché des particuliers. Avec cette conséquence douloureuse, de nombreuses TPE ou PME qui s’étaient installées sur ce marché en plein boom ont déposé leur bilan et selon Jean-Pierre Vial, le président de Savoie-Technolac et l’un des deux créateurs avec Michel Barnier de l’Institut National de l’Energie Solaire (INES) à Chambéry, un des meilleurs connaisseurs de la filière, près de 10 000 emplois auraient disparu : bravo !

Première région de France pour l’industrie solaire, Rhône-Alpes qui compte plus de 4 000 emplois dans le secteur et où sont installés les principaux acteurs de la filière a trinqué. La crise a culminé avec 95 suppressions d’emplois chez Photowatt à Bourgoin-Jallieu en Isère, il y a un peu moins d’un an. Et elle se poursuit, avec la demande, vendredi 4 novembre, par sa direction, de sa mise en redressement judiciaire par le Tribunal de commerce de Vienne (Isère).

Faut-il désormais tirer une croix sur cette filière mal aimée du gouvernement et des ingénieurs qui le conseillent ?

Non, car pour Jean-Pierre Vial, le douloureux électrochoc a eu au moins un effet positif : il a amené les grosses entreprises du secteur, les fabricants, à se serrer les coudes et faute de marché hexagonal à se tourner vers l’exportation, car bien évidemment le solaire est un marché mondial. La région a en outre la chance de bénéficier de la présence de l’Institut National de l’Energie Solaire (INES) à Chambéry qui a joué un rôle non négligeable dans cette réorganisation de la filière.

Près de 200 PME mènent ainsi actuellement des contrats de recherche avec l’INES. Une société comme Soitec (Bernin, près de Grenoble), le leader mondial du silicium sur isolant pour ordinateurs a entrepris de se diversifier dans le solaire grâce à une technologie innovante. Elle vise réaliser à terme 50 % de son chiffre d’affaires dans ce secteur. Le pôle de compétitivité Tennerdis axé sur l’environnement a mené depuis sa création 22 projets de recherche pour 240 millions d’euros. On pourrait multiplier les exemples.

Preuve du dynamisme de ces acteurs : un consortium mené par la société grenobloise ECM Technologies vient d’emporter un gros marché de 165 millions d’euros pour la construction d’une usine de fabrication de silicium au Kazakhstan.

Il faut bien comprendre l’enjeu. Le solaire constitue vraiment une des solutions de production d’énergie durable de l’avenir. Sous la pression de la recherche, les taux de rendement des panneaux photovoltaïques ne cessent de croître. De 17 % pour les panneaux basiques, ils montent actuellement à plus de 35 %, pour ceux de Soitec par exemple et pourraient même à l’avenir atteindre 50 %, voire plus.

D’ores et déjà en Italie ou en Espagne où, il est vrai, l’énergie est très chère, l’électricité photovoltaïque est produite au prix du marché. Plus besoin d’être subventionnée.

D’ici trois à quatre ans, ce devrait être le cas en France. Le gouvernement dans ce dossier a joué petit bras et n’a pas pris en compte les forts enjeux de la filière. Mais celle-ci entend bien se déployer envers et contre tout. Elle en a à la fois la volonté et les outils. Jean-Pierre Vial en est persuadé : « Malgré toutes les erreurs passées, nous bénéficions d’une vraie filière industrielle qui a devant elle un potentiel considérable. » Lumineux, non ?

Dessin  Friandart Voir le site

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