La Région sabre dans les subventions : les collectivités seraient-elles en train de lâcher la culture ?

Il était communément admis que le rayonnement d’une Métropole comme Lyon devait une bonne part de son aura à sa culture. A sa Maison de la Danse de dimension européenne qui vient de changer de directeur ; à son Opéra, parmi l’un des plus créatifs ; à son orchestre symphonique qui effectue des tournées dans le monde entier, etc. Or cette idée est en train d’être battue en brèche. La région présidée par Laurent Wauquiez vient de sabrer de nombreuses subventions, notamment celles de quelques grandes structures lyonnaises. Les Verts ont aussi tendance à serrer le frein sur la culture. Pas bon du tout pour l’image de la Métropole…

Après la pandémie et le fait que la Culture ait été considérée comme “non essentielle”, l’écosystème culturel lyonnais vient de recevoir un nouveau coup de bambou.

Sans qu’une concertation ait été mise en œuvre, la région que préside Laurent Wauquiez a baissé de manière assez imposante 139 des 313 subventions que depuis des lustres la Région distribue aux structures culturelles. Elles connaissent une baisse de leurs subventions à hauteur de 4 millions d’euros.

Des sommes qui, alliées à celles de l’Etat et des autres collectivités, en l’occurrence Lyon et la métropole, permettent aux grandes institutions culturelles lyonnaises de jouer leur partition dans le grand concert de la vie et de l’animation culturelle, attirant les regards sur Lyon.

De -15 à 30 %

Lyon dont la Ville consacre déjà 20 % de son budget à la Culture se révèle en effet particulièrement ciblé : L’Opéra, les Nuits Sonores, la Biennale d’art contemporain, l’Institut Lumière, l’Ecole des Beaux Arts, mais aussi la Villa Gillet ; ainsi que l’emblématique compagnie Maguy Marin, l’une des plus grandes chorégraphes françaises ont vu leurs subventions amputées de 15 à 30 %.

La seule maison de la Danse du 8ème arrondissement de Lyon voit son budget perdre 180 000 euros en guise de cadeau d’arrivée de son nouveau directeur, Tiaguo Guedes.

Certes, un certain nombre de ces structures ont développé depuis quelques années le mécénat d’entreprises, mais même en accentuant dans cette direction, la pilule risque d’être dure à avaler.

“Les décisions qui viennent d’être annoncées auront des répercussions graves sur l’ensemble du tissu associatif et entrepreneurial du territoire”, dénonce ainsi l’Union syndicale des employeurs du spectacle vivant (USEP-SV).

“Il n’y a pas de rente”

“Il n’y a pas de rente, il n’y a pas un droit automatique à toucher des subventions publiques. J’ai demandé des efforts aux grandes institutions pour faire de la solidarité” a répliqué Laurent Wauquiez sur BFM Lyon.

Un argumentaire qui peut s’entendre, sauf s’il met à mal l’avenir même de certaines structures comme la Villa Gillet .

C’est ainsi que le président de la Région assure que le budget de la Culture va augmenter de… 22 % pour grimper à 72 millions d’euros, arguant que cette baisse des subventions en direction de certaines structures vise à mieux répartir les aides sur le territoire dans les secteurs ruraux.

Un écran de fumée ?

Du côté des écologistes on voit avant tout dans ces baisses, des critères politiques. On constate en effet que ce sont essentiellement les métropoles de Lyon et de Grenoble qui sont les plus touchés.

Adjointe à la Culture de la Ville de Lyon, Nathalie Perrin-Gilbert, de son côté, pointe du doigt une autre tendance du président de la Région, “celle de privilégier des projets coûteux qu’il mène seul, pour s’afficher sous forme de marketing territorial”.

Et effectivement, la Région va par exemple soutenir financièrement le nouveau et prochain festival “Inversion Fest”, organisé par une filiale de Vivendi, une multinationale française, au MatmutStadium de Gerland, les 17 et 18 juin prochains qui accueillera notamment Stromae et Orelsan, au détriment des structures locales. Ce qui évidemment interroge…

Photo (Opéra de Lyon)