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Les sociologues le savent bien : toute relance de l’économie est propice aux mouvements sociaux. C’est ce qui se passe actuellement, alors que la croissance est repartie avec un peu plus de vigueur l’année dernière (+ 2,2 % de PIB en 2017), après les soubresauts dus à la sévère crise de 2008, les oubliés de la reprise ont à juste titre fait entendre leur voix. On pouvait s’y attendre…

La reprise, on le voit bien à Lyon où les emplois se sont multipliés et où la croissance est fortement repartie, a surtout pour l’heure bénéficié aux grandes métropoles. Et ce, accentuant un phénomène de métropolisation, faisant en sorte que les plus grandes villes, branchées sur l’économie/monde grâce à leurs connexions aériennes et ferroviaire denses, accaparent une part croissante de la richesse nationale.

Et ce, au détriment des quinze millions de Français qui vivent aux franges ou loin des métropoles qu’ils ont souvent dû quitter, le prix de l’immobilier ayant flambé du fait même de cette croissance, pour s’installer dans les campagnes où la concurrence immobilière est faible.

Ce sont ces Français au chômage ou bénéficiant de faibles salaires, aux fins de mois compliquées qui sont sortis dans les rues, ronds-points et autoroutes samedi avec leur gilet jaune.

Tous les témoignages engrangés sur place convergent : alors qu’il leur apparaît que l’activité repart en France, ils ont l’impression d’être totalement laissés pour compte, abandonnés et de surcroît de ne bénéficier d’aucune considération.

Comme ils l’exprimaient dans leurs banderoles, le carburant n’a été que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de la colère. Les taxes, à l’instar non seulement de celles des carburants, mais auxquelles il faut y ajouter les contrôles techniques qui vont augmenter le 1er janvier qui les concernent directement, mais aussi les assurances, etc. Ils voient leurs dépenses contraintes augmenter année après année car ils n’ont d’autre choix que d’utiliser leur voiture.

 Quand Emmanuel Macron est arrivé à l’Elysée il avait annoncé sa volonté de pacifier la France. Ce mouvement prouve que pour ce faire, il ne faut laisser personne sur le bord de la croissance.

Un défi de taille

Le défi est de taille pour le gouvernement et sa majorité. Ce ne sont pas quelques centimes de plus ou de moins sur les carburants qui apaiseront la colère qui perdure en ce début de semaine et qui pourrait bien encore perdurer.

Il va falloir qu’Emmanuel Macron exerce le pouvoir de façon moins verticale, en associant  davantage les élus locaux et la société civile.

 Pour l’heure il n’a pas répondu favorablement à l’appel de Laurent Berger, le leader de la CFDT qui proposait une forme de Grenelle sur la transition écologique. Une proposition qui aurait pu constituer une manière habile de sortir de la crise.

Mais il est vrai qu’il aurait fallu aussi accepter que les fruits éventuels de ce Grenelle proposé soient ensuite distribués.

Le gouvernement a raison de camper sur la transition écologique, mais il lui faut l’accompagner beaucoup mieux et lui donner, non seulement du sens, mais aussi la doter d’un vrai accompagnement pour ceux qui en sont les premières victimes.

Certes, ce mouvement des « gilets jaunes » est brouillon, il n’a pas de véritables représentants, mais il s’enracine en profondeur : il pourrait bien, si le gouvernement ne réagit pas mieux, jouer le rôle du sparadrap du capitaine Haddock dont l’exécutif pourrait avoir beaucoup de mal à se défaire…