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Laurent Fiard, président du Medef Lyon-Rhône : « L’abandon du CICE, un tour de passe passe »

Laurent Fiard, le patron de Visiativ et président du Medef Lyon-Rhône était l’invité vendredi 30 juin, des « petits dej’ » de l’économie organisés par l’association France Unie de l’ancien député Marc Fraysse. Le thème : « Qu’attendent les entreprises ? » Sous entendu : au regard de la nouvelle donne politique … L’occasion de constater que le patron lyonnais oscille entre scepticisme et solides espoirs…

« Qu’on laisse les entreprises tranquilles … »

 » La première chose que les entreprises demandent aux hommes politiques : qu’on les laisse tranquilles et qu’elles puissent se développer et faire leur business !

« Je ne crois pas à la start-up Nation, mais à l’ETI Nation »

Le président Macron a une nouvelle fois évoqué lors de l’inauguration à Paris du plus important campus à start-up du monde, « la station  F », la notion de « start-up Nation ». Moi, je préfère celle de « ETI Nation ».

Je crois à la dynamique du modèle coopératif entre les entreprises. Les entreprises qui réalisent le plus de croissance sont les ETI. L’Allemagne en a trois fois plus que la France : c’est ce qui fait son succès.

Le CICE : « Pas dupe d’un effet de passe-passe »

On nous parle du CICE et du changement que nous prépare le nouveau président. Il s’agit quelque part d’un tour de passe passe, dans la mesure où le CICE a permis une baisse des charges de 40 milliards d’euros. Or la nouvelle formule que veut instaurer Emmanuel Macron ne représente qu’une baisse des charges de 34 milliards. Cela signifie en réalité, 6 milliards de charges supplémentaires, repris aux entreprises.

« Nous pouvons faire en sorte que notre pays redevienne industriel »

Nous avons réalisé des études avec des entreprises locales : avec la robotisation désormais, nos entreprises peuvent produire à des coûts au moins similaires, voire même, moindres que si elles étaient délocalisées. Nous pouvons faire en sorte que notre pays redevienne industriel, à condition qu’il se réforme. Ce que j’appelle les « 5 F » : la formation, pour qu’on puisse véritablement répondre aux besoins des entreprises ; la Fiscalité, la Flexibilité, « le Code du travail doit être revisité, mais je ne suis pas sûr que cette réforme puisse redynamiser les créations d’emploi » ; et le principal, le Financement : il faut faire en sorte que l’épargne revienne dans les entreprises.

« Le danger de la réforme du Code du Travail »

« Le danger de la réforme du Code du Travail est qu’on laisse le pouvoir aux représentants syndicaux, alors que 90 % des entreprises n’ont pas de syndicats. Si c’est le cas, ça va être ravageur pour les entreprises qui vont devoir se syndicaliser… »

 » Transformer le modèle économique « 

Nous vivons un changement profond de modèle économique. Les entreprises qui connaissent une forte croissance répondent à plusieurs critères : c’est ce que essayons d’appliquer chez Visiativ.

En premier lieu, c’est, comme disent les Américains, le « staff on demand » : il faut pouvoir utiliser le personnel en fonction des besoins. L’exemple le plus parlant est celui d’Uber qui n’a pas de salariés ou le modèle des auto-entrepreneurs.

Le deuxième critère de performance est la « plateformisation » de l’économie. L’exemple le plus parlant est Facebook qui est devenu le plus grand media du monde à coût marginal zéro. Une manière d’aller directement du chiffre d’affaires au résultat

le troisième critère de performance est la robotisation des logiciels, la capacité à exécuter des tâches de manière automatique, la simplification des processus.

Le quatrième enfin est constitué par l’engagement des collaborateurs. Ces entreprises qui connaissent des croissances à deux chiffres ont su mobiliser leurs collaborateurs. Cela passe par la mobilisation du capital humain et parallèlement au sein de l’entreprise, par une montée régulière des compétences des salariés. «