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Le dernier fabricant français de tunneliers, NFM,  basé à Villeurbanne, met définitivement la clef sous la porte

A l’heure où à cause de la crise du Covid-19 l’on ne cesse de répéter qu’il va falloir rapatrier ou maintenir des pans entiers de notre industrie dans l’Hexagone ou en Europe, l’on apprend que le dernier tunnelier de France, NFM qui est villeurbannais vient d’être mis en liquidation. Cette liquidation tient en partie à son passage dans le giron de la société chinoise qui avait rapatrié une partie des fabrications en…Chine.

Tunneling Equipment, l’ex-NFM Technologies, vient d’être mis en liquidation judiciaire, très précisément le 17 avril dernier.
On devait notamment à ce fleuron industriel hexagonal la machine qui creuse le prolongement de la ligne 14 du métro parisien et celle qui vient de terminer le tunnel de reconnaissance de la liaison ferroviaire du Lyon-Turin, nous signale notre confrère Le Moniteur qui donne cette information.

Or, le couperet vient de tomber : le tribunal de commerce a prononcé la liquidation judiciaire sans poursuite d’activité de cette société.
Ce qui acte douloureusement la disparition de l’industrie française dans le paysage de la fabrication de tunneliers, en dépit de l’engouement pour ce gigantesque engin à l’heure des grands chantiers souterrains un peu partout sur le globe. Ce qui constitue un sacré paradoxe.

Repris à la barre du tribunal de commerce de Lyon

Lors de sa liquidation, la société appartenait à la société allemande Mülhauser qui l’avait racheté à la barre du tribunal de commerce de Lyon, en décembre 2018.
Mülhauser s’était alors engagé à reprendre 80 des 130 salariés : 40 à l’usine du Creusot et 40 au siège, situé à Villeurbanne.
Mülhauser a bien tenté de remettre NFM sur les rails : pas facile pour une entreprise qui lors de la reprise avait enregistré des pertes d’une quinzaine de millions d’euros pour un chiffre d’affaires supérieur à 60 millions !

Or, cette situation pour le moins délicate qui a amené sa disparition tient à son passage dans le giron de son ancien propriétaire chinois, NHI, qui l’avait acheté en 2007.

Cet actionnaire l’avait alors engagé dans une course à la croissance effrénée qui s’était soldée par une forte hausse de son chiffre d’affaires qui était passé de 90 millions d’euros en 2011 à 165 millions en 2015.

Une course à la taille qui a eu pour résultats, un transfert d’une partie de la production en Chine, un plus grand recours à la sous-traitance et des retards de livraison…

Un poison qui in fine s’est donc révélé mortel.

Désormais, pour ses tunneliers, la France qui est engagés dans le méga-tunnel de la ligne Lyon Turin ou les nouvelles lignes de métro du Grand Paris Express, n’aura d’autre choix que de se tourner vers la Chine ou l’Allemagne…

Une reprise du site NFM du Creusot et d’un certain nombre de salariés est envisagée, mais pour fabriquer toute autre chose que des tunneliers.