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Les Ecologistes mettent fin au rêve de skyline de Gérard Collomb à la Part-Dieu, les tours prévues remplacées par des parcs publics

Les projections sur les maquettes laissaient apparaître à l’horizon de 10 à 15 ans de dix à douze tours au cœur de la Part-Dieu, complétant le Crayon, Incity, Silex2, Oxygène…, c’était avant l’arrivée d’une exécutif écologiste à la tête de la Métropole de Lyon. En bonne logique politique, en vertu de leur programme, ils ont décidé de couper les têtes des futures tours, de développer le logement social et de multiplier les espaces verts au sein du deuxième plus grand quartier d’affaires de France, après La Défense à Paris. Un virage que dénonce l’ancien maire Gérard Collomb : “Un coup dur pour l’économie lyonnaise”.

“Transformer, modifier, réviser, revisiter…” Tels sont les différents mots d’ordre de Bruno Bernard, président de la Métropole qui, en compagnie de Grégory Doucet, maire de Lyon a présenté le projet du nouvel exécutif pour la Part-Dieu.

Le changement par rapport aux projets antérieurs est radical : un vaste plan de végétalisation empiète sur les espaces que la précédente majorité avait prévu d’urbaniser. Les nombreuses tours qui se profilaient à l’horizon ne seront pas construites.

Sur l’ensemble du quartier, 100 000 m2 de constructions ont disparu dans cette nouvelle version du projet Part-Dieu. “La Part-Dieu est un quartier d’affaires et nous souhaitons qu’il devienne habité à toutes heures du jour y compris le week-end. Avec ce projet, la Part-Dieu retrouve toutes ces dimensions”, décrit ainsi Raphaël Michaud, adjoint à l’urbanisme de la ville de Lyon.

Dans le projet écologiste, le même nombre de logements (1 500) reste à construire, à la différence près que la part du social grimpe cette fois, de 25 à 45 %.

100 000 m² de surfaces constructibles disparaissent

Au total, pas moins de 100 000 m² de surfaces constructibles disparaissent, dont 85 000 m² sont constitués de bureaux.

Il s’agit au passage non pas de favoriser les grandes entreprises aptes à s’offrir les loyers élevés du quartier, mais aussi de permettre aux entreprises locales de rester ou de s’installer dans le quartier d’affaires.

Exit donc les tours : elles disparaissent au profit du développement d’espaces publics bien arborés puisque le nombre d’arbres doit être multiplié par 2,4 au cours de la mandature. De même, le nombre d’itinéraires cyclables va être multiplié par 2,1 ; l’avenue Pompidou étant notamment interdite aux voitures.

Quelques exemples, les immeubles visés à démolition entre les places Béraudier et de Milan seront remplacés par des espaces boisés. “On a gratté et on a retrouvé de la terre à la Part-Dieu”, ironise Raphaël Michaud, l’adjoint à l’urbanisme qui décrit avec gourmandise cette volonté affichée de passer de la verticalité des tours à l’horizontalité du sol végétalisé.

France Télévision rognée

Le vaste terrain où est installé France Télévision aux Cuirassiers va être rogné : les négociations ont été engagées avec l’Etat : un nouvel espace public arboré verra le jour.

Autre exemple : la rue du Bouchut va s’enrichir d’arbres en nombre, tandis que la place du Lac, là où se situe le siège de la Métropole, doublera tout bonnement de taille.

Pour redonner de la vie au quartier “trop minéral”, le projet prévoit également d’augmenter l’offre de commerces ou de services de plain-pied, le long des axes connaissant des flux piétonniers importants.

“Un coup dur pour l’économie lyonnaise”

La Part-Dieu, c’était sans doute l’un des quartiers de Lyon auquel Gérard Collomb, lorsqu’il était aux affaires, a consacré le plus de temps.

Après cette présentation de la vision écologiste de la Part-Dieu, l’ancien président de la Métropole n’a évidemment pas manqué de réagir, d’autant qu’il siège désormais sur les bancs de l’opposition.

« Nous ne sommes pas sûrs qu’au jeu de savoir qui a planté le plus d’arbres et qui a le plus végétalisé, l’ancienne majorité soit au final gagnante ! », lance d’abord Gérard Collomb.

Et d’expliquer : « Ce quartier, comme tout ce que nous avons réalisé à Lyon et dans notre agglomération, nous l’avons voulu de mixité fonctionnelle, c’est-à-dire mêlant bureaux, logements et espaces verts ».

Mais pour lui le problème est avant tout économique. « La nouvelle majorité si l’on excepte la suppression des tours qui vont hélas porter un coup très dur à l’économie lyonnaise, s’est finalement très largement inspirée de notre projet  ».

Et de détailler : « l’agrandissement de la place Béraudier » ou encore la «  la réalisation à venir de la nouvelle Cité administrative d’État », qui doit permettre « la prolongation de la place du Lac jusqu’au Crayon », sont des projets « que nous avons conçus ».

Il réfute enfin l’idée selon laquelle seuls des immeubles de bureaux ont été construits à la Part-Dieu durant son mandat. « Dans les dernières années, nous avons ainsi réalisé à peu près 26 000 m2 de logements et là encore dans une grande mixité fonctionnelle », précise-t-il.

Il entend enfin alerter sur les conséquences de la réduction de l’urbanisation du quartier. « On peut vouloir réduire de 100 000 m2 la constructibilité de la ZAC, mais évidemment le déficit n’est alors plus le même.”

Selon Bruno Bernard, l’actuel président de la Métropole, en réalité, le coût du projet pour la Métropole est de 175 millions d’euros sur l’ensemble du mandat. Le plan Part-Dieu quant à lui ne représente, selon lui, qu’un surcoût de 700 000 euros supplémentaires, par an pour les finances métropolitaines.

Une facture qui devrait être réglée en partie par les promoteurs qui verront leur participation augmenter en moyenne de 18 %, avec des charges foncières tournant autour de 25 %…

Bruno Bernard ne s’en cache pas : “Il s’agit de faire de la Part-Dieu, la locomotive de la transition écologique et sociale que nous portons…” Un quartier d’affaires, donc, qui a aussi valeur de symbole pour la nouvelle majorité.

Pour suivre l’évolution du projet : https://www.lyon-partdieu.com