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216 millions d’euros de contrats pour Poma qui rêve d’une vitrine du transport par câble à Lyon

Verra-t-on en 2016, un téléphérique menant de Décines dans le Grand Lyon, au parc de Miribel Jonage ? Pas exclu… La municipalité de l’Est lyonnais et le Sytral ont engagé des études. Le leader mondial du transport par câble Poma travaille sur cette hypothèse qui lui permettrait d’avoir enfin dans la région Rhône-Alpes, « sa » vitrine. Le chiffre d’affaires de l’entreprise grenobloise est de plus en plus tiré par le transport urbain : elle affiche une croissance à deux chiffres et un solide carnet de commande.

 Les dernières élections municipales n’ont pas fait les affaires de Poma, le leader mondial du transport par câble.

 L’entreprise grenobloise avait travaillé avec l’ancien maire, Jérôme Sturla (PS) sur un projet de téléphérique reliant sa commune au parc de Miribel Jonage : 4,7 km et quatre stations pour un budget de 50 millions d’euros. Une manière de diminuer le poids de l’automobile-17 000 voitures en moyenne chaque weed-end ensoleillé- au sein du 2ème parc péri-urbain d’Europe. Le Sytral a étudié le projet avec intérêt.

 Or, à l’instar de nombreuses communes du Grand Lyon, le maire PS a été battu par un candidat UMP, en l’occurrence, une candidate, Laurence Fautra qui a notamment fait campagne contre le Stade des lumières de Jean-Michel Aulas dont elle va néanmoins devoir gérer l’arrivée.

 Poma recherche une vitrine régionale

 Pendant sa campagne, Laurence Fautra a stigmatisé la folie des grandeurs de son concurrent et son téléphérique, préconisant en revanche, l’arrivée du métro à Décines.

 Ce projet de téléphérique, pas si onéreux que cela, va-t-il voir néanmoins le jour ? Christian Bouvier, vice-président de Poma l’espère toujours. « Nous sommes Rhônalpins, nous avons près de la moitié de nos 880 salariés dans la région et pourtant, en matière de transports urbains par câble, nous n’avons toujours pas de vitrine dans la région : étant situé non loin de l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry, ce projet constituerait pour nous une belle opportunité ! »

 Si vous avez de Poma (ex-Pomagalski), une image d’entreprise spécialisée exclusivement dans les télécabines et les téléphériques sur fond de neige, détrompez-vous.

 L’entreprise dont le siège est basé à Voreppe près de Grenoble tire une partie croissante de son chiffre d’affaires dans la mobilité urbaine par câble.

 Une croissance à deux chiffres

 En témoigne l’annonce effectuée par le Groupe Poma à Grenoble lors du salon « Montain Planet», le nouveau nom de l’ex-Salon de l’Aménagement de la Montagne. Son carnet de commandes 2014 s’établit à 216 millions d’euros. A mettre en regard avec son chiffre d’affaires 2013 qui devrait avoisiner les 260 millions d’euros « avec une croissance à deux chiffres », se félicite Christian Bouvier .

 Poma a signé de nombreux contrats, notamment dans des pays émergents : un important système urbain de télécabine-téléphérique, à Tizi-Ouzou en Kabylie ; de nouvelles télécabines 8/10 places d’un Métro-Câbles, à Medellin, en Colombie.

 A Miami, la société isèroise a gagné la construction d’un mini-métro reliant le Terminal E à son satellite, au sein de l’aéroport de Floride.

 Et ce, parallèlement à l’équipement de télécabines et de télésièges au sein de pays émergents à l’instar de la Chine où Poma va équiper de nouvelles stations de ski, à Mountiangling et à Chongli.

 Dernière innovation : une cabine utilisant la pile à combustible

 Sur leur stand du salon « Montain Plaet », les dirigeants de Poma ont également présenté leur dernière innovations en date, « la cabine H2 ». Elle est basée sur la technologie de la pile à combustible sur laquelle travaillent de nombreuses entreprises de la région grenobloise où une véritable filière hydrogène est en train de se mettre en place.

 Chaque cabine est autonome : elle embarque une pile à combustible alimentée par de l’hydrogène, couplée à une batterie lithium-ion. Avantage : aucun gaz à effet de serre.

La législation française pas du tout favorable au transport par câble en ville

 Christian Bouvier, le vice-président de Poma aura-t-il l’occasion de tester à Lyon, ou ailleurs en France cette nouvelle technologie ? Il n’en est pas sûr du tout, car la législation n’est pas pour l’heure favorable.

 « Pourquoi avons-nous pu équiper nos stations de skis en France en télécabines ? Grâce à la Loi Montagne qui nous a permis de survoler avec nos télécabines les terrains privés. Or, en ville, pour l’instant c’est impossible : le code de l’urbanisme souffre d’un vide administratif : n’importe quel riverain plus ou moins proche peut à l’heure actuelle monter une association et attaquer un projet de téléphérique urbain avec de bonnes chances de réussir », s’enflamme Christian Bouvier.

 Un projet de loi est en préparation. Il est en attente à l’Assemblée nationale. « S’il n’est pas adopté par le Parlement avec l’aval du Gouvernement actuel, nous ne pourrons lancer aucun projet urbain de transport par câble en France, alors que beaucoup de communes sont demandeuses ! »

 Une bonne raison à cela, face au bus, au métro ou au tramway : le transport par câble est le moins onéreux de tous. Or, en cette période de disette budgétaire…

 Photos (DR)-Transport par câble Poma à New-York, mini-métro de Miami et le tracé du projet de téléphérique Décines/Parc de Méribel Jonage dans le Grand Lyon.