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Avec « Dock Ouest » à Lyon, Paul Bocuse se lance dans l’hôtellerie cosy

Bien sûr, Paul Bocuse qui aime surprendre, ne pouvait faire comme tout le monde en se lançant à 85 ans, pour la première fois de sa vie, dans l’hôtellerie. Non loin de l’une de ses brasseries, « l’Ouest », il vient d’inaugurer un concept assez novateur de résidence hôtelière de 43 chambres, « Dock Ouest », situé dans la moyenne gamme supérieure (3 étoiles), à prix plutôt doux, vu la qualité des prestations.

Le public visé : les cadres et les hommes d’affaires dans un quartier de Vaise plutôt dénué en matière hôtelière. Le résultat est plutôt réussi et assurément cosy.

« Nous avons été les premiers, il y a sept ans, à croire, avec Bruno Bonnell, d’Infogrames, à l’avenir du quartier de Vaise ! » Paul Bocuse, 85 ans ne manque pas de rappeler qu’avec sa brasserie, « l’Ouest » qui s’est installée dans un quartier de Vaise plutôt désert alors, en matière entrepreneuriale, il avait su anticiper le développement d’un site qui attire désormais des sociétés high tech, comme Akka, Cegid, Electronic Arts, etc.

Sept ans plus tard, il surprend encore, en innovant toujours. En compagnie de son fidèle second, Jean Fleury, le seigneur de Collonges vient de compléter son royaume (estimé à plus de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires), composé, à Lyon, du moins, du restaurant gastronomique trois macarons de Collonges, de l’Abbaye contigüe, de ses cinq brasseries et de son concept de french fast food (Ouest Express), en y ajoutant une résidence hôtelière, située à quelques encablures de sa brasserie l’Ouest : « Résidence Dock Ouest ».

Composé de 43 chambres, ce nouvel établissement hôtelier est à la fois une résidence hôtelière (on peut y séjourner une nuit, comme une semaine ou trois mois, grâce à des tarifs dégressifs dès la première semaine), mais aussi un hôtel doté d’un accueil 24 h/24 et d’une salle à manger pour les petits déjeuners.

Signé Yves Boucharlat, le même architecte que la brasserie de l’Ouest avec laquelle ce nouvel établissement hôtelier possède des similitudes voulues (béton, verre, bois rétifiés (*)), cette résidence hôtelière se veut, explique Paul Bocuse, « porteuse des valeurs du groupe : simplicité, confort, durabilité ».

Il a fait appel pour le mobilier des chambres à une valeur sûre régionale, les Meubles Roset, basés dans l’Ain, et pour les lits, à une société lyonnaise qui fait fabriquer des matelas à mémoire de forme, particulièrement confortables.

Le tout est à la fois sobre et cosy. Pourtant, malgré le classement en trois étoiles, les tarifs restent doux : 90 euros la nuit en semaine pour une chambre standard (70 euros le week-end), 130 euros pour la grande suite de 41 m2 (il n’y en a qu’une) qui possède une terrasse de 50 m2 donnant sur la Saône. On le voit, ce ne sont pas des tarifs de palace.

Pourtant, l’investissement apparaît élevé puisqu’il s’affiche à 5 millions d’euros, foncier compris. En fait, la résidence hôtelière qui se déploie sur trois niveaux et possède une superficie de 2 000 m2, se situe dans un ensemble immobilier de 3 000 m2, appartenant également à Paul Bocuse et Jean Fleury où l’on trouve également des bureaux, une supérette et un coiffeur, ce qui a permis aux deux investisseurs de mutualiser le coût de l’hôtel.

Paul Bocuse a choisi Isabelle Thomas, une professionnelle lyonnaise qui a tenu pendant seize ans l’hôtel Phénix dans le Vieux Lyon, pour prendre les rênes de cet établissement qui vise une clientèle de cadres et d’hommes d’affaires. D’ores et déjà, d’ailleurs, les réservations vont bon train.

A la question de savoir, si après avoir mis au point ce concept d’hôtel résidence cosy à prix abordables, Paul Bocuse envisage de créer, à l’instar de ses brasseries, une chaîne régionale ou nationale, il s’en tire avec une pirouette : « D’ici vingt ans, peut-être ! »

En attendant, il prépare son prochain projet, en l’occurrence la création d’un restaurant au sein du futur Stade des Lumières de l’OL à Décines.

(*) Découvert par un professeur de l’Ecole des Mines de Saint-Etienne, le bois rétifié subi un traitement à haute température (240 degrés) dans des fours spéciaux, sans oxygène, ce qui lui confère de nombreuses propriétés. Il ne nécessite notamment aucun entretien.

Photo : Mathieu Cellard