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CCI de Lyon : freiner la spirale infernale des faillites

Même si elles ont été en baisse de 3 %, l’année dernière, les liquidations judiciaires prédominent largement face aux redressements ou aux sauvegardes. Ce qui signifie des milliers d’emplois supprimés après le passage devant le tribunal de commerce. En collaboration avec de nombreux partenaires dont ce même tribunal de commerce, la CCI de Lyon lance le dispositif REPI qui vise une prévention beaucoup plus en amont. Mais sera-t-elle efficace ?

Lorsque Philippe Grillot était président du tribunal de commerce de Lyon, au cœur de la machine à dépôts de bilan, il en rêvait. Devenu président de la CCI de Lyon, il l’a fait.

 Un rêve qui risque de se briser sur la réalité ? Reste qu’au regard des chiffres, s’il est nécessaire d’accompagner les start-up, il serait tout aussi judicieux-l’un n’empêchant pas l’autre- de diminuer le taux assez affolant de liquidations judiciaires.

 En moyenne en France, 60 000 entreprises sont contraintes chaque année au dépôt de bilan, soit trois fois plus qu’il y a dix ans. Vingt mille contrats de travail sont rompus représentants 100 milliards d’euros de pertes.

A Lyon, en 2011, le Tribunal de Commerce a prononcé, 1 260 liquidations judiciaires pour seulement 208 redressements et 25 sauvegardes. Cela signifie que 85 % des dépôts de bilan aboutissent à la disparition de l’entreprise. Ces faillites ont concerné 5 216 salariés l’année dernière, soit l’équivalent des effectifs de ce que l’on appelle désormais une grosse ETI : Entreprise de Taille Intermédiaire.

 Or, tous ceux qui, comme Philippe Grillot ont approché de très près la justice consulaire, savent que la seule façon de sauver plus d’emplois est d’amener le chef d’entreprise à frapper à la porte du Tribunal, bien en amont, dès le début de ses problèmes, avant qu’il ne soit trop tard. Or, on le sait, ces mêmes chefs d’entreprises ne se résolvent à cette dernière extrémité, qu’une fois le révolver sur la tempe, lorsqu’ils sont en cessation de paiement : il est souvent trop tard.

 Les procédures de sauvegarde qui avaient été mise en place par les tribunaux de commerce pour pallier ce problème n’ont pas répondu aux espoirs mises en elles. On le voit à Lyon, seules 25 ont été mises en œuvre l’année dernière.

 Philippe Grillot pense non pas avoir « la » solution, mais une solution qui serait susceptible de diminuer le nombre inquiétant des faillites : REPI. Sous cet acronyme (Relais, Ecoute, Prévention, Information), se trouve un lieu d’écoute situé à la CCI de Lyon, donc en dehors des murs du tribunal de commerce naturellement traumatisant où, bien en amont de leurs difficultés, les chefs d’entreprises pourront trouver des oreilles attentives et compétentes : des alter ego, tous d’anciens juges du tribunal de commerce et chefs d’entreprises, formés spécialement pour accompagner de la sorte les chefs d’entreprise et leur proposer des solutions.

 Pour mettre en place ce dispositif REPI, le président de la CCI de Lyon a pu mettre tout le monde autour de la table, à commencer, bien sûr par le tribunal de commerce de Lyon, mais aussi les experts comptables, les commissaires aux comptes, les notaires, les avocats et les représentants de la Chambre de Métiers du Rhône, laquelle a par ailleurs réussi avec succès à développer depuis plusieurs années un tel dispositif pour ses seuls ressortissants artisans.

 Tous ont signé une convention dans laquelle ils s’engagent à à anticiper et détecter les difficultés des dirigeants d’entreprises qu’ils cotoient chaque jour dans l’exercice de leur profession.

 La CCI de Lyon, comme la Chambre de Métiers du Rhône deviennent ainsi les « portes d’entrée » de ce dispositif. Qui intervient, précise Philippe Grillot et c’est ce qui fait son originalité, « avant tout processus judiciaire. »

 Il s’agit donc d’un lieu de conseil et d’aiguillage effectué dans la plus totale discrétion, qui devrait donc beaucoup moins effaroucher les chefs d’entreprise que le Tribunal de Commerce.

 La réussite du dispositif dépendra de la capacité des différents partenaires à aiguiller dans les temps les chefs d’entreprises confrontés à des difficultés et à l’information qui sera plus largement faite autour de ce dispositif, pour l’heure, unique en France. Pour ce faire, un numéro vert a été mis en place : 0811 65 04 99.

 Photo (DL)Les partenaires du dispositif REPI : Autour de Philippe Grillot, président de la CCI de Lyon ; Yves Chavent, président du Tribunal de Commerce de Lyon ; Philippe Meysonnier, Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du barreau de Lyon ; Isabelle Siaux, présidente de l’Ordre des experts-comptables Rhône-Alpes ; Anne Ponsoye, représentante de la Chambre de Métiers du Rhône ; Jean-François Prohaszka, président de la Chambres des Notaires du Rhône et Jean-François Mallen, président de la Compagnie régionale des commissaires aux comptes de Lyon.