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Cité de la gastronomie : le projet défendu par Gérard Collomb reconfigure profondément l’Hôtel-Dieu

Exit Versailles. Seules cinq villes ont en définitive défendu leur dossier de Cité de la gastronomie, lundi 15 octobre, devant le jury de la Mission française du patrimoine et des cultures culinaires. Gérard Collomb a réussi à convaincre Eiffage de mettre au pot et pour l’emporter, il a présenté un projet modifiant en profondeur l’Hôtel-Dieu 2016 qui serait en grande partie dévolu à la gastronomie.

Lors de la présentation du projet de transformation de l’Hôtel-Dieu en février dernier, Albert Constantin, l’architecte avait dessiné un nouvel et immense espace, aussi grand que la place des Terreaux accueillant, d’ici 2015/2016, outre un hôtel Intercontinental de cinq étoiles luxe, pas moins d’une quarantaine de boutiques moyenne gamme, ainsi que des bureaux, un espace de congrès et un musée de la Santé.

Aucun thème particulier n’avait été alors mis en évidence, tous les styles de commerce devant être alors représentés. Ce n’est plus le cas.

Depuis la présentation du projet lyonnais de Cité de la gastronomie devant le jury réuni lundi 15 octobre à Paris, on sait que l’Hôtel-Dieu dans sa future version 2015/2016 aura une forte thématique gastronomique. Il accueillera un grand marché en son sein, les arts de la table seront fort représentés, de nombreuses boutiques seront dévolues à la gastronomie et aux arts de la table. Même le musée de la santé, destiné à accompagner le nouveau cœur de la vie lyonnaise, sera pour une grande part consacré à la santé/nutrition. Sans oublier les sept restaurants, mais ils étaient programmés, eux, dès l’origine.

Tel a été, du moins, le dossier défendu par le maire de Lyon, présent face au jury de la Mission française du patrimoine et des culture culinaire (MFPCA), en compagnie de la délégation lyonnaise composée de l’architecte Albert Constantin, du chef trois fois étoilé Régis Marcon et du patron d’Eiffage Construction, Bernard Vitiello

Face à cette délégation, le jury était composé de plusieurs personnalités dont l’universitaire Jean-Robert Pitte, géographe, président de la Sorbonne, Luc Guyau, l’ancien patron du syndicat agricole FNSEA et Pierre Sanner, directeur de la MFPCA. Les ministères de la Culture et de l’Agriculture étaient également représentés.

Eiffage Construction participera in fine aux trois quarts du financement

Restait pour Gérard Collomb à évoquer la question du financement du projet. On sait qu’au départ le maire de Lyon était très réticent à investir le moindre euro de ressources publiques sur un tel dossier estimé à près de 20 millions d’euros.

Il ne pouvait cependant pas arriver les mains vides Plus solide qu’escompté, le dossier lyonnais était in fine financièrement bouclé. Gérard Collomb avait entre-temps réussi à tordre le bras du patron d’Eiffage Construction, le promoteur de l’Hôte-Dieu new look, pour l’amener à participer aux trois quarts du coût de la future Cité de la gastronomie. Fermez le ban !

Ce qui a mené Gérard Collomb, plutôt confiant, à déclarer à la sortie de la salle où se tenait le jury : «Notre sentiment, c’est que ça s’est plutôt bien passé…»

Tout est cependant loin d’être gagné. La Mission remettra dans les jours qui viennent aux ministres de la Culture et de l’Agriculture son rapport d’analyse» des candidatures. Le nom du lauréat au label « Cité de la gastronomie » ne sera pas connu avant la fin de l’année.

Pour estimer les chances lyonnaises, il faut comparer le dossier lyonnais avec ceux de ses trois principaux concurrents et portés pour deux d’entre eux par des maires également socialistes :Jean Germain et François Rebsamen, respectivement premiers magistrats de Tours et Dijon ; mais aussi avec celui de Beaune, Alain Suguenot (Droite).

Tours, Dijon et Beaune : des projets très lourds

Tous trois ont présenté des projets financièrement très lourds, dont on n’est pas sûr du côté de la délégation lyonnaise qu’ils puissent être intégralement financés…

Ainsi Beaune qui s’appuie sur les étoilés Michelin, le Relais Bernard Loiseau et Lameloise a porté un projet s’établissant à 80 millions d’euros destiné à prendre place sur un terrain municipal de 20 hectares. Il prévoit restaurants, marchés et un atelier des sens, à côté du palais des congrès et de la future cité des vins de Bourgogne.

A Tours, la facture s’établit à 35 millions d’euros. Jean Germain revendique d’avoir soutenu dès 2006 la candidature française à l’inscription du Repas des Français au patrimoine mondial. L’idée est née à l’Institut européen d’histoire et des cultures de l’alimentation de l’université (IEHCA).

Enfin Dijon porte la facture à 55 millions d’euros tout en s’assurant de soutiens politiques, notamment du ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, et de l’approbation de son opposition municipale. La ville veut reconvertir le site de l’ancien hôpital général, en partie classé Monuments historique en mariant des commerces des métiers de bouche et des structures de formation et de recherche. Le dossier sans doute le plus affûté.

Il faut y ajouter la commune de Chevilly-Larue qui en fait, s’est alliée au marché de Rungis pour constituer le pôle agro-alimentaire du Grand Paris. Le dossier le plus léger, semble-t-il.

Ce passage devant le jury a amené une surprise : un candidat ne s’est pas présenté : la ville de Versailles n’a pas donné ,suite à l’initiative d’un conseiller général qui voulait monter un dossier et a stoppé le projet vu le coût du fonctionnement : 20 millions d’euros.

Qui l’emportera alors pour devenir la « Cité de la gastronomie » au plan national ? Malgré un démarrage laborieux, Gérard Collomb a su négocier habilement les virages pour présenter un projet tenant finalement la route.

A ce point du dossier et vu la mobilisation des professionnels et des Lyonnais qui est montée crescendo, il est probable que quelque soit la ville choisie, un projet autour de la gastronomie verra malgré tout le jour à Lyon à l’Hôtel-Dieu. Mais ce serait tout de même mieux avec un beau label officiel…

IllustrationDès l’origine, le projet de nouvel Hôtel-Dieu prévoyait sept restaurants…