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« Entreprises, vous  pouvez gagner de l’argent avec vos déchets ! »

Trente mille euros d’économie par an chez Duc et Preneuf  à Brignais dans le Rhône,  une diminution par cinq de la facture de traitement des déchets chez Exsto dans la Drôme : les entreprises commencent à se pencher sur les vrais coûts de leurs déchets, avec, à la clef, des possibilités de productivité. Menant des opérations vitrines, l’Ademe Rhône-Alpes tente avec un certain succès d’accélérer la prise de conscience des dirigeants d’entreprise.

 Si on s’est beaucoup penché ces dernières années sur les déchets ménagers, cela n’a pas été le cas pour ceux, aussi importants, émanant des entreprises.

À telle enseigne que le sujet n’avait même pas été prévu au programme du Grenelle de l’environnement il y a cinq ans, avant que sous la pression l’on se ravise !

In extremis, un plan doté d’un budget de 200 millions d’euros à pu néanmoins être lancé, mais il s’en est fallu de peu.

L’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) s’est lancé  à cet égard dans l’évangélisation des entreprises avec ce slogan basé sur les expériences passées, en tenant ce langage aux entreprises : vous pouvez minorer fortement le coût de vos déchets car souvent sans le savoir, vous disposez d’un gisement de productivité important.

Bien évidemment avant ce retour sur investissement, il peut être nécessaire pour l’entreprise de mettre au pot, mais à l’arrivée, au vu des expériences passées, elle s’y retrouve largement.

Pour amener les PME, à prendre conscience de ce gisement,  l’Ademe a lancé en 2011,  un appel à projets, s’engageant à prendre à sa charge une partie des coûts de l’étude nécessaire, menée par un cabinet spécialisé.

 Quatorze entreprises sélectionnées

Une soixantaine d’entreprises a répondu à cet appel, quatorze ont été in fine sélectionnées pour mener à bien cette expérience, dont bioMérieux, MND Group qui vient d’annoncer son introduction en Bourse, SKF ou l’Opéra de Lyon !

Par exemple, Duc et Preneuf, une société de Brignais (Rhône), spécialisée dans la création et l’entretien d’espaces verts (51 salariés, pour 5,9 millions d’euros de chiffre d’affaires) a, dans le cadre de ce programme, réussi à diminuer de 30 000 euros par an son coût annuel de gestion des déchets s’établissant avant cette opération à 43 000 euros, via différentes actions et en ne faisant plus appel à un sous-traitant, mais en mettant en place se propre plateforme de compostage. Ce qui lui évite désormais d’acheter du compost et lui permet de valoriser des terres stériles. Forte de ce premier succès, elle travaille désormais à un projet innovant de lombricompostage à échelle industrielle.

Dans un domaine très différent, la plasturgie, la société drômoise Exsto (30 salariés pour 7 millions d’euros de chiffre d’affaires) a réussi à réduire de plus de 20 % le coût de ses déchets (soit 8 000 euros de gain), en réduisant simplement les quantités générées par la production thermoplastique et en valorisant financièrement les plastiques auprès d’un transformateur. « Une division par cinq de notre facture de traitement de nos déchets », se félicite Coline Turcan, responsable de ce projet chez Exsto.

 Quelle méthodologie pour arriver à ces fins ? Pour permettre aux entreprises d’appréhender le coût réel de leurs déchets, l’Ademe dispose d’un outil analytique, la méthode MFCA (Material Flow Cost Accouting) qui permet d’identifier et de quantifier précisément les coût des pertes matières et de leur transformation dans l’entreprise.

 Un coût de production des déchets 3 à…181 fois plus important qu’escompté !

 Nordine Boudjelida , le directeur de l’Ademe Rhône-Alpes confirme :  » les dix entreprises qui ont testé cette méthode dans le cadre d’une étude de l’Ademe, ont pu constater que le coût de production des déchets est, selon les cas, de 3 à…181 fois plus élevé que le coût de leur gestion ! ».

Un nouvel appel à projet concernant cette fois une vingtaine d’entreprises va être lancé d’ici la fin de cette année..

À cet égard, à l’Ademe, on estime qu’il faudra se pencher sur cette question filière par filière et que la création de centres de traitement des déchets pour certaines d’entre elles pourrait bien s’avérer nécessaire. «  Avec une approche à la fois filière et territoriale, nous pourrions créer une boucle vertueuse, ce que l’on appelle l’économie circulaire, source d’économies pour les entreprises, mais aussi susceptible de créer de nouveaux emplois », assure Nordine Boudjelida.

 Photo (Ademe)Sur son site de La Balme en Isère, l’entreprise bioMérieux expérimente la collecte et la transformation des déchets alimentaires de sa cantine. Sa production de compost est utilisée pour les espaces verts de l’établissement.