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La consommation électrique a plongé de 14 % en Rhône-Alpes l’année dernière

Il n’y a pas que l’essence ou le diesel dont la consommation baisse pour la première fois. Il en a été de même l’année dernière pour la consommation électrique en Rhône-Alpes. Avec une ampleur inattendue : – 14 % ! Les explications tiennent à la fois à la douceur du climat, mais aussi à l’économie. Certains industriels gros consommateurs d’énergie diminuent fortement leur consommation. Un phénomène totalement nouveau que RTE (Réseau de Transport d’Electricité) tient à relativiser. Pour cette filiale d’EDF, l’avenir n’est pas à la baisse, mais au ralentissement de la hausse. Nuance…

La dernière fois que la consommation d’électricité avait baissé en Rhône-Alpes, c’était en 2009 : la conséquence directe de la crise des subprimes. La région Rhône-Alpes avait alors consommé un Tétrawatt/heure en moins.

C’est la raison pour laquelle la baisse enregistrée l’année dernière, dix fois plus importante, de près de 10 Tétrawatts fait s’écarquiller les yeux. La crise ne s’est faite sentir qu’en fin d’année. Et pourtant, la chute apparaît vertigineuse : – 14 % ! Une première.

Il faut sans doute y lire deux des défis auquel notre planète est confrontée : le réchauffement climatique et de nouveaux paradigmes économiques.

Pour Christian Guilloux, directeur de RTE (Réseau de Transport d’Electricité) Rhône-Alpes, la raison première de ce plongeon tient « à l’impact des conditions météorologiques, l’année 2011 se révélant la plus chaude depuis…1900 ». Les témpératures ont été en moyenne supérieures de 0,5 degrè Centigrade aux moyennes de référence.

L’autre raison est économique. De gros consommateurs d’électricité, à l’instar des usines d’enrichissement de l’uranium basées sur le territoire régional qui ont changé de procédés et ont donc nettement moins consommé.

Moins d’électricité consommée par les particuliers comme par les entreprises, cela signifierait, alors qu’il faudrait mettre la pédale douce sur les programmes d’investissements futurs, à commencer par les deux EPR, les centrales nucléaires de nouvelle génération annoncées…

Christian Guilloux relativise : « Certes, cette baisse est importante, mais toutefois, corrigée de ces deux aléas, le climat et l’enrichissement de l’uranium, la consommation régionale augmente tout de même de 2 % .» « Mieux, même-ajoute-t-il-on a observé une augmentation de la consommation de la grande industrie de 4 % .»

Décidément riche d’enseignements, cette année 2012 a également vu la production d’électricité régionale régresser de 3,6 %. Cette baisse de tension ne provient pas des centrales nucléaires, nombreuses et qui au contraire n’ont jamais aussi bien tourné (+ 2 %), mais de la conséquence, là encore du réchauffement climatique avec un recul étonnant de la production hydro-électrique de 23 % !

2011 a été une des années les plus sèches de ces cinquantes dernières années. Or, Rhône-Alpes, avec une part de 19 % d’électricité issue des barrages, est la région qui produit en France le plus d’électricité hydro-électrique.

Et cette tendance n’a pu être qu’en partie compensée par l’arrivée sur le réseau de l’électricité éolienne et photovoltaïque, dont la production s’est révélée en hausse de 18,4 %. Celle-ci ne représente cependant encore que 0,9 % du total de l’électricité produite dans la région où le nucléaire prime : 78,4 % de l’ensemble de la production rhônalpine.

Côté éolien, la ferme des « Sources de la Loire » a été connectée l’année dernière (+ 18 MW), tandis que côté photovoltaïque, les fermes de Montéléger dans la Drôme (8 MW) et de Saint-Hilaire-du-Rosier en Isére (4,5 MW) ont été branchées au réseau. Ce qui a notamment permis de faire passer la production photovoltaïque régionale de 68 Gwh en 2010 à 167 GWh l’année dernière. Plus qu’un doublement.

Cette double baisse de la consommation et de la production n’empêche pas RTE, filiale à 100 % d’EDF, d’investir. A très haute dose, même. De 157 millions d’euros, ses investissements vont passer cette année à 176 millions d’euros.

Il s’agit notamment pour elle d’accentuer l’interconnection avec deux de nos proches voisins : l’Espagne et l’Italie, afin de favoriser les échanges et permettre de mieux répondre aux périodes de pointe, jamais autant accentuées. Heureusement lesdites périodes de pointe ne se situent pas aux mêmes heures selont les pays. Pratique.

Il s’agit aussi pour RTE de raccorder les nouveaux moyens de production d’électricité que sont l’éolien et le photovoltaïque qui, en vertu du Grenelle de l’Environnement, sont destinés à se développer de manière importante.

Quatre lignes de 400 000 volts vont ainsi être changées dans la vallée du Rhône. Une autre ligne très haute tension va être tirée entre Montmélian, la Maurienne et Turin, en empruntant le nouveau tunnel de secours en cours de construction dans le Fréjus.

Des investissements qui à l’arrivée se retrouveront sur votre facture l’électricité, le transport, on l’oublie, représentant 10 % du coût global d’une énergie de plus en plus chère…

Photo (RTE) : Parmi les investissements programmés cette année, celui d’un nouveau poste à La Confluence et donc adapté à ce nouvel éco-quartier de Lyon, via sa végétalisation spectaculaire pour ce type d’équipement.