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Pour pallier le problème de la résistance aux antibiotiques : la biotech lyonnaise Nosopharm lève 2,4 millions d’euros

L’un des plus gros problèmes de santé auquel est confronté notre planète est la résistance grandissante des bactéries aux antibiotiques. Cette résistance provoque chaque année 25 000 décès directs et bien d’autres à l’avenir, si rien n’est fait !

 Une start-up lyonnaise du secteur des biotech, Nosopharm, s’est attaqué à cette question désormais cruciale en développant de nouveaux médicaments anti-infectieux susceptibles de remplacer les antibiotiques.

Elle vient de procéder à un tour de table de 2,4 millions d’euros.

A cette occasion, Auriga Partners, Kreaxi et Alto Invest rejoignent les actionnaires historiques de la société.

Essais cliniques en 2019

 Les fonds levés permettront à Nosopharm d’accélérer le développement préclinique réglementaire de sa première molécule antibiotique, NOSO-95179, qui cible les Enterobacteriaceae, une des bactéries pathogènes prioritaires selon l’OMS. Les premiers essais cliniques chez l’homme devraient démarrer courant 2019.

« Grâce à ce tour de table, nous disposons désormais des fonds nécessaires à la finalisation de notre programme préclinique de NOSO-95179 et au lancement de nouveaux programmes de R&D en médicaments anti-infectieux. Nous déposerons une demande d’autorisation d’IND ou IMPD en 2018 pour NOSO-95179 en vue d’une première administration chez l’homme en 2019. Nous déposerons aussi de nouvelles demandes de brevets couvrant de nouvelles classes thérapeutiques anti-infectieuses d’ici fin 2018 », se félicite Philippe Villain-Guillot, président de Nosopharm.

« La résistance aux antibiotiques, conséquence d’un manque d’innovation depuis plusieurs années dans ce domaine, est un phénomène en plein essor. C’est pourquoi l’approche de rupture proposée par l’équipe de Nosopharm nous a séduits », précise Gwenaël Hamon, directeur de participations d’un des investisseurs, Kreaxi (1).

Cofondée à Nîmes par Philippe Villain-Guillot et Maxime Gualtieri, Nosopharm s’est installée il y a un an à Lyon pour bénéficier de l’écosystème lyonnais en infectiologie, ce qui illustre l’intérêt des collaborations interrégionales. Elle conserve son laboratoire de Recherche&Développement à Nîmes.

Fondée en 2009, Nosopharm s’appuie sur une équipe de sept personnes. A ce jour, la société a levé 4,2 millions d’euros en capital privé et a reçu 1,9 million d’euros de subvention de l’IMI, de la DGA, de Bpifrance, de la région Languedoc-Roussillon et du FEDER.

Chaque année en Europe, les pathogènes hospitaliers multi-résistants aux antibiotiques sont responsables d’au moins 380 000 infections et de 25 000 décès directs.

La résistance aux antibiotiques pourrait tuer à terme 10 millions de personnes

Le traitement annuel et les coûts sociaux sont estimés à 1,5 milliard d’euros. Au niveau mondial, la résistance aux antibiotiques pourrait tuer 10 millions de personnes dans le monde chaque année d’ici à 2050, pour un coût total de 94 trillions d’euros.

En février 2017, l’OMS a publié une liste de bactéries pathogènes prioritaires pour le développement de nouveaux antibiotiques.

Les Enterobacteriaceae occupent le haut de cette liste, avec un niveau de priorité critique. En 2015, les taux de résistance combinée aux céphalosporines, aux aminoglycosides et aux fluoroquinolones chez les Enterobacteriaceae Escherichia coli et Klebsiella pneumoniae étaient respectivement de 5 % et de 19 % en Europe. Pour K. pneumoniae, le taux de résistance aux carbapénèmes, les antibiotiques de dernier recours, était de 8 %, avec une tendance à la hausse.

 NOSO-95179 est la molécule la plus avancée du portefeuille de Nosopharm, mais la société lancera également d’autres programmes de recherche amont dans le domaine des maladies infectieuses, à partir de sa plateforme biotechnologique anti-infectieuse.

(1) Kreaxi : Né du rapprochement entre Rhône-Alpes Création et Banexi Ventures Partners, KreaxiI est l’un des leaders français en Capital Risque, totalisant plus de 500 millions d’euros de fonds levés auprès d’investisseurs publics et privés.
Lancée en 1989, l’activité régionale de Kreaxi (Kreaxi Région) a accompagné plus de 260 entreprises en intervenant au capital de jeunes sociétés rhônalpines afin de financer leurs premières phases de développement. Dotée de 69 millions d’euros de fonds sous gestion grâce au soutien de la Région Rhône-Alpes, de Bpifrance, des banques de la place régionale, et de groupes industriels, Kreaxi Région occupe une position importante dans le financement des étapes d’amorçage et de création. Elle gère un portefeuille d’une cinquantaine de participations au travers de ses trois fonds (RAC I, RAC II et R2V), avec une équipe active de neuf personnes.