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Recalé à l’Idex : 1,22 milliard vont-ils passer sous le nez de l’Université de Lyon ?

A la surprise générale, le PRES Université de Lyon a été recalé lors de la première phase de sélection des « Initiatives d’Excellence » (Idex) dans le cadre du Grand Emprunt. Seules les Universités de Bordeaux, Paris Sciences et Lettres et Strasbourg ont été désignées au premier tour par un jury international. Trois raisons pourraient expliquer ce ratage. Le fait que Lyon et Grenoble étaient concurrents sur cet appel d’offres, alors qu’une réunion des deux dossiers aurait offert une meilleure garantie ; la gouvernance future du projet jugée encore trop floue ; et les relations entre la recherche académique et les entreprises estimées encore trop faibles. Tout n’est pas perdu, il reste un second tour, mais ce sera difficile…

Lyon a -t-il péché par une confiance excessive ? Michel Lussault, président du PRES-Université de Lyon qui regroupe Universités et Grandes Ecoles de Lyon et Saint-Etienne a accusé le coup, ne cachant pas son dépit.

Il y a de quoi. Le PRES vient de rater la marche de l’Idex (Institut d’excellence), qui vise à créer en France dix à douze Universités de niveau mondial et vient de ce fait de passer à côté de 1,22 milliard d’euros, la somme dévolue à chacun des Idex dans le cadre du Grand Emprunt, dans le cadre d’une dotation globale de 7,7 milliards d’euros.

Une vraie déception. Le PRES-Université de Lyon avait pourtant bâti un projet riche de soixante pages sous l’intitulé « Construire la métropole de l’innovation Lyon-Saint-Etienne ».

Il s’agissait à travers ce dossier de promouvoir le développement de l’Université de Lyon autour de quatre leviers d’actions : le développement de grands instruments (plates-formes technologiques et scientifiques), une politique d’attractivité ambitieuse fondée sur une stratégie d’accueil des meilleurs étudiants et chercheurs, un accroissement de la valorisation de la recherche ; et enfin, un développement de la qualité du doctorat.

Or, patatras, ce sont trois Universités que l’on n’attendait pas-Bordeaux,Paris Sciences et Lettres et Strasbourg-qui ont été désignées au premier tour par le jury international chargé par le Lyonnais René Ricol, Monsieur Grand Emprunt, de détecter les meilleurs projets.

Comment expliquer ce ratage ? La première raison tient sans doute au fait que René Ricol avait insisté pour que Lyon et Grenoble qui ont déposé séparément deux dossiers parlent d’une même voix. Lors d’un récent passage, en mai, à la Préfecture de Région, il avait insisté : « En Rhône-Alpes, il n’y aura qu’une Idex ».

Le mode de gouvernance de l’Idex aurait été également jugé trop flou. Il est vrai que ce n’est pas simple pour Michel Lussault de gérer 19 établissements, 120 000 étudiants et 11 500 étudiants chercheurs à Lyon et Saint-Etienne. René Ricol avait prévenu : « Il faut un chef d’équipe, le patron du PRES, par exemple et que tout le monde soit d’accord. » Or, apparemment en matière de gouvernance, le projet lyonnais a été jugé trop flou. En tout cas, le modèle développé dans le projet lyonnais, celui concernant l’évolution vers une « université fédérale » n’a pas été jugé suffisamment convaincant.

Enfin, il semblerait que le jury ait trouvé encore trop faible les relations entre la recherche académique et les entreprises qui ont pourtant beaucoup progressé ces dernières années.

Tout est-il perdu ? Non, car une seconde vague de sélection d’Idex vient de débuter. Les candidats ont jusqu’au 20 septembre pour déposer leur candidature à ce second tour et donc reformuler un nouveau projet d’Idex.

Pour l’heure, Michel Lussault, le patron du PRES, attend de recevoir les pièces du dossier, en l’occurrence l’évaluation et les bonnes et surtout les moins bonnes notes décernées par le jury international au projet lyonnais. Pour savoir où porter les améliorations. Si le PRES décide de présenter à nouveau sa candidature, ce qui semble se dessiner, l’été sera à coup sûr studieux. Il ne reste que deux mois pour revoir la copie de fond en comble. Et emporter, cette fois, le morceau. Difficile, mais l’enjeu en vaut la peine.

Photo (DR) : Michel Lussault, président du PRES-Université de Lyon a accusé le coup.