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Via le Net, la Nef lance un mode de financement original pour les TPE et les PME rhônalpines

Le moment est sans doute bien choisi. A l’heure où le sort de SeaFrance remet en lumière le mouvement coopératif, la Nef, la banque des SCOP basée à Vaulx-en-Velin, annonce le lancement d’un dispositif de financement participatif pour les TPE et les PME de Rhône-Alpes. Cette initiative est accompagnée de la création d’une plate-forme Internet de mise en relation des emprunteurs et des déposants, avec l’objectif de mobiliser dès l’année prochaine 500 000 euros. Si tout se passe bien, en 2013, le dispositif a vocation à être élargi à l’échelle nationale, avec un objectif de collecte de 1,4 million d’euros d’épargne.

Dans l’intitulé du nouveau mode de financement que vient de lancer la Nef, la banque du monde coopératif, le vocable « participatif » a toute son importance.

Ce mode de financement à destination des TPE ou PME de la région Rhône-Alpes, qu’elles appartiennent ou non au mouvement coopératif, vise en effet la mise en relation directe entre les déposants et les emprunteurs.

Un portail Internet spécifique conçue par la société Xépic, un prestataire lyonnais, avec le soutien du Conseil régional de Rhône-Alpes dont on connaît les sympathies pour l’économie sociale et solidaire, a été créé.

« Cette plate-forme donne la possibilité aux porteurs de projet de présenter leur demande de financement directement sur le Web selon un déroulé très simple. Une fois le projet validé, lorsqu’il est considéré comme viable, nous le proposons ensuite à nos épargnants», détaille Jean-Marc de Boni, président du directoire de la Nef. Il s’agit, dans ce cadre, de répondre à des besoins de financement situés en 3 000 et 15 000 euros.

Les épargnants auront la possibilité d’orienter leur épargne vers des opérations qu’ils auront eux-mêmes choisies en précisant s’ils sont prêts à apporter une garantie de 25 % ou davantage.

Ils s’exposent certes à perdre une partie de leur mise, en cas de défaillance de la TPE ou de la PME, mais ce partage de risque recèle le grand avantage de permettre à la banque de réduire le taux des prêts concernés (actuellement, entre 4,25 et 4,75 %).

«Je préfère que dix ou quinze personnes misent 1 000 euros chacune plutôt qu’une seule 10 000 euros. Cela voudra dire que le projet suscite l’intérêt et qu’il se crée une chaîne humaine », s’enthousiasme Jean-Marc de Boni.

L’initiative sera d’abord testée dans la région Rhône-Alpes. En cas de réussite, elle devrait être étendue, dès 2013, à l’ensemble de l’Hexagone, couverture géographique de la banque des SCOP dont le siège est basé dans le nouvel immeuble Woopa, un bâtiment tertiaire sensé produire plus d’énergie qu’il n’en consomme, à Vaulx-en-Velin.

La Nef prévoit cette année de mobiliser 500 000 euros d’épargne sur le financement des projets rhônalpins. Elle estime ensuite être en capacité de collecter plus d’1,4 million d’euros d’épargne chaque année à l’échelon national, ce qui permettrait le financement d’une centaine de projets.

« Notre nouveau dispositif a pour avantage de partir du territoire et de servir le territoire : il a pour objectif de relocaliser l’épargne en permettant aux citoyens d’être impliqués directement dans le financement des TPE et des PME de leur territoire », décrit Léo Miranda, coordinateur de projets à la Nef.

Quatre demandes de financement sont déjà dans les tuyaux, dont l’une concernant une association grenobloise spécialisée dans la danse, équipant les salles de matériel et une autre développant la distribution de paniers bio : elle a besoin de se doter d’un camion de livraison.

Encore peu connue, la Nef qui a été fondé en 1988, compte une soixantaine de salariés. Cet établissement financier qui s’est donné pour rôle de « redonner du sens à l’épargne », ne cesse, dans la conjoncture actuelle, de se développer. Il compte chaque année de 200 à 300 sociétaires de plus, soit au total, 30 000 à ce jour.

La Nef a affiché en 2011, un encours total de crédits de 85 millions euros (contre 74 millions en 2010) et un produit net bancaire de l’ordre de 6 millions (contre 5,3 millions en 2010). A 16 %, son ratio de solvabilité est nettement supérieur aux normes prudentielles en vigueur, ce qui, il est vrai, dans la période actuelle, n’est pas un luxe…

Photo (DL) : Jean-Marc de Boni, président du directoire la Nef et Léo Miranda, le coordinateur de projets de la banque des SCOP.