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Bernard Gaud, président du Medef Rhône-Alpes : « Il faut s’attendre à ce que le premier semestre 2013 soit très difficile »

Président du Medef Rhône-Alpes, Bernard Gaud est très pessimiste pour le début de l’année prochaine dont il qualifie la perspective « d’annus horribilis ». Le Medef est également prêt à discuter de la transition énergétique, mais avec un préalable : qu’elle ne pèse pas sur la compétitivité des entreprises. Un rayon de soleil néanmoins dans la grisaille générale, pour le responsable patronal : les avancées du Lyon-Turin, à la suite du Sommet de Lyon.

Comment en fonction des remontées d’informations que vous avez au Medef, s’annonce l’année 2013 sur le plan économique ?

Bernard Gaud- Le comité exécutif du Medef auquel j’appartiens s’est réuni hier et je dois dire que les propos que j’ai entendus étaient franchement alarmistes.

Il y a encore deux mois des feux verts étaient allumés : il n’y en a plus aucun ! Les feux qui étaient à l’orange sont passés au rouge. C’est le cas, par exemple du BTP, avec un recul cette année de 2 % dans les Travaux Publics et de – 3 % dans le Bâtiment. Ce qui représente déjà 1 500 emplois de perdus en Rhône-Alpes cette année et malheureusement 1 500 supplémentaires risquent d’être à nouveau supprimés l’année prochaine.

On se focalise au plan médiatique sur les 600 emplois de Florange, alors que les pertes dans les PME sont diffuses ; deux emplois, par ci, trois emplois par là. On constate une rétractation de l’emploi dans nombre de PME.

Selon vous, 2013 se présente donc très mal ?

Les chefs d’entreprises nous disent qu’ils sont frappés de voir la vitesse avec laquellle la conjoncture se dégrade. Elle est vraiment mauvaise. On pourrait même déjà parler, au moins pour le premier semestre 2013, d’annus horribilis. il faut s’attendre à ce que ce soit très difficile.

Et dans cette conjoncture pour le moins angoissante, on constate que les pouvoirs publics se lancent dans des hausses de fonctionnement qui s’annoncent considérables : RSA, contrats de génération. D’un côté, ils donnent un signe positif avec les mesures de compétitivité, on parle de la flexibilité du travail et de l’autre, nous avons droit à des signaux pour le moins contradictoires.

Le crédit d’impôt pour les entreprises n’est-il pas plutôt une bonne chose ?

Nous l’avons effectivement accueilli favorablement, mais nous attendons de voir la manière dont il va être appliqué, nous voulons en connaître les détails.

Ce que nous voulons, c’est ce que je pourrais résumer dans les trois « S » : la stabilité juridique et fiscale, la sécurité judiciaire et la simplicité. On en est loin !

L’autre question qui agite actuellement le Medef est la transition énergétique. Où en êtes vous à cet égard ?

Il ne faut pas confondre le débat sur la transition énergétique avec celui sur la transition électrique qui ne représente que 22 % du problème de l’utilisation des énergies fossiles.

Il faut bien reconnaître que dans notre pays, l’aspect majeur concerne le bâtiment.

Le second élément que nous voulons mettre en avant est celui-ci : la transition énergétique ne doit pas toucher à la compétitivité des entreprises : oui à à la transition énergétique, non à la baisse de la compétitivité. Tout le monde doit être appelé à financer.

Quand on doit procéder à l’isolation d’un bâtiment, c’est le propriétaire qui doit payer : arrêtons de toujours faire régler la facture par le secteur public !

Quels enseignements tirez-vous du Sommet franco-italien de Lyon et de la prise de position en faveur de la Ligne à Grande Vitesse Lyon-Turin ?

Cette décision s’inscrit dans l’Histoire et donc dans le long terme. Nous sommes là, à l’opposé du court terme et du sondage d’opinion.

Si l’on en revient à la pratique comptable et aux règles internationales qui veulent que les investissements soient amortis sur la durée de vie des équipements, cela en relativise le coût.

La France aura à payer pour le seul creusement du tunnel, 2,2 milliards d’euros. Si l’on donne à l’ouvrage une durée de vie de cinquante ans, celà représente un peu plus de 40 millions d’euros par an, c’est à notre portée !

De surcroît, ces investissements pourraient être financés par les projects bonds européens. Qu’attend-t-on pour lancer rapidement ce projet, stratégique pour nos entreprises !