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« Le CDI ne saurait être un totem »

 » Le CDI n’est pas le ticket qui permettra à la France de prendre le train de la croissance. 

Patronat, syndicats et gouvernement ont eu rendez-vous vendredi 3 avril pour amorcer un bilan de la dernière réforme du marché du travail de 2013, l’exécutif ayant d’ores et déjà prévenu qu’il comptait aller plus loin.

La question qui se pose est assez simple. Combien de Français piétinent frustrés au seuil du marché de l’emploi ? En cause ? Les rigidités excessives de ce dernier.

Au quotidien, entrepreneurs et salariés mesurent la désuétude du contrat de travail. Le contrat de demain c’est un contrat qui n’excède pas deux ans ou qui correspond à la réalisation d’un projet ou d’une mission. Il ne s’agit évidemment pas de précariser les salariés. Il ne s’agit pas non plus d’allonger l’atypisme de certaines formes de travail qui se sont multipliées ces dernières années.

« Mettre en adéquation notre réalité économique avec nos outils juridiques »

Il s’agit seulement de mettre en adéquation notre réalité économique à nos outils juridiques. Il s’agit surtout de veiller à ce que l’on dote enfin aux entreprises, seules à mêmes de créer de l’emploi, de lutter contre le chômage.

Comment imaginer qu’un entrepreneur qui ne peut pas licencier puisse embaucher sans peur ou réticences ? Pour paraphraser Camus, j’ai tendance à penser qu’à ne pas nommer les rigidités de notre marché du travail on ajoute au malheur des chômeurs.

Le CDI tel qu’il est aujourd’hui conçu bride l’emploi. Il constitue à lui seul une véritable rigidité de notre marché du travail en plus d’être particulièrement inadapté aux nouvelles formes d’emploi plébiscitées par les Français, à l’image du portage salarial en plein développement.

Le CDI pris en ses dispositions actuelles étouffe l’emploi. Il ne permet pas ni aux plus jeunes ni aux seniors d’entrer ou de rester sur le marché du travail.

« Un gâchis inepte de compétences »

C’est ce double constat que j’assimile à un gâchis inepte de compétences et qui a fait perdre l’espoir et la motivation à tant de salariés français, que je suis favorable à la création d’un contrat unique.

Ce contrat serait caractérisé par un licenciement simplifié, ce qui ne signifie pas qu’il doive être simple, parce qu’évidemment j’ai conscience de la nécessité de limiter les abus toujours possibles, et surtout, les salariés n’ont pas à devenir « jetables ».

Au contraire, il s’agit de protéger le salarié proportionnellement à son ancienneté dans l’entreprise.

La conjoncture économique actuelle appelle cette modernisation de notre contrat de travail.

La comparaison avec l’Allemagne fait sens. Le fait que le licenciement soit plus facile, moins risqué, moins long et aléatoire que chez nous, a conduit les entreprises à avoir une souplesse qui s’est transformé en avantage comparatif au détriment des entreprises hexagonales. En s’adaptant plus vite, elles sont plus agiles et la reprise est plus rapide. Les entreprises sont moins mises en danger lorsque le contexte leur est défavorable.

Cette mesure doit s’accompagner d’une meilleure formation pour les salariés français parce qu’il n’est plus acceptable que la formation profite d’abord aux salariés les plus privilégiés. Ensuite, parce que notre place dans l’économie de la connaissance se joue d’abord dans la formation de nos salariés.

« Ainsi vogue la France, de mots en maux »

La période de chômage doit ensuite être mieux indemnisée, mais moins longtemps.

Trouvons le moyen que les entrepreneurs qui ont le courage d’embaucher ne soient plus les premiers pénalisés par une croissance qui cale.

Simplifions les procédures de licenciement et limitons les obligations de motivation.

Ce n’est malheureusement pas demain que notre pays ouvrira ce débat.

Les syndicats viennent de refuser en bloc de parler du CDI. Ainsi, vogue la France, de mots en maux.