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La société iséroise Ganova sort de terre le 1er village BBC photovoltaïque de l’Hexagone

Il est possible de construire des maisons, non seulement BBC (Bâtiment Basse Consommation), mais aussi productrices d’électricité, au même prix que le pavillon traditionnel. C’est ce que vient de démontrer la société iséroise Ganova qui fait appel à une société rhônalpine pour ses tuiles photovoltaïques. Mais arriver à ce résultat nécessite néanmoins quelques préalables…

Depuis que le Grenelle de l’Environnement a bouleversé les normes de la construction, la grande question qui taraude promoteurs, mais aussi acquéreurs est celle-ci : peut-on construire des maisons durables au même prix que le traditionnel ?

Oui, répond Ganova, un petit lotisseur/promoteur (50 salariés, 20 millions de chiffre d’affaires), basé à Charvieu-Chavagneux dans le Nord Isère. Il vient de commercialiser avec succès 41 maisons dans un lotissement baptisé les « Toits du soleil », en l’occurrence des pavillons aux normes BBC dotés non pas de panneaux, mais des tuiles photovoltaïques.

« Nous n’avons pas vendu les maisons de ce village, plus chères qu’une maison traditionnelle », se félicite Pascal Bert, le Pdg de ce groupe familial. Il ajoute : « Le prix d’une maison moyenne BBC photovoltaïque s’établit autour de 250 000 euros, terrain de 600 m2 compris. »

Pour ce prix, l’acquéreur bénéficie donc d’une maison correspondant aux normes BBC (Bâtiment Basse Consommation) issue du Grenelle de l’Environnement et connaissant donc une consommation inférieure à 50 kwh par m2 (norme obligatoire dès le 1er janvier 2013), mais produisant de surcroît de l’électricité.

Les tuiles solaires qui développent une superficie de 16 m2 sont fabriquée par Imerys, une société de Quincieux dans le Rhône qui conçoit elle-même les tuiles, mais importe les cellules de Chine. A noter par ailleurs que ces mêmes cellules sont aussi fabriquées par le Berjallien Photowatt qui après avoir déposé le bilan a été repris par EDF Energies nouvelles. N’y aurait-il pas là quelque chose à faire..?

Ces tuiles offrent un rendement de 15 à 16 %, très légérement inférieur à celui des panneaux photovoltaïques traditionnels (17 %).

Ces mêmes tuiles photovoltaïques sont bien visibles néanmoins comme on le voit sur la photo ci-contre , mais les acquéreurs qu’elles ne se distinguent pas du reste du toit peuvent aussi techniquement le faire : Imerys produit également des tuiles photovoltaïques rouges ou marrons.

Selon Pascal Bert, cet équipement photovoltaïque installé sur le toit de chaque habitation permet aux propriétaires d’équilibrer le prix de vente de l’électricité qu’ils produisent et qui est injectée dans le réseau, avec le prix de l’énergie qu’ils consomment, nettement moins cher.

 Ce petit miracle étant permis par un prix de rachat de l’électricité photovoltaïque par EDF, à un prix nettement plus élevé que le prix payé par le particulier. Ces pavillons sont en outre dotés de chauffe-eaux thermodynamiques, particulièrement économiques.

 A ces tarifs là, Guy Bert n’a pas eu de difficulté à vendre ces pavillons verts. « Mais attention-précise-t-il aussitôt- ce qui est possible dans un lotissement de 41 maisons, ne l’est plus lorsqu’il s’agit d’habitat individuel. » Construisant également des maisons individuelles « en diffus » pour des particuliers, il est bien incapable de leur faire bénéficier d’un tel prix.

Et ce, explique-t-il pour deux raisons : « De tels prix ne sont possibles que si le processus de construction BBC est intégré et pensé bien en amont et la fabrication est ensuite industrialisée et mutualisée à travers plusieurs dizaines de maisons. »

 Le Pdg de cette société familiale, compte aller encore plus loin et s’attaquer non plus seulement aux maisons BBC, mais aussi à celles à énergie positive.

 Il construit actuellement à Charvieu-Chavagnieux et à Villefontaine, toujours dans le Nord-Isère, deux types de maisons passives : l’une en ossature bois avec panneaux photovoltaïque et pompe à chaleur haut rendement et l’autre dotée d’une structure en brique. « Il s’agit pour nous de tester le concept : c’est en quelque sorte notre cellule de Recherche&Développement , l’objectif est que ces maisons produisent plus d’énergie qu’elles ne consomment », détaille Pascal Bert. Il ajoute aussitôt : « Si nos clients suivent, nous développeront aussi ce type de maisons. »

 Ce lotisseur/constructeur qui a basé son dévelopement sur les maisons durables ne connaît pas la crise. Devant construire cette année 170 maisons, il compte en fabriquer plus l’année prochaine : près de 210, tout en s’étendant hors de son périmètre isérois, visant notamment un développement vers l’Ain et le Rhône.

 Il ne s’agit pas là de « greenwashing », c’est-à-dire d’une vague coloration en vert d’une politique d’entreprise, mais bien d’un vrai choix stratégique. Qui semble bien marcher.

 Photo (DR)Une des maisons construites dans le lotissement « Les toits du soleil » à Charvieu-Chavagneux dans le Nord-Isère, par la société Ganova et son Pdg, Pascal Bert, en médaillon.