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Etats-Généraux de l’industrie : lancement plutôt réussi

Chefs d’entreprise, syndicalistes, élus de tous bords, tous ont été unanimes pour applaudir l’idée qui se cache derrière les Etats Généraux de l’industrie qui ont attiré 560 décideurs, jeudi 26 novembre à la Préfecture de région à Lyon : trouver les moyens de redonner une industrie forte à la France.
En présence de Christian Estrosi et de Christine Lagarde, le débat s’est engagé, des pistes tracées.  La parole doit désormais se développer dans chacun des huit départements de la région avant un bilan régional. Il existe une très forte  attente : il ne faudrait pas qu’elle soit déçue.

Les Etats Généraux de l’industrie lancés par Nicolas Sarkozy n’ont rien à voir avec le débat sur l’identité française, à visées purement électorales selon l’opinion de 75 % des Français.

Au contraire, les 560 décideurs présents à la préfecture de région -chefs d’entreprises, syndicalistes, représentants consulaires ou élus de tous bord de la droite au parti communiste- ont, avec une belle unanimité, exprimé leur volonté d’y participer et leur souhait qu’ils débouchent sur des décisions concrètes. Une volonté générale qui s’est exprimée devant Christian Estrosi, ministre de l’industrie et Christine Lagarde, ministre de l’économie venus donner en région le clap départ de ces Etats Généraux de l’industrie qui vont se développer tout au long du mois de décembre. L’attente est forte, profonde.

Cette attente part d’un constat partagé et assez bien résumé en définitive par les deux ministres. Christian Estrosi d’abord: « Pendant des années, par lâcheté, les gouvernements, de gauche ou de droite, on a abandonné nos usines, nos industries : ce qui explique que l’industrie française a perdu 25 % de part de marché par rapport à l’Allemagne. Il nous faut à nouveau mettre en œuvre une politique industrielle. »

Pour Christine Lagarde, nous n’avons de toute façon pas le choix. « Le monde économique de demain en situation d’après crise ne sera pas du tout le même qu’aujourd’hui. Un grand rééquilibrage est en train de s’opérer entre les pays émergents et les pays développés. D’ici trois ans, les Chinois seront capables de construire des hélicoptères ou des avions de ligne. La France est désormais à la charnière de son économie. On ne pourra concurrencer les Chinois qu’en développant des secteurs à forte valeur ajoutée. Il nous faut faire des choix, mettre en place une vraie politique de filière : l’industrie représente aujourd’hui en France 20 % des emplois, mais 77 % des exportations !»

Après la crise qui laisse notre industrie encore plus fragile qu’elle ne l’était auparavant, revoilà donc la politique industrielle qui resurgit sous les acclamations générales

Tous les intervenants sont d’accord pour reconnaître que l’innovation doit être une des principales clefs de la relance industrielle. Jean-Jack Queyranne, le président de la région Rhône-Alpes, le premier, qui expliqua que 64 % des emplois créés dans la région le sont à la suite d’une innovation.

Du côté des syndicalistes (dont Gérard Clément, FO), on met en avant une autre forme d’innovation, plutôt en déshérence ces dernières années, l’innovation sociale car la nouvelle industrie que tous les acteurs  appellent de leurs vœux devra faire appel à la créativité et à l’inventivité des salariés. Du côté des chefs d’entreprises (dont Patrick Martin, Medef Rhône-Alpes),  « il faut continuer à développer le Crédit Impôt Recherche qui est un des dispositifs les plus performants au monde. »

Mais la réflexion la plus aboutie émane de Bruno Lacroix, président du Conseil Economique et Social Régional, structure qui, réunissant les acteurs du monde économique, a beaucoup travaillé sur la question.
Les pistes qu’il traça ont déjà fait l’objet d’un consensus.

Premier axe : ce dédain pour l’industrie (46 000 entreprises sur les 270 000 que compte Rhône-Alpes, selon Jean-Paul Mauduy, président d ela CRCI) se traduit par une grande pauvreté des statistiques. Pour agir, il faut bien connaître le paysage. Il faut donc recréer des outils statistiques précis, notamment pour bien appréhender chacune des filières si l’on veut construire une véritable stratégie industrielle.

Deuxième axe : développer la compétitivité par l’offre, en stimulant la capacité d’innovation des entreprises, en mettant en place, pour les appels d’offres, un Small Business Act à la française, en repensant les relations de dépendance entre donneurs d’ordres et sous-traitants.

Troisième axe :  Développer la compétitivité par les hommes, en libérant les capacités d’initiative et de créativité, en développant la formation.

Quatrième axe : donner à nos PME-PMI, trop petites, la taille critique. On le sait l’un des plus gros handicap de la France est le manque de ce que l’on appelle désormais les ETM (les Entreprises de Taille Moyenne), entre 250 et 5 000 salariés, beaucoup plus nombreuses en Allemagne.
Il propose enfin la mise en place d’un conseil stratégique régional : « il faut créer des ruptures en changeant de paradigme ! »

Bilan, ces Etats-Généraux ont été plutôt bien lancés en mettant sur le tapis les vrais problèmes. Reste  la grande crainte : qu’ils accouchent d’une souris à l’issue du processus qui se termine en février 2010. L’absence de Christian Estrosi, ministre principalement concerné, pendant la majeure partie des débats -il s’est esquivé après avoir prononcé quelques paroles fortes- n’a pas été perçu comme un bon signe.
Il reste que ce premier lancement en région a montré qu’il s’agit là d’un thème essentiel pour l’avenir de notre économie, transcendant tous les clivages, politiques, salariés/chefs d’entreprise.
S’il devenait l’enjeu d’un médiocre calcul politicien, la déception serait à l’aune des attentes suscitées.