Comment faire émerger les Entreprises de Taille Intermédiaire
Les Entreprises de Taille Intermédiaire, ces fameuses ETI dont les effectifs se situent entre 250 et 5 000 salariés, sont l’objet de tous les soins du gouvernement. Sans grand résultat, il faut bien le reconnaître. Au contraire même, puisque selon la Banque de France, leur nombre a reculé de 30 % l’année dernière, suite à la crise financière, alors même que ce même nombre avait déjà diminué en 2009 !
Les chiffres sont douloureux : ces ETI sont 12 000 en Allemagne, 10 000 en Grande-Bretagne, un pays qui a pourtant la réputation d’être sous-industrialisé, mais seulement 4 700 en France.
« Imaginons ce que serait la résorption du chômage avec 5 000 ETI supplémentaires employant seulement 500 salariés ! » rêve tout haut sur son blog, Bruno Rousset, le créateur de la société lyonnaise April.
Ce faible nombre d’ETI en France explique aussi pour une part nos difficultés à l’international et l’important déficit de notre commerce extérieur : l’exemple allemand est là pour nous montrer que ces entreprises moyennes-grandes sont de grosses exportatrices : contrairement aux plus petites PME, elles ont les moyens de structurer un vrai service export.
Mais pourquoi donc notre beau pays a-t-il tant de mal à susciter la création de ces ETI ?
Lors de l’inauguration de Planète PME à Paris, jeudi 16 juin, en présence de François Fillon, Jean-François Roubaud, président de la CGPME, a tenté une explication en creux : « les petites entreprises n’aspirent qu’à grandir, à devenir une de ces ETI dont notre pays manque. Mais pour cela, elles ont besoin que l’on trace, y compris sur le coût du travail, des perspectives de moyen terme ; que l’on rééquilibre les relations entre les grandes et les petites entreprises, que l’on encourage l’innovation et l’export ; que l’on garantisse le financement de notre développement. » On dirait presque un programme électoral pour les futures élections de 2012 !
Lors de cette même Planète PME, répondant à Jean-François Roubaud, le premier ministre, François Fillon a décliné les mesures que vient de prendre son gouvernement pour aider PME et ETI : la prolongation jusqu’en 2020 de France Investissement, un programme associant investisseurs institutionnels, publics et privés pour investir dans le capital des PME et ETI non cotées (7 milliards d’euros avec l’effet de levier attendu). Il a également annoncé la création d’un autre fonds financé par les assureurs et la Caisse des dépôts, toujours à destination des PME et des ETI cotées, cette fois (400 millions).
Mais on peut craindre que ces seuls efforts gouvernementaux ne soient pas suffisants sans de sérieux relais sur le terrain, en région. Or, là aussi, une prise de conscience est en train de s’opérer.
Encore faut-il avoir une bonne vue d’ensemble de la situation avant d’agir. Le Conseil économique social et environnemental Rhône-Alpes (CESER) présente ainsi cette semaine la première étude rhônalpine sur les ETI, réalisé par le groupe Preveco sous la forme d’une « cartographie des PME à potentiel et des entreprises de taille intermédiaire de la région Rhône-Alpes ». Cette étude s’est aussi donné pour but « d’identifier les caractéristiques et les leviers de développement des ETI .» Nous en reparlerons.
Mais sans attendre, des initiatives sont en train d’être prises pour tenter de booster ces PME de croissance. Par exemple, celle engagée par le Grand Lyon avec l’appui de la CCI de Lyon, dans le cadre de « Lyon, ville de l’entrepreneuriat ». La démarche consiste à aider des entreprises indépendantes de plus de 50 salariés à la croissance prometteuse (plus de 20 % sur quatre ans), à franchir le cap.
Un accompagnement spécifique a été élaboré pour les aider à lever les freins et obstacles qu’elles peuvent rencontrer tout au long de leur parcours vertueux. Elles se voient proposer un coaching, un approfondissement stratégique, une aide pour se développer à l’international, lever des fonds, etc. Les moyens suivent puisque le Grand Lyon a voté un budget de 130 000 euros cette année pour accompagner ces entreprises jusqu’au stade de l’ETI.
A la suite d’un appel d’offres, les dix premières entreprises choisies pour être exemplaires, ont été élevées au rang de « pépites », selon la terminologie adoptée par le Grand Lyon. On y trouve des sociétés comme Flamel Technologies (libération contrôlée de médicaments), Fibroline (services aux entreprises), voire Oslo Software (éditeur de logiciels). Les ETI de demain ?
En attendant (et en espérant) que ces dispositifs finissent par porter leurs fruits, une seule certitude émerge pour l’heure : le développement de ces ETI est en train de devenir une cause nationale et régionale. Il était temps.