Gestion du temps : la grande illusion
Les stages de gestion du temps servent-ils à quelque chose ? Ce n’est pas sûr. Tous sont fondés sur l’hypothèse que nous avons la possibilité de caser tout ce que nous avons à faire dans le temps que nous passons au travail et que nous pouvons déléguer le reste.
A partir de cette hypothèse, les limites de la gestion du temps apparaissent rapidement.
Tordons d’abord le cou à la délégation. Elle est peut-être possible dans les grands groupes qui fonctionnent avec des marges plus que confortables (si l’on se réfère aux résultats boursiers qu’ils affichent). Il n’en est pas de même pour le responsable d’une PME de sous-traitance mécanique d’une vingtaine de personnes (J’en ai rencontré un récemment) ou pour le travailleur indépendant. Ils sont seuls pour assumer toutes leurs tâches et doivent donc « faire avec ». L’urgence de la livraison à un client ou la nécessité de recouvrer ses factures bouleverseront toujours pour eux le bel ordonnancement prévu de leurs emplois du temps. La réactivité et la souplesse resteront quelle que soit la méthode de gestion adoptée, les premières priorités.
Même dans les grandes entreprises, la délégation est souvent un leurre. Elle suppose un délégataire et, en bout de chaîne, le dernier délégataire est assez vite transformé en esclave des déléguants ou perd toute efficacité tant « elle » est submergée (La faute d’accord est volontaire car c’est souvent une pauvre secrétaire « à tout faire »).
Si nous n’avons personne à qui déléguer, la première partie de l’hypothèse devient de ce fait également caduque.Il est évident que nos journées ne sont pas suffisantes pour faire face à l’ensemble des tâches qui s’imposent à nous sous des contraintes extérieures. Si nous rajoutons celles que nous nous imposons de nous-mêmes, il est facile de constater que la gestion du temps devient mission impossible.
C’est une évidence, bien gérer son temps n’est pas seulement remplir au mieux son agenda, il s’agit surtout de gérer ses priorités sans céder à la dictature de l’urgence. Savez vous que la réponse immédiate à un email n’est absolument pas une obligation légale ?
La conquête du temps est donc d’une part la conquête de l’autonomie qui permet de déterminer soi-même ses priorités (pour cela avantage à la PME où le responsable est moins soumis à la pression de la hiérarchie et des procédures), d’autre part la capacité de choisir et de dire non.
La conquête du temps passe également par la recherche de l’efficacité maximale dans chaque séquence de travail. Pour y parvenir, il faudra apprendre à se connaître et organiser ses tâches en fonction de ses rythmes circadiens, tenir compte de son état de fatigue, de ses contraintes extérieures…
La recette unique n’existe donc pas et notre rapport au temps est forcément le fruit d’une réflexion sur nous-même.
C’est moins simple que l’application d’une technique d’organisation, mais l’effet en est sans aucun doute beaucoup plus durable…