AURA : l’artisanat face à des tensions inédites sur les recrutements
La nouvelle édition du baromètre ISM-MAAF met en lumière une situation paradoxale pour l’emploi artisanal en Auvergne-Rhône-Alpes. Malgré un volume record d’offres d’emplois, les entreprises peinent à recruter, faute de candidats disponibles. Un contexte qui crée des opportunités majeures pour la formation et la reconversion dans les métiers porteurs.
Une région championne de l’emploi artisanal
Avec 248 630 emplois salariés recensés fin 2024, la région Auvergne-Rhône-Alpes confirme sa position de deuxième bassin d’emploi artisanal en France, derrière l’Île-de-France. Depuis 2019, les effectifs ont progressé de 2,8 %. Après un rebond marqué entre 2019 et 2022 (+6,4 %), la tendance s’est légèrement infléchie (-3,3 % entre 2022 et 2024), sous l’effet du ralentissement économique et de la crise énergétique.
Le recul est particulièrement marqué dans le BTP (-6 %) et la fabrication (-5 %), tandis que les métiers des services et de l’alimentation affichent une relative stabilité. Malgré ce léger repli, l’emploi artisanal se maintient à un niveau élevé dans la région.
Une explosion des offres d’emplois mais un vivier en baisse
Les entreprises artisanales d’Auvergne-Rhône-Alpes font face à une véritable pénurie de main-d’œuvre. En 2024, 70 830 offres ont été diffusées dans les cœurs de métier de l’artisanat, soit une hausse de +46 % depuis 2019. La région affiche le plus grand nombre d’offres d’emplois du pays.
Le secteur de la fabrication domine avec 24 600 offres, suivi du BTP (22 660), des services (16 440) et de l’alimentation (7 130). Certaines professions enregistrent des progressions spectaculaires : montage de structures bois (+143 %), charpente métallique (+119 %), métalliers (+214 %) ou encore conduite de machines de façonnage (+575 %).
En parallèle, le nombre de demandeurs d’emploi a reculé de -10 % entre 2019 et 2024, pour s’établir à 100 930 personnes. Cette baisse touche l’ensemble des secteurs : -11 % dans le BTP et la fabrication, -9 % dans l’alimentation, -8 % dans les services. Résultat : les difficultés de recrutement atteignent des niveaux inédits.
Des départements sous tension
Le Rhône se place en tête avec 18 610 offres diffusées, suivi par l’Isère et la Haute-Savoie. Les plus fortes hausses sur la période 2019-2024 sont observées en Haute-Loire (+137 %) et dans le Cantal (+135 %). Côté demandeurs d’emploi, le recul est le plus marqué dans le Cantal (-16 %) et l’Allier (-14 %).
Dans certains métiers, plus de 90 % des recrutements sont jugés difficiles, notamment pour les couvreurs (93 %), les bijoutiers et graveurs (91 %) ou les carrossiers automobiles (90 %).
Des opportunités pour les candidats à la reconversion
Ce déséquilibre entre l’offre et la demande ouvre des perspectives favorables à la formation et à la reconversion. Le baromètre ISM-MAAF identifie plusieurs métiers porteurs où le déficit de compétences est le plus prononcé :
- Charcutiers-traiteurs : -32 % de demandeurs d’emploi depuis 2019 ;
- Plâtriers : -33 % ;
- Retoucheurs en habillement et mécaniciens de maintenance industrielle également en tension ;
- Forte demande dans les activités de conduite de machines de façonnage et de montage de structures bois.
À l’inverse, certains métiers en vogue après la crise sanitaire semblent aujourd’hui saturés. Les poissonniers, brasseurs, pâtissiers ou chauffeurs VTC connaissent une hausse notable du nombre de demandeurs d’emploi, signalant un risque de surreprésentation dans ces filières.
Un enjeu stratégique pour les acteurs régionaux
Selon Anne-Sophie Prisse, Directrice Marketing et Communication de MAAF, « alors que l’emploi artisanal reste solide après le rebond post-Covid, les entreprises font face à des tensions croissantes pour recruter. Une situation qui crée de véritables opportunités pour celles et ceux qui souhaitent se former ou se reconvertir dans les métiers les plus porteurs ».
Face à cette tension durable, le défi pour la région AURA sera de renforcer l’attractivité de ces métiers, d’adapter les dispositifs de formation et de soutenir les parcours de reconversion vers les secteurs en déficit de main-d’œuvre.