11 ONG lyonnaises alertent sur l’impact économique de la baisse de l’APD

Des acteurs majeurs de la solidarité internationale en Auvergne-Rhône-Alpes se mobilisent
Face à la baisse continue de l’aide publique au développement (APD), onze organisations lyonnaises tirent la sonnette d’alarme. À l’approche des arbitrages budgétaires pour 2026, elles appellent les parlementaires de la région à défendre un budget solidaire et à enrayer une dynamique qu’elles jugent dangereuse pour la survie même de leur secteur.
Des coupes budgétaires aux conséquences concrètes
En France, le budget 2025 de l’APD a chuté de 37 %, soit 2,1 milliards d’euros en moins. Déjà en 2024, 800 millions d’euros avaient été retirés. Cette diminution remet en cause l’objectif international de 0,7 % du revenu national brut consacré à l’aide au développement. Pour les ONG implantées en Auvergne-Rhône-Alpes, les effets sont immédiats : projets suspendus, postes supprimés, zones de mission abandonnées.
Certaines structures évoquent des licenciements allant jusqu’à 15 % de leurs effectifs au siège, l’arrêt de projets en Syrie impactant 100 000 bénéficiaires ou encore le désengagement de programmes de protection en République démocratique du Congo.
Une mobilisation lyonnaise inédite
Parmi les signataires de l’appel figurent Agir Ensemble pour les Droits Humains (AEDH), Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (AVSF), Centre International d’Etudes pour le Développement Local (CIEDEL), Communication sans Frontières, Entrepreneurs du Monde, Forum réfugiés, Handicap International, Institut Bioforce, Prison Insider, Service de Coopération au Développement (SCD), et Triangle Génération Humanitaire (TGH). Toutes sont basées à Lyon ou dans la région, et emploient ou mobilisent plusieurs centaines de personnes sur le territoire.
Cette prise de position conjointe met en lumière une inquiétude croissante quant à la viabilité des modèles économiques associatifs, fortement dépendants de fonds publics. Le risque : une fragilisation de l’ensemble du tissu associatif local, pourtant reconnu pour son rôle dans la formation, l’insertion, l’innovation sociale et la coopération internationale.
Une solidarité fragilisée dans un contexte mondial instable
Les ONG dénoncent une remise en question de la solidarité internationale à l’échelle globale. Aux États-Unis, 80 % des budgets d’aide ont été suspendus. L’Allemagne, les Pays-Bas ou encore la Belgique ont également réduit drastiquement leurs engagements. L’Union européenne a baissé de 35 % les fonds alloués aux pays les plus pauvres pour la période 2025-2027.
Dans ce contexte, les signataires plaident pour le recours à des leviers alternatifs comme les taxes sur la finance ou l’aviation afin de préserver les ressources dédiées à la coopération internationale.
Un enjeu économique local et stratégique
Au-delà de leur mission humanitaire, ces organisations représentent un pan structurant de l’économie sociale et solidaire en Auvergne-Rhône-Alpes. Elles forment, emploient, innovent et rayonnent à l’international depuis Lyon. La baisse de l’APD ne met pas seulement en péril les bénéficiaires à l’étranger : elle fragilise également l’activité économique, l’emploi et la dynamique d’internationalisation de la région.
Leur message est clair : un budget 2026 solidaire est nécessaire, non seulement pour répondre aux urgences humanitaires mondiales, mais aussi pour maintenir une économie associative forte et durable dans les territoires.