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Ravagé par un incendie, Bel Air Camp entend vite faire renaître de ses cendres sa communauté de 55 start-up

A entendre ses start-upers rescapés du sinistre, c’est une expérience d’une grande richesse qui depuis quatre ans avait pris racine au Bel Air Camp de Villeurbanne, une ex-friche industrielle. La communauté de start-up née de cette expérience aurait pu disparaître à la suite des 4 heures d’incendie qui ont ravagé ses locaux. Assurément, la mobilisation interne et externe est en train de prouver qu’il n’en sera rien.

On a connu dans le passé des PME qui ont disparu suite aux conséquences d’un gros sinistre.

Or c’est l’équivalent d’une PME de 350 personnes dispersées au sein de 55 start-up qui aurait pu connaître ce sort funeste suite à l’incendie qui a ravagé 7 000 mètres carrés de locaux le mardi 8 octobre dernier à Villeurbanne, dégageant une intense fumée noire.

Or à entendre son président, le promoteur lyonnais Didier Caudard Breille et sa directrice, Pauline Siché-Dalibard, on comprend rapidement qu’il n’en sera rien.

Pauline Siché-Dalibard et le promoteur Didier Caudard-Breille (DCB International)

Tel le Phénix, Bel Air (*) est en passe de renaître de ses cendres, avec sans doute plus de vigueur que jamais.

D’abord parce que de multiples initiatives se sont spontanément mises en mouvement aussitôt après le sinistre pour accueillir les start-upers qui avaient perdu leurs locaux.

Ainsi aussi bien Alstom et Safran géographiquement proches que le Club Léo Lagrange, ou encore les incubateurs du la Métropole ont proposé des locaux provisoires.

Actuellement, déjà un tiers des sociétés a pu être relogé sur le site de Bel Air 3. Un quart sont hébergées sur Villeurbanne, 16 % ont été accueillies dans des incubateurs lyonnais et 15 % sont retournées à leur siège ou filiale.

In fine, donc , seules 15 % des start-up ayant des besoins spécifiques sont encore à la recherche de solutions, ce qui est peu pour un sinistre de cette ampleur.

Pas une des 55 start-up ne s’est retrouvé en difficulté ou a dû mettre la clef sous la porte suite au sinistre.

Un véritable « effet communauté » a été mis en évidence par le sinistre : il est manifestement l’une des richesses de Bel Air Camp, un lieu de co-working pas tout-à-fait comme les autres.

« Un sentiment unique qui va au-delà du foncier »

« Plus qu’un lieu, nous avons réussi à créer ce sentiment unique qui va au-delà du foncier. Et cela rien ne pourra nous l’enlever ! », lance ainsi Pauline Siché-Dalibard.

Un sentiment exprimé encore plus fortement par les start-upers eux-mêmes.

L’un, Alexandre Jamin (Tikam) évoque « une synergie, une attractivité très forte, basée à la fois sur le côté humain et un gros côté business » ; une autre, Alison Foucault (UniVR Studio), parle elle, d’« une espèce de bulle : vous n’imaginez pas comme on était bien, on s’est fait grandir mutuellement ! »

Bel Air Camp est communauté humaine, mais aussi une communauté assise sur le business réalisé en commun : près de 25 % du chiffre d’affaires de start-up était réalisé entre les sociétés basées sur le site. Un vrai booster.

La plupart des rescapés n’ont qu’un but : faire renaître cette communauté si prolifique et la richesse du site.

Après il faudra reconstruire en dur, ça prendra du temps.

En attendant les deux ou trois années sans doute nécessaires à la reconstruction du site, un réaménagement permettant à la communauté de se reconstituer sous une autre forme.

Des solutions à court terme

Ainsi, le bâtiment Bel Air 2, site attenant au bâtiment sinistré va être réaménagé pour accueillir ateliers et stockage sur 4 000 m2 d’espace d’ici à fin décembre 2019.

De nouveaux bâtiments modulaires de 900 m2 vont être installés dans le même temps sur le site villeurbannais.

Enfin des plateaux tertiaires temporaires, baptisés « Bel Air Neighbours » vont être développés sur le territoire de Villeurbanne pour accueillir les start-up restantes.

« Ces grappes de communauté dispersées seront reliées entre elle par l’animation continue de Bel Air Camp ; de même une plate-forme communautaire va être créée », conclut la directrice du site.

Assurément, un mode de fonctionnement post sinistre en mode agile…

(*) Installé sur une friche industrielle de 34 000 mètres carrés à Villeurbanne, Bel Air Camp, rassemble 55 start-up, mais aussi quelques PME et ETI évoluant dans l’industrie. Plus qu’un incubateur ou espace de co-working, Bel Air Camp s’est donné dès son origine pour tâche par la mutualisation des moyens, des savoirs, des expériences et des expertises, de tisser des connections entre acteurs pour créer un écosystème « propice à la réussite des business ».