Après Claude Aguttes, Artcurial arrive à Lyon : big bang dans les salles des ventes
Artcurial, n°1 français du marché de l’art fêtera le 29 septembre son arrivée à Lyon. Après Claude Aguttes qui a repris Anaf en 2008 en s’octroyant la moitié du marché, un nouvel et important acteur parisien s’installe à Lyon, en association avec Michel Rambert. Ce qui ne manque pas de susciter des inquiétudes, d’aucuns craignant que les meilleures pièces ne se retrouvent in fine sur le marché parisien et non plus lyonnais. Des craintes qui pour l’heure ne sont pas pas avérées : Artcurial marque son arrivée par une belle série de ventes.
Le premier choc est intervenu en septembre 2008 : la maison de vente parisienne Claude Aguttes, rachetait la plus importante salle des ventes en région, en l’occurrence celle d’Anaf Arts Action aux Brotteaux qui avec un chiffre d’affaires de 11 millions d’euros représentait à elle seule la moitié du chiffre d’affaires des ventes aux enchères lyonnaises en matière d’art.
Deux ans, pratiquement jour pour jour, nouveau séisme : un autre membre du top five du marché de l’art, en l’occurrence Artcurial qui a pour actionnaires Michel Pastor et le Groupe Dassault, prend pied dans la capitale des Gaules. Non plus, cette fois à l’occasion d’un rachat, mais en s’associant avec une salle de la place : Michel Rambert qui devient le représentant lyonnais d’Artcurial.
Il faut bien prendre conscience de l’enjeu : la maison « Artcurial, Briest, Poulain F.Tajan » est avec 80 millions d’euros de chiffre d’affaires et 80 salariés, un des grands de la profession. Elle possède une marque mondialement connue, un siège prestigieux au Rond-Point des Champs Elysées, un marketing rouleau compresseur et une stratégie de développement qui en font la première maison de ventes aux enchères tricolores (52 millions d’euros de chiffre d’affaires pour le seul premier semestre 2010).
Après avoir perdu quelques couleurs, Paris est en train de retrouver une partie de son leadership sur le marché international de l’art. Ce qui donne des ailes aux plus grandes maisons. Ainsi Artcurial a développé une stratégie de développement en région : après Deauville et Toulouse, elle prend logiquement pied à Lyon, deuxième marché en France après Paris. Et ce n’est pas pour installer une simple vitrine.
Le n°1 français compte bien utiliser la salle des ventes de 500 m2 installée dans le quartier de la Part-Dieu, à deux pas de la gare TGV. Pour fêter son arrivée, Artcurial exposera d’ailleurs le 29 septembre les trente plus beaux lots vendus au cours du premier semestre, parmi lesquels des tableaux du peintre Utrillo, des voitures de collection, des bandes dessinées, des pièces de design. Une manière de montrer son savoir-faire et d’attirer les vendeurs en mettant en avant son réseau d’experts et sa solidité financière.
Des ventes successives à partir du 16 octobre (BD), puis de tableaux modernes (le 20) et enfin des meubles et objets d’art (le 28) permettront à Artcurial-Lyon de démarrer fort sous la nouvelle enseigne
Pour Michel Rambert, « Lyon est une place économique très active constituée de fortunes récentes comme de familles plus anciennes. La France et la région lyonnaise sont encore des greniers où l’on trouve des trésors ; la preuve, toutes les maisons de vente internationales s’y installent. A nous de ne pas passer à côté de ces trésors et d’offrir les services pour les valoriser sur le marché international. »
Ce discours enthousiaste fait écho à d’autres qui le sont moins, émanant notamment d’antiquaires qui craignent que les plus belles pièces prennent la direction de Paris pour y être vendues, au détriment de la place lyonnaise. En matière de marché de l’art, Lyon ne va-t-elle devenir qu’une simple sous-traitante de la place parisienne ou arrivera-t-elle à conserver une certaine autonomie, voire une autonomie certaine ? Tel est l’enjeu du big bang en cours.
Photo : Michel Rambert devient le représentant lyonnais d’Artcurial.