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Après le rachat d’Aeroconseil, grosses opérations de croissance externe en vue en Allemagne pour Akka

Décidément Maurice Ricci, le Pdg d’Akka Technologies ne dévie pas de la ligne qu’il s’est fixée : cap à l’international. Après le rachat d’Aéroconseil, ses 1 235 salariés et ses 105 millions de chiffre d’affaires, autorisé le 1er septembre par les autorités de la concurrence, le dirigeant de la société d’ingénierie et de conseil en technologies lyonnaise a désormais les yeux rivés sur l’Allemagne. Il a deux grosses sociétés (filiales ou services de grosse entreprise) en ligne de mire. L’objectif est à la fois limpide et ambitieux : réaliser chez notre voisin d’outre-Rhin un chiffre d’affaires similaire à celui réalisé en France.

Avec son physique de joueur de rugby pimenté à intervalle régulier d’un sourire charmeur, Maurice Ricci, Pdg de la société Akka, société d’ingénierie et de conseil en technologies, vrai vivier d’ingénieurs, continue à tracer son sillon. En profondeur. Cet homme de 50 ans qui a créé en vingt ans l’un des plus grands groupes d’ingénierie français, riche de 5 000 salariés, n’entend pas en rester là. Ayant déjà bien labouré le terrain en France, étant désormais présent dans l’aéronautique, le ferroviaire, le spatial, l’automobile, l’énergie et la Défense, il a décidé il y a un peu de mettre le cap à l’international. Des filiales ont été créées en Allemagne, Belgique et Italie, notamment, permettant au groupe de réaliser 14,5 % de son chiffre d’affaires hors des frontières hexagonels.

Un nouveau pas dans cette direction vient d’être franchi. Le 1er septembre, l’Autorité de la concurrence vient d’autoriser la prise de contrôle par Akka de la très belle société française Aeroconseil, basée à Toulouse, issue comme son patronyme l’indique d’Aérospatiale et qui a pour principal client Airbus : 1 235 collaborateurs pour 105,2 millions de chiffre d’affaires en 2010.

Une belle opération financière d’abord, selon les explications de Maurice Ricci. « Nous avons fait une première proposition au prix du marché, mais derrière Safran a proposé le double ! Mais finalement, Safran se retrouvant face à une situation complexe face à EADS, a retiré son offre.» Ce qui a même permis à Akka de racheter Aeroconseil à un prix un peu plus bas que celui d’origine, « payé cash », précise le Pdg qui ne donnera pas le montant de l »acquisition pour raison de confidentialité.

Ce rachat permet d’abord à Akka de se diversifier dans de nouvelles niches dont les modifications d’avions pour lesquelles la société toulousaine possède les agréments nécessaires. « Peu d’acteurs bénéficient de ces agréments », se félicite Maurice Ricci. Elle offre aussi à Akka une niche où elle n’était pas présente : « Aeroconseil intervient pour les compagnies aériennes ». A l’arrivée, avec ce rachat, Akka devient le premier partenaire d’EADS en matière d’ingénierie.

Autre avantage de cette opération de croissance externe : dans la corbeille de mariage, Akka trouve une forte activité à l’international qui représente près du quart de l’activité d’Aeroconseil, permettant à la société d’ingénierie lyonnaise de passer le cap des mille collaborateurs à l’international. Ce qui lui ouvre notamment les portes au Canada, du constructeur d’avions Bombardier et de celui d’hélicoptères, Bell.

Avec Aéroconsil, l’effectif de la filiale allemande se monte désormais à 200 personnes. Mais Antoine Ricci entend aller beaucoup plus loin dans ce pays, sa cible privilégiée. « Nous voulons avoir en Allemagne un développement égal à celui que nous connaissons en France  : c’est un marché colossal pour nous qui pourrait s’établir à 800 millions d’euros de chiffre d’affaires», s’enthousiasme le Pdg. Qui précise : « Nous voulons le faire dans le cadre d’un développement à l’identique : nous ne voulons pas qu’un pays domine l’autre, nous voulons devenir un groupe européen dont les têtes pensantes seront allemandes et françaises. »

Pour parvenir à cet objectif, le Pdg d’Akka a déjà ciblé, « soit des filiales ou des services de grands groupes dont la taille s’établit en centaines de millions d’euros, il nous est difficile d’en dire plus », présents principalement dans l’automobile. Des négociations sont en cours avec des mandats de vente donnés à une grande banque d’affaires.

Le verdict devrait tomber d’ici la fin de l’année. Si cette stratégie porte ses fruits, Akka devrait alors largement dépasser le milliard de chiffre d’affaires et les 10 000 salariés.

Le groupe a les moyens de son ambition. Au premier semestre de son exercice, Akka qui a affiché un chiffre d’affaires de 225 millions d’euros a connu une croissance organique de 14,8 % (dont + 83 % dans l’automobile) pour un résultat net consolidé de 11,7 millions d’euros (+ 6,4 %). S’étant fortement désendetté ces dernières années, il affiche une trésorerie de 72 millions d’euros.

De quoi voir l’avenir avec sérénité : « Les clients que nous avons contacté nous ont expliqué que malgré la crise financière, ils n’entendaient pas diminuer leurs investissements. Nous avons la chance d’être sur un marché porteur : la poursuite de l’innovation est inéluctable ! »

Photo (DR) : Maurice Ricci : « Nous voulons devenir un groupe européen dont les têtes pensantes seront allemandes et françaises. »