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Arkema lance la production d’un caoutchouc révolutionnaire auto-cicatrisant

Fruit de cinq ans de travaux menés par le Centre de recherche d’Arkema à Pierre-Bénite (Rhône), le caoutchouc auto-cicatrisant « Reverlink » vient d’être mis en production au rythme de 100 tonnes/an à Feuchy dans le Pas-de-Calais. Si la demande se révèle importante, ce qui est loin d’être exclu, le chimiste devra mettre en route d’autres sites de production. Le produit révolutionnaire fait appel  à la chimie verte.

Une vraie révolution apte à être facilement compréhensible par le grand public, ce qui est rare en matière de chimie. Le groupe chimique Arkema a mis au point un caoutchouc auto-cicatrisant. Imaginez que vous découpez deux morceaux d’un élastique composé de ce matériau, il vous suffit de mettre en contact les deux morceaux, d’exercer une simple pression pour que les deux parties s’unissent. Et qu’au bout de vingt-quatre heures, l’élastique retrouve sa solidité à 100 % !

Tel est le fruit spectaculaire des travaux menés après cinq ans de travaux et 6 millions d’euros d’investissements par le centre de recherche d’Arkema à Pierre Bénite (Rhône), situé dans le couloir rhodanien de la chimie, en collaboration avec le laboratoire « Matière molle et chimie (CNRS/Ecole supérieure de physique et de chimie industrielle de Paris, ESCPI).

Ce nouveau produit se situe dans la filiation de la chimie verte car utilisant des matières premières renouvelables. Techniquement, ce nouveau matériau dit supramoléculaire et dont le nom commercial est « Reverlink » est issu d’une combinaison d’au moins 60 % d’oligomères d’acides gras issus d’huiles végétales. Il est composé de petites molécules qui s’assemblent en réseaux réversibles qui, en cas de rupture sont capables de se ré-assembler eux-mêmes, afin de retrouver leur forme et leur élasticité initiales.

D’ores et déjà, ce nouveau matériau a été mis en production dans l’unité d’Arkema de Feuchy, dans le Pas-de-Calais, au rythme de 100 tonnes/an : ce qui dépasse la production d’un simple pilote et constitue déjà un stade pré-industriel. Le temps de sentir le vent du marché pour ce nouveau produit. Les attentes sont franchement  bonnes puisque le groupe a d’ores et déjà signé une cinquantaine d’accords de confidentialité avec des partenaires spécialisés dans des domaines très différents : aéronautiques, santé, automobile, mécanique, etc.

Il est vrai que les applications de ce caoutchouc auto-cicatrisant peuvent  se retrouver dans de nombreux : le joint d’étanchéité ou le gant professionnel percé pourra retrouver sa forme initiale en 24 heures, le bitume pourra régénèrer lui-même ou des pièces mécaniques, des pare-chocs automobiles ou des semelles de chaussures auront la capacité de s’auto-réparer comme dans les ouvrages de science-fiction. Ce produit peut aussi être utilisé en tant qu’additif accompagnant peintures (plus besoin de redonner un coup de peinture après une rayure) vernis, pâtes et mastics…

Si cette forte demande se confirme, Arkema devra envisager un ou plusieurs sites de production pour ce caoutchouc révolutionnaire. « Le choix sera alors très ouvert », explique-t-on chez Arkema. Rien n’exclut donc qu’il soit produit dans un des sites du groupe chimique dans la région Rhône-Alpes, mais on n’en est pas encore à ce stade. Ce nouveau produit qui ne sera pas cédé sous licence, mais produit par le groupe lui-même, devrait constituer un vecteur de croissance à venir.

Photo (France3) : Recollé,  le caoutchouc retrouve naturellement par pure auto-cicatrisation sa solidité initiale au bout de 24 heures.