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Auvergne-Rhône-Alpes va accueillir Imerys, l’une des plus importantes mines de lithium d’Europe
Mille emplois directs et indirects devraient être créés dans la région Auvergne-Rhône-Alpes répartis sur deux sites : le premier sera la mine d’extraction souterraine du lithium, elle-même ; le second, une usine de purification des minéraux et de transformation en hydroxyde de lithium, qui sera située à moins de 100 kilomètres de la mine et relié par voie ferrée…

C’est du lourd en matière industrielle !

Le groupe de minéraux industriels Imerys (*) vient d’annoncer la mise en exploitation minière d’ici 2027 d’un gisement de lithium en Auvergne-Rhône-Alpes, plus précisément à Beauvoir, dans le département de l’Allier.

Ce sera «l’un des plus grands» sites d’Europe. Il servira à accélérer la transition énergétique en alimentant l’industrie des voitures électriques et les gigafactories de batteries annoncées sur le territoire.

L’investissement envisagé s’élève à un milliard d’euros pour exploiter pendant au moins 25 ans un gisement dont les «concentrations et quantités» ont été jugées «très attractives» au terme de 18 mois de sondages souterrains et d’études, selon les recherches menées par le groupe minier.

Le gisement «devrait fournir une source domestique durable et compétitive d’approvisionnement pour les constructeurs automobiles français et européens et contribuerait largement à relever les défis de la transition énergétique», ajoute Alessandro Dazza, le directeur général d’Imerys.

On le sait : le lithium est l’un des composants essentiels des batteries destinées à remplacer les carburants fossiles pour les voitures. Un minerai identifié comme «critique» par la Commission européenne en 2021.

Pour l’heure, le site héberge déjà ; et ce, depuis 1850, une carrière produisant chaque année quelque 30 000 tonnes de kaolin, utilisé dans la fabrication de la porcelaine. Il a été racheté en 2005 par Imerys.

Depuis les années 1960, le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) a identifié sur place la présence de lithium dans le sous-sol de ce site qui accueille déjà donc une mine à ciel ouvert de kaolin (photo).

Mais Imerys était jusqu’à présent resté très prudent sur la possibilité de l’exploiter pour son lithium, affirmant jusqu’au printemps dernier qu’il n’avait pas la confirmation de sa teneur en lithium, ni la certitude sur les méthodes à utiliser pour l’extraire de façon rentable.

Un premier pas a été franchi : en 2021 et 2022, Imerys a investi 30 millions d’euros», dont un million de fonds publics provenant du plan de relance français, pour financer une exploration et une analyse poussée du site.

Bingo ! Selon les premières estimations, le projet permettrait d’atteindre une production de 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an pour une durée d’au moins 25 ans.

Bien évidemment, le projet a été salué par le gouvernement : pour Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, «il réduira drastiquement nos besoins d’importation de lithium et permettra de produire près de 700 000 batteries de véhicules électriques par an. Il contribuera à l’objectif fixé par le Président de la République de produire 2 millions de véhicules électriques en France d’ici 2030».

Un enthousiasme partagé par la ministre de la Transition Energétique, Agnès Pannier-Runacher : «Le lithium qui sera extrait de manière responsable permettra d’une part de produire dans nos gigafactories les batteries nécessaires à l’électrification de nos activités.»

Un coût de production entre 7 et 9 euros le kilo

Imerys estime ses coûts de production «entre 7 et 9 euros le kilo», ce qui lui garantirait «un retour sur investissement intéressant».

Seules 20 % de la production de lithium provient de mines dans le monde et notamment en Chine, producteur n°1 ; les 80 % restants étant issus de saumures, lourdes à traiter.

Et Imerys d’insister par rapport à d’autres sources de lithium qui se révèlent peu écologiques : « l’empreinte carbone du site sera plus réduite que les opérations actuelles d’extraction de lithium connues ». Ainsi, précise Imerys, « la conception de l’exploitation est destinée à répondre aux critères IRMA (Initiative for Responsible Mining Assurance), référence de l’exploitation minière responsable. »

Le groupe minier promet à terme «1 000 emplois directs et indirects dans la région Auvergne-Rhône-Alpes», répartis sur deux sites.

Deux sites

Il n’y aura pas en effet qu’une seule mine.

Le premier site sera bien la mine d’extraction souterraine du lithium qui est incrusté dans une roche de mica.

Mais il existera également un deuxième site, en l’occurrence une usine de purification des minéraux et de leur transformation en hydroxyde de lithium.

Ce deuxième site serait situé à moins de 100 kilomètres de la mine et relié par une voie ferrée qui reste à construire.

Cette existence de deux sites explique l’importance des emplois annoncés : près d’un millier.

La production devrait débuter en 2027.

(*) Qui est Imerys ?

Cette société française cotée en Bourse est tout bonnement le leader mondial des spécialités minérales pour l’industrie avec un chiffre d’affaires de 4,4 milliards d’euros et 17 000 salariés en 2021. L’entreprise valorise les ressources minérales, des minéraux de synthèse et des formulations à destination des entreprises.

L’effet lithium? L’entreprise à gagné près de 10 % en Bourse depuis le début de l’année, avec un cours de 40 euros environ…