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Christophe Sapet, le patron de Navya, brutalement débarqué de la navette autonome lyonnaise

Suite aux mauvais résultats par rapport aux prévisions et au cours de Bourse qui a plongé, les actionnaires majoritaire de Navya ont démis de ses fonctions, « avec effet immédiat » le créateur et dirigeant de l’un des deux champions français des navettes autonomes qui était devenu emblématique, mais était restée fragile.

Un cours de Bourse qui en trois mois a plongé de près de 70 % à 1,89 euro (7 euros lors de l’introduction en Bourse), un communiqué annonçant des prévisions de résultat à la baisse : telles sont apparemment les raisons qui ont amené le conseil d’administation de la société lyonnaise Navya à démettre son créateur et président du directoire, Christophe Sapet qui ne possède qu’une petite fraction du capital.

Des démissions au conseil de surveillance

Une décision prise par l’actionnaire principal de Navya, la société 360 Capital Partners (qui détient 41,4% des titres) ; ce qui n’a apparemment pas été du goût d’une partie des autres membres du conseil de surveillance qui à cette occasion ont annoncé leur départ, en l’occurrence, les représentants de Valéo et de Keolis (*) qui possèdent 14,3 % du capital chacun.

«  Keolis et Valeo ont indiqué que cette décision de ne plus participer au conseil de surveillance ne remet nullement en cause les projets opérationnels ou techniques menés avec Navya et notamment les partenariats mis en place », a-t-il été néanmoins précisé dans un communiqué.

Le paradoxe de cette décision est que le capital de Navya est détenu par une émanation du fonds Robolution créé par Bruno Bonnell dans lequel ce dernier devenu député LREM n’a plus aucune responsabilité directe.

Or, Bruno Bonnell et Christophe Sapet avaient été les deux co-créateurs de la société de jeux vidéo lyonnaise Infogrames (devenue Atari) qui avait connu une sévère embardée amenant aussi l’éviction de son Pdg d’alors, Bruno Bonnell.

Introduite en Bourse en juillet dernier

Cette annonce du départ de Christophe Sapet est un véritable coup de tonnerre, la trajectoire de l’entreprise qu’il a créé avec l’ambition d’en faire l’un des leaders mondiaux des navettes autonomes se révélant enthousiasmante jusqu’à l’introduction en Bourse en juillet dernier.

Il est souvent difficile pour une entreprise de gérer une hyper-croissance. C’est ce qui est arrivé. La start-up lyonnaise n’avait réussi à lever que 37,6 millions d’euros, alors que son objectif affiché était d’engranger en Bourse près de 50 millions d’euros pour poursuivre son développement.

Dans un communiqué publié le 7 décembre dernier, le groupe avait revu ses prévisions annuelles à la baisse, tablant sur un chiffre d’affaires 2018 compris entre 17 et 19 millions d’euros, contre 30 millions d’euros annoncé auparavant, invoquant des décalages de contrats, notamment aux Etats-Unis.

 Un avertissement sur résultat qui a eu le plus mauvais effet et eu pour résultat de faire lourdement chuter le cours de bourse de Navya qui n’était déjà pas très flamboyant, à moins de 2 euros, faisant tomber sa capitalisation de 185 à moins de 50 millions d’euros.

Que va-t-il se passer après cette brutale éviction ?

L’actionnaire majoritaire est à la recherche d’un nouveau patron pour Navya et a mandaté un cabinet de recherche de dirigeant, pour ce faire.

En attendant l’arrivée du successeur de Christophe Sapet, la présidence du groupe (qui compte déjà 250 collaborateurs à Lyon où se trouve une unité de montage de navettes, à Paris et aux Etats-Unis), est assurée provisoirement par le directeur général délégué Jérôme Rigaud et le directeur financier Franck Maccary, tous deux recrutés en mai dernier pour renforcer l’équipe de direction de Navya.

Pour Christophe Sapet, qui venait tout juste de monter de 3,7 % à 8,6 % du capital, la belle aventure Navya va donc se poursuivre sans lui.

Il ne reste plus qu’à souhaiter pour ses salariés et son avenir qui a tout pour devenir radieux, que Navya se remette le plus vite possible de cette sérieuse embardée…

 (*) Marie-Laure Sauty de Chalon, Pascaline Peugeot de Dreuzy pour Valeo ; ainsi que Laurent Kocher, administrateur indépendant, mais dirigeant de Keolis. Le conseil de surveillance ne comprend plus que cinq membres, dont le président Charles Beigbeder, Dominique Rencurel et Fausto Boni (360 Capital Partner), Francesca Fiore et Christiane Marcellier.