Déplacements domicile-travail à Lyon : la voiture toujours majoritaire, mais des disparités fortes selon les profils

Selon la dernière étude publiée par l’Insee Auvergne-Rhône-Alpes, en partenariat avec l’Université Gustave Eiffel et Orange, plus de deux actifs sur trois (68 %) vivant dans l’aire d’attraction de la ville de Lyon (AAV) utilisent leur voiture pour se rendre au travail. Ce chiffre atteint même 95 % dans certaines communes excentrées.
Une pratique fortement liée au lieu de résidence
L’étude s’appuie sur le recensement de la population de 2021 et les données de téléphonie mobile de 2022. Elle distingue cinq classes de population dans l’AAV de Lyon, dont quatre sont analysées en détail :
- Les jeunes et cadres souvent en location (16 % des actifs) sont les plus enclins à utiliser les modes doux (25 %, dont 16 % à pied et 9 % à vélo). Ils résident principalement dans l’hypercentre lyonnais, où la distance domicile-travail est courte et les aménagements cyclables et piétons bien développés.
- Les populations urbaines défavorisées (13 % des actifs), souvent situées en périphérie (Vaulx-en-Velin, Vénissieux, sud du 8e, Villefranche-sur-Saône…), utilisent davantage les transports en commun (26 %), mais restent majoritairement automobilistes (67 %), en raison d’horaires décalés ou de l’éloignement des zones d’emploi.
- Les familles et retraités aisés (35 % des actifs), résidant dans la couronne ou l’ouest lyonnais, utilisent massivement la voiture (80 %). Ils parcourent en moyenne plus de 10 km pour se rendre au travail.
- Les personnes moins aisées vivant en maison (11 % des actifs), souvent situées en bordure de l’AAV et dans des zones peu desservies, ont un usage très marqué de la voiture (82 %), avec une distance médiane de 16 km.
Le centre de Lyon plus propice aux mobilités douces
Dans l’hypercentre, notamment dans les quartiers de la Part-Dieu, de la Presqu’île, du nord du 7e, du 6e arrondissement et des pentes de la Croix-Rousse, la part des déplacements à pied ou à vélo dépasse 30 %, avec un pic à 40 % dans certains iris comme Juliette Récamier ou les Brotteaux. Le 6e arrondissement concentre également la plus forte proportion de cadres (48 %).
Ces déplacements courts sont facilités par la densité des emplois sur place, les réseaux de transport en commun et l’accessibilité à pied. L’arrivée du réseau express cyclable « Voies Lyonnaises » contribue aussi à cette dynamique, avec 7,6 millions de trajets à vélo recensés sur les grands axes en 2024, soit une hausse de 8 % par rapport à 2021.
Des écarts selon les jours de la semaine
Les données issues de la téléphonie mobile révèlent que les déplacements domicile-travail sont plus faibles le mercredi (–11 %) et atteignent un pic le jeudi (+8 %), particulièrement pour les habitants de la couronne. Le télétravail et le temps partiel expliquent une partie de ces variations.
Une mobilité encore très carbonée en périphérie
L’étude souligne que dans l’Ain, neuf actifs sur dix utilisent encore leur voiture. À Joyeux, près de Villars-les-Dombes, 19 % des habitants recourent tout de même aux transports en commun, un chiffre supérieur à la moyenne pour cette catégorie.
Globalement, le développement du covoiturage et des alternatives à la voiture individuelle est identifié comme un levier essentiel pour réduire les émissions de gaz à effet de serre issues des trajets domicile-travail, qui représentent environ 4 % des émissions régionales.