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« Dishonored » : Arkane, le dernier grand studio lyonnais vient de sortir « le » jeu vidéo de cette fin d’année

Eden Games vendu en mai dernier par Atari, Etranges Libellules qui a déposé son bilan : la conjoncture n’est pas joyeuse dans le monde des jeux vidéo. Seuls subsistent quelques grosses machines. C’est le cas d’Arkane Studio, basé à Lyon qui vient de sortir « le » jeu de cette fin d’année : « Dishonored » l’un des plus chers jamais produit, 20 millions d’euros. Il cartonne déjà en Grande-Bretagne et en France.

Dans un monde du jeu vidéo qui s’amuse à jouer aux montagnes russes, la conjoncture n’est pas toujours drôle. L’édition de jeux vidéo en France a perdu la moité de ses effectifs au cours de ces cinq dernières années.

Pour la seule ville de Lyon qui constitue avec Londres l’un des centres les plus importants en France en matière de jeux vidéo, on a assisté au cours de cette seule année 2012 au dépôt de bilan « d’Etranges Libellules », l’un des plus talentueux, pourtant, mais aussi à la vente par Atari de son studio de création, Eden Games.

Le darwinisme joue à plein dans ce monde sans pitié. Avec le développement des jeux massivement multi-joueurs en ligne, les jeux sur mobile, la lutte effrénée entre éditeurs de consoles, la consommation de jeux évolue de mois en mois.

Seuls dans cette ambiance digne d’un jeu vidéo , subsistent les studios qui se sont accrochés à quelques niches (les serious games qui vont tenir à Lyon leur convention annuelle du 22 au 23 octobre) ou les jeux sur mobiles, ou encore les très gros porteurs, des studios capables d’investir plusieurs dizaines de millions d’euros sur un seul jeu.

Tel est le cas du studio lyonnais Arkane, créé à Lyon en 1999, puis passé en 2010 dans le giron de l’Américain Bethesda, filiale du groupe ZeniMax Media.

L’entreprise lyonnaise vient de lancer son titre phare de l’année « Dishonored », un jeu vidéo d’assassinat et d’infiltration. Il a disposé de très gros moyens, non divulgués par le studio, mais estimés par les plus fins connaisseurs du secteur, à près de vingt millions d’euros : dix millions pour la fabrication du jeu, puis dix autres pour le marketing et la promotion, car bien évidemment, « Dishonored » bénéficie d’un lancement mondial, obligatoirement très onéreux.

Ce jeu est sorti la semaine dernière. « Selon le classement GFK qui fait autorité dans le métier, nous sommes déjà classés parmi les trois premiers jeux les plus vendus en Grande-Bretagne et le premier jeu en France », se félicite Romuald Capron directeur général d’Arkane Studio.

Un des seuls studios au monde à pouvoir fabriquer un jeu de ce type

Ce jeu qui avait été dévoilé lors de la dernière grand-messe des jeux vidéo, l’E3 de Los Angeles, est une superproduction qui plonge le joueur dans la peau d’un garde, injustement accusé du meurtre d’une impératrice et de l’enlèvement de sa fille et qui se voit offrir une chance, par la violence ou par des moyens d’une plus grande finesse, au choix, de prouver son innocence.

Avec son arrière plan d’Angleterre victorienne, ce « blockbuster » qui est en passe de figurer parmi les jeux les plus vendus au monde en cette fin d’année, illustre le savoir-faire des équipes d’Arkane et surtout des moyens mis par sa maison-mère, américaine Bethesda.

« Ce jeu a demandé trois ans et demi de travail à nos équipes. Au plus fort de sa fabrication, quatre-vingt-dix personnes travaillaient dessus », se remémore Romuald Capron, le patron d’Arkane Studio.

Créée en 1999 par Raphaël Colantonio qui est parti installer en 2005 une antenne de vingt personnes à Austin au Texas où il réside, Arkane, compte au total soixante-dix personnes. Son succès est basé sur la qualité permise grâce à l’embauche des meilleurs de la profession, mais aussi à une stratégie dont il ne s’est jamais départie.

« Ce jeu est l’aboutissement d’un parcours de treize ans », explique Romuald Capron. Il poursuit : « Nous figurons parmi les quatre à cinq studios au monde capables de fabriquer ce type très précis de jeu qui connait un grand succès : des jeux dits immersifs qui offrent une grande liberté aux joueurs, leur permettant toute une gamme de possibilités dans un monde global dans lequel ils s’immergent totalement pour créer leurs propres expériences. »

C’est ce savoir-faire unique qui a amené Bethesda à investir très fort sur les équipes d’Arkane, tant à Lyon qu’à Austin.

Sans doute une suite…

Le fait d’appartenir à un grand groupe apporte un vrai confort au studio lyonnais : « Depuis notre rachat, nous n’avons plus de problème de trésorerie et nous pouvons uniquement nous concentrer sur le partie créative des jeux », constate le patron d’Arkane qui se souvient des difficultés qu’il avait rencontrées lorsqu’une coopération sur un jeu avec les Américains Valve et Electronic avait dû être stoppée net, fragilisant alors le studio. « Tout n’a pas toujours été aussi facile », reconnaît le boss d’Arkane.

Y aura-t-il une suite à « Dishonored », le jeu à 20 millions d’euros ? Sans l’annoncer aussi clairement, Romuald Capron ne l’exclut pas. « Dans notre métier, il faut trouver le bon équilibre entre les créations pures et les suites qui, il faut bien le dire, constituent le Saint-Graal de notre profession… »