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Dominique Hervieu, directrice de la Maison de la Danse de Lyon : “ Nous ne sommes pas en danger, mais fragilisés “

Pendant trois mois, j’ai eu l’impression d’être dans une lessiveuse !” Alors qu’elle préparait la Biennale de la Danse et son défilé qui auraient dû se dérouler à la rentrée 2020 (du 11 septembre au 2 octobre), Dominique Hervieu a dû revoir et reporter tous ses projets à la lumière du confinement et de l’arrêt de toutes les activités issues du spectacle vivant. D’autant plus compliqué que la Maison de la Danse vit pour une bonne part de sa billetterie inexistante depuis la mi-mars… Entretien.

Le spectacle vivant est le secteur le plus impacté par la crise actuelle. Comment vivez-vous cette situation ?

Dominique Hervieu-Ces trois derniers mois j’ai eu l’impression d’être dans une lessiveuse ! Il a fallu à la fois reporter les spectacles qui étaient prévus à la Maison de la Danse dans le cadre de la saison, mais aussi la Biennale de la Danse et le défilé qui auraient dû se dérouler à la rentrée.

Une situation compliquée aussi financièrement ?

Oui, car la caractéristique de la Maison de la Danse est la présence d’un public nombreux et fidèle, ce qui nous permet d’avoir un budget issu à hauteur de 60 % de la billetterie et de 40 % seulement pour les subventions. Or, depuis plus de trois mois, nous n’avons plus aucune billetterie…

C’est un modèle qui fonctionne bien en temps normal, mais qui en temps de crise, comme actuellement, nous fragilise particulièrement.

Vos subventions émanent de l’Etat, de la Métropole et de la Ville de Lyon, est-ce qu’elles envisagent de pallier ce manque à gagner ?

Nous avons posé la question à nos tutelles : elles nous ont répondu qu’elle vont se pencher sur la Maison de la Danse de Lyon. J’ai bon espoir.

Notre avenir n’est pas en danger, mais nous sommes incontestablement fragilisés.

Notre déficit pour cette saison sera plus ou moins important, en fonction du plan de soutien attendu.

Comment préparez vous la saison à venir ?

Le premier point est celui de notre jauge qui, en fonction des protocoles sanitaires actuels, passerait de 1 100 places à 355 places.

Nous avons donc élaboré notre programme et notre campagne d’abonnement selon ce critère. Il faudra attendre le 12 juillet prochain pour savoir si ce protocole sanitaire sera assoupli ou non ; et si nous pouvons augmenter la jauge.

Et cette rentrée à la Maison de la Danse ?

Elle se fera en douceur, avec à la fois des spectateurs et les artistes avec qui nous sommes totalement solidaires. Ils sont sous le choc et actuellement, leur situation est très difficile…

Il nous faut être utile aux artistes et faire remarcher la machine.

Cela signifie que pendant les deux premiers mois de la saison 2020/2021, en septembre et octobre, l’accueil de la Maison de la Danse sera gratuit. Les portes des répétitions sur le grand plateau seront ouvertes au public, Le Ballet de l’Opéra de Lyon viendra répéter une pièce, ainsi que le Centre National de la Danse ; il y aura une reprise de Mourad Merzouki.

Economiquement, pendant ces deux mois, nous allons fonctionner sur notre budget consacré à l’Education à la danse

Et ensuite ?

La saison elle-même, démarrera le 4 novembre avec un “Chaplin” du Ballet de l’Opéra du Rhin, mais ce ne sera pas une saison de rattrapage, plus dense.

L’idée est de nous reconstruire avec le bon tempo pour donner à notre public le goût, l’envie de revenir. Nous avons ainsi lissé tous les reports de spectacles jusqu’en 2022. Nous avons dû cependant annuler quelques pièces pour des raisons de difficultés de calendriers.

Nous allons augmenter le rythme au fur et à mesure de la saison, avec une montée crescendo et une fin de saison bien étoffée.

Vous avez lancé la campagne d’abonnement pour la saison 2020/2021. Où en êtes vous ?

Une bonne surprise : les abonnements sont bien repartis. Le premier jour d’ouverture, nous étions à 72 % des inscriptions vis à vis de 2019. Pour le reste, nous gérons les listes d’attente…

Et quid de la Biennale de la Danse reportée ?

Nous avons pu reporter beaucoup de spectacles. Ce sera une Biennale resserrée, avec moins d’offres, mais nous avons pu garder l’essentiel. Il y aura notamment une importante création d’une artiste coréenne : on a pu faire mieux que sauver les meubles. Un vrai miracle !