Eric Oboeuf rend les clés du Sofitel Lyon Bellecour
Un record : Eric Obœuf était aux commandes du Sofitel du quai Gailleton à Lyon depuis vingt-et-un an ! Cette figure de la vie lyonnaise tourne une page importante de sa vie professionnelle : il vient de quitter le groupe hôtelier Accor pour prendre sa retraite.
Né à Tunis en 1949, d’un père nordiste et d’une mère corse, Eric Obœuf passe sa jeunesse à Saint-Tropez et fourbit ses premières armes hôtelières à l’Hôtel de Paris. Il obtient ensuite à Paris un diplôme de gestion hôtelière qui lui ouvre toutes grandes les portes de la profession.
L’hôtel Coburg à Londres, l’Excelsior à Cologne, l’ouverture du Byblos à Saint-Tropez, le Plaza Athénée à Paris constituent pour lui autant d’écoles lorsqu’il entre dans le groupe Accor en 1974. D’abord chasseur, bagagiste, serveur, puis co-dirigeant de l’établissement, il intègre le Sofitel Lyon Bellecour en 1976.
Le directeur d’alors, Lucien Chapat sera pour lui un formateur hors pair, de 1976 à 1980. Il passera ensuite par les Sofitel de Nantes, Porticcio en Corse ou encore Mineapolis, avant de revenir à Lyon en 1989, non plus comme sous-directeur, mais comme directeur général.
Son souvenir le plus fort ? Sans aucun doute, la tenue du G7 à Lyon en juin 1996 et la « réquisition » de l’hôtel par la Maison Blanche et Bill Clinton. De la voiture bourrée d’électronique basée en permanence devant l’hôtel aux groupes électrogènes de sécurité installés derrière, tout était aux couleurs du drapeau américain, y compris un duty free shop installé à même l’hôtel !
Mais surtout, Eric Obœuf quitte un établissement qu’il a contribué ces dernières années à hisser en gamme à l’issue de lourds investissements, réalisés de surcroît en plein crise économique : 6,5 millions d’euros. A comparer aux 16 à 18 millions d’euros de chiffres d’affaires que réalise d’ordinaire cet établissement (13 millions d’euros seulement en 2009 pour cause de crise économique).
Nouveau patio, nouveaux bars, nouveaux restaurants, chambres redécorées et améliorées ont permis à l’hôtel de bénéficier du nouveau classement en cinq étoiles.
Mais la plus grande fierté d’Eric Obœuf est la reconnaissance par le Guide Michelin des « Trois Dômes », le restaurant gastronomique situé au huitième étage de l’hôtel. Quatre années d’un partenariat avec le célèbre chef Alain Senderens, en collaboration avec le chef -maison, Alain Desvilles, lui a permis d’obtenir en 2005 le macaron tant convoité. Eric Obœuf en rêvait depuis son arrivée à la tête du Sofitel.
Pendant vingt-et-un ans, Eric Obœuf qui a fait le tour du monde a été un observateur attentif du chemin mené par les maires successifs pour transformer Lyon une vraie ville internationale qui compte à l’échelon européen .
Pour lui, « Lyon n’est malheureusement encore qu’une ville moyenne européenne. Le fait qu’il n’existe aucune ligne intercontinentale vers New York ou l’Asie, au départ de Saint Exupéry, cette gare ferroviaire vide au sein de l’aéroport ou cette arrivée tardive d’une liaison ferroviaire entre Lyon et l’aéroport ne sont pas de bons signes », assure-t-il.
Il regrette beaucoup aussi le départ du Grand Prix de Tennis de Lyon pour Montpellier, qui coûte à l’établissement qu’il a dirigé, près de 700 nuitées et plus de 300 repas !
Avant de quitter définitivement le Sofitel, Eric Obœuf a remis les clefs de l’établissement à Silvio Iacovino, un Italien de 44 ans qui dirigeait jusqu’à présent le Sofitel de Luxembourg.
Après des vacances qu’il passera cet été en Corse, Eric Obœuf reviendra à Lyon où il ne compte pas rester inactif : il envisage de s’installer comme consultant spécialisé en hôtellerie et restauration pour restituer la somme d’expériences accumulées dans la gestion d’un des principaux fleurons de l’hôtellerie lyonnaise.
Photo (Michel Godet) : Eric Obœuf à l’heure du départ.