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Florence Agostino-Etchetto, directrice générale de Lyonbiopôle  » On n’a pas à se poser la question, celles qui ont envie, il faut qu’elles le fassent « 

Florence Agostino-Etchetto, spécialiste de l’innovation dans le domaine de la santé, occupe avec passion la direction générale du pôle de compétitivité Lyonbiopôle, qui regroupe l’ensemble des acteurs de la filière. Elle a trouvé sa place, dans ce milieu où les postes de direction, restent encore très masculins.

Directrice générale depuis 2013 de Lyonbiopôle, Florence Agostino-Etchetto anime avec allégresse le pôle de compétitivité au rayonnement mondial qui fédère plus de 220 adhérents (entreprises de toutes tailles, établissements de santé, structures de recherche, fondations…) dont la mission est de soutenir des projets innovants dans le secteur de la santé.

Florence Agostino-Etchetto est Directrice d’hôpital, diplômée de l’École des Hautes Etudes en Santé Publiques (ex ENSP), en droit et sciences politiques. Elle a rejoint l’équipe de Lyonbiopôle en septembre 2012 en qualité de Directeur de l’innovation et des nouvelles initiatives. Auparavant, Florence Agostino-Etchetto a exercé aux Hospices Civils de Lyon où elle a occupé différentes fonctions dont les postes de Directeur adjoint à la Direction de la Biologie et de l’Anatomie Pathologique puis Directeur Adjoint à la Direction de la Recherche et de l’Innovation.

Quel type de management incarnez-vous à LyonBiopôle ?

Florence Agostino-Etchetto-  » j’incarne un management respectueux des compétences des autres. Moi, il y a beaucoup de choses que j’ignore et j’apprends au quotidien. Donc, j’ai la chance de travailler avec une équipe de gens extrêmement, experts et compétents. Mon rôle est de donner une vision, un cap, une direction. Ensuite, de travailler étroitement avec des gens qui pour certains, ont une compétence supérieure à la mienne et de savoir, je l’espère, leur laisse une latitude d’actions suffisantes dans le cadre de cette stratégie. Puis d’être à l’écoute de ce qu’ils peuvent apporter et qui est aussi respectueux de chacun. »

Comment exercez-vous votre pouvoir tant que cheffe d’entreprise ?

 » J’essaye de ne pas être dans l’exercice du pouvoir justement. Moi, je ne considère pas que j’ai un pouvoir, je considère que j’ai une mission et plus de devoirs que de pouvoirs. J’ai un devoir de faire avancer la structure que je dirige, j’ai un devoir vis-à-vis de mes collaborateurs et moi, j’aime bien ce mot « collaborateur » parce que la racine, c’est collaborer, travailler ensemble. »

J’ai un devoir d’écoute, de clarté, de transparence et puis nous, on est une structure qui travaille beaucoup pour les autres. Au vu des résultats que ça produit aussi, on a un devoir très fort vis-à-vis de nos adhérents, et de ce qu’on doit leur mettre à disposition. Je crois que la direction que j’essaye d’incarner, est plutôt une direction fondée sur la conscience de la mission, la conscience du devoir qu’on a, plus que de l’exercice d’un pouvoir.

Avez-vous du mal à endosser cette casquette de cheffe d’entreprise ?

 » Non. Honnêtement, j’ai choisi cet itinéraire. Celui d’aller voir au-delà du monde hospitalier, la façon dont les choses pouvaient se construire. J’ai fait l’École des Hautes Études en Santé Publique, donc quand on parle de santé publique, on sait qu’on doit faire aussi des approches qui parfois sont plutôt de l’ordre politique, structurelle. Donc, pour moi, c’était beaucoup plus une trajectoire. Elle est un peu atypique ma trajectoire, j’en ai bien conscience, mais c’était une trajectoire finalement assez naturelle. »

Qu’est ce qui a changé depuis votre arrivée à la tête de LyonBiopôle ?

 »  Ce qu’on a su faire faire, c’est grandir. Au départ, nous avions 90 adhérents et maintenant, nous avons 210. Ce qu’on a su faire aussi paradoxalement, c’est garder l’ADN de ce qu’on est, c’est-à-dire rester malgré tout, une structure qui ne travaille pas pour elle-même, pour sa propre visibilité, mais pour la visibilité de ses membres et de son écosystème. Il y a vraiment cet aspect d’ancrer une vision de l’innovation comme facteur de développement au service des entreprises, au service des patients in fine. »

Puis nous avons pu évoquer de façon pertinente beaucoup de sujets : celui du financement des entreprises, des sujets scientifiques aussi qui n’étaient pas du tout ceux du pôle. Nous avons identifié des acteurs qui aujourd’hui viennent nous voir alors qu’ils ne venaient pas avant. Comme par exemple, un certain nombre de cliniciens, de médecins qui ne connaissaient pas ce type de structures, qui n’étaient pas forcément dans une dynamique de collaboration avec de petites entreprises et qui aujourd’hui le font. »

Rencontrez-vous des difficultés dans l’exercice de vos fonctions ?

 » Tout d’abord, la santé est un milieu très paradoxal. En effet, quand on parle de soins, notamment à l’hôpital, il y a beaucoup de femmes qui y travaillent. En revanche, les métiers et les postes de direction, restent encore malheureusement des postes masculins. 

Personnellement, je ne peux pas dire que j’ai eu des difficultés vis-à-vis de ça. Pour moi, il n’a jamais été question de savoir si le fait d’être une femme devait être pris en considération, mais plutôt le fait d’être compétent, de remettre toujours en question ses compétences pour avancer, construire. Et puis, d’essayer de mettre ce que je peux au service des autres dans des postes qui effectivement sont plutôt des postes de direction. »

Le débat autour de la place des femmes à des postes clés dans les entreprises, vous anime-t-il ?

 » Je me sens très concernée par le débat sur la place des femmes dans le monde économique. Quand j’ai commencé à travailler il y a 20 ans, il y avait très peu de femmes à des postes de direction. Je me disais, les choses vont changer, les choses sont déjà entrain de changer. Et puis finalement, 20 ans plus tard, je me rends compte que les choses n’ont peut-être pas changé aussi vite que ce que moi, j’avais en tête. Donc forcément ça interpelle, c’est ce qu’on appelle les moments un peu clés.  »

Dans le cadre de la promotion de femme dans l’entrepreneuriat, quelles solutions proposez-vous ?