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Inauguration de l’usine Symbio à Saint-Fons : une Gigafactorie de piles à combustible hydrogène, certes, mais pour quel avenir ?

Il y avait du beau monde dont deux ministres,  Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique et Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie, pour participer le 5 décembre à l’inauguration de la première Gigafactorie française de piles à combustible, basée à Saint-Fons dans la Vallée de la Chimie. Mais cette inauguration n’a pas totalement répondu aux interrogations sur l’avenir de la filière basée sur l’hydrogène et notamment pour l’automobile. L’hydrogène sera-t-elle le pilier de notre avenir décarboné ? Des interrogations subsistent encore.

Le grand avantage de la pile à combustible alimentée par l’hydrogène est qu’elle ne produit que… de l’eau.

Pour beaucoup l’hydrogène est donc l’avenir de la planète. Possible, mais s’ils sont nombreux à parier sur cette source d’énergie, on n’est pas encore certain qu’elle en sortira à coup sûr vainqueur.

Tel est le pari de l’usine Symbio de Saint-Fons à 1 milliard d’euros qui commence à produire ses premières piles à combustible. Jusqu’à 50 000 lorsqu’elle tournera à plein et 16 000 actuellement.

Il n’y a actuellement que 20 000 véhicules à hydrogène qui circulent dans le monde. Un certain nombre de constructeurs n’y croient toujours pas.

Pourtant, actionnaires à parts égales de l’usine Symbio, Stellantis (Peugeot, Citroën, Fiat, etc.), avec ses partenaires Michelin et l’équipementier Forvia, un fabricant de réservoirs hydrogène ont basé une part de leur stratégie sur l’hydrogène à destination de l’automobile en investissant dans cette Gigafactorie qui s’étend aujourd’hui sur 26 000 m2, et 40 000 m2 à terme..

Reste encore à fabriquer les voitures, et vans, puis à les vendre… Et cela n’apparaît pas si simple.

Pourtant, face à la pure voiture électrique, les avantages de la voiture à pile à combustible hydrogène paraissent évidents. Leur réservoir se remplit en moins de dix minutes pour une autonomie d’au moins 500 km, alors que la recharge d’une voiture purement électrique est on le sait beaucoup plus longue.

Ceci sur le papier.

Mais dans la vie réelle l’équation est plus compliquée.

Carlos Tavares, le directeur général de Stellantis reconnaît que son activité hydrogène est plus que restreinte : une centaine de véchicules à hydrogène vendus seulement. Mais il se veut visionnaire : « « Cette technologie de la pile à combustible est un élément clé du puissant écosystème que nous développons pour soutenir notre objectif audacieux d’atteindre d’ici à 2030, 100 % de nos ventes en électrique en Europe et 50 % aux Etats-Unis. »

Le mot est lâché : « audacieux »…

Stellantis qui devrait être dans une premier temps le principal client de Symbio assemble depuis peu plusieurs modèles de vans à hydrogène (Peugeot e-Expert, Citroën ë-Jumpy et Opel Vivaro-e), mais aussi ses pick-ups de sa marque Ram et des véhicules de plus grande dimension pour le marché américain.

Or, ce n’est pas avec les prix pratiqués, exorbitants pour l’heure que ces vans vont se vendre.

Il faut que l’hydrogène devienne abordable. Là est tout le pari. Et le rôle de l’Etat dans l’histoire est primordial, via des primes à l’achat, jusqu’au moment où les prix vont baisser avec la multiplication des séries permettant d’amortir les frais.

Manifestement l’Etat y croit : Symbio a prévu 1 milliard d’euros d’investissements sur la période 2021-2028, tandis que l’État en apporte de son côté près de 600 millions d’euros ! Sans l’Etat, c’est bien simple, il n’y aurait pas eu d’usine Symbio à Lyon.

En tout cas c’est lancé : aujourd’hui, l’usine peut fabriquer 16 000 piles à combustible chaque année. L’objectif est d’augmenter le rythme à 50 000 unités en 2026.

Il faudra donc attendre encore un petit peu pour être sûr que Stellantis a misé sur la bonne technologie. Le pari n’est donc pas encore gagné…

Reste que cette inauguration place Lyon en tête des villes et régions hydrogène.

Outre la Gigafactorie, « SymphonHy », le nom du site, accueille aussi un « centre d’excellence technologique et industrielle » rassemblant près de 450 ingénieurs dont 100 dédiés à l’innovation. Et sur l’ensemble de la durée du projet, un millier d’emplois devraient être créés.

Reste désormais à Symbio à assumer son ambition affichée : devenir « un champion industriel de la technologie pile à combustible de niveau mondial. »  Le plus dur reste à faire…

Photos Stellantis/Symbio