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Introduite en Bourse : la biotech lyonnaise Elsalys, 1ère société française à proposer un produit d’immunothérapie

Son principal concurrent, le géant suisse de la santé, Novartis… Elsalys, biotech lyonnaise de… 17 salariés s’apprête à s’introduire en Bourse pour conserver son avance dans le nouveau domaine de la lutte contre le cancer : l’immunothérapie. Elle compte lever entre 15 et 20 millions d’euros.

Créée il y a cinq ans, ElsaLys, la biotech lyonnaise, « spin off » (1) de Transgene était jusqu’à présent restée discrète, très discrète.

Elle s’apprête à effectuer une entrée spectaculaire sur le marché boursier, prévoyant de lever de 15 à 20 millions d’euros sur Euronext.

Elle a déjà obtenu des engagements de son actionnaire historique, la société IM Europe, filiale de l’Institut Mérieux, et des laboratoires THéA, signataires début 2018 d’une option de licence sur sa molécule ELB011 en ophtalmologie (lire plus loin).

C’est en effet la toute première société pharmaceutique française à enregistrer auprès des autorités sanitaires un produit issu de l’immunothérapie, nouvelle frontière très prometteuse de la lutte contre le cancer, mais pas que…

En cinq ans d’existence et 10 millions d’euros de levées de fonds successives, les quatre co-fondateurs d’Elsalys appuyés par des actionnaires fidèles (*), tous issus de Transgene ont réussi à développer et à mettre au point un premier produit, le Leukotac qui luttant contre une complication de la greffe de moëlle osseuse, touchant 50 % des patients greffés, provoque près de 4 000 morts par an dont un millier d’enfants dans la seule Europe.

Il n’existe pas d’alternative au Leukotac dont les phases pré-clinique ont montré l’efficacité et beaucoup moins de désagréments par rapport aux produits actuellement utilisés, faute de mieux : ses retombées n’aggravent pas l’état de patients déjà très affaiblis.

Pour Christine Guillen, docteur en pharmacie, une des quatre co-fondateurs et directrice générale d’Elsalys, le Leukotac sera présenté l’année prochaine auprès des autorités sanitaires françaises pour obtenir son autorisation de mise sur le marché ; puis ensuite auprès des autorités sanitaires européennes pour obtenir la même autorisation, mais cette fois pour l’ensemble des pays de l’Union Européenne. Des autorisations qui, selon elle, ne devraient pas poser de problème, vu les avantages procurés par ce produit.

Entre 15 et 20 millions d’euros

C’est cette échéance concrète pour cette entreprise qui ne réalise depuis cinq ans aucun chiffre d’affaires qui a amené ce projet d’introduction en Bourse programmée pour le 28 mai (règlement, livraison des actions, le 31 mai). Il s’agira alors de lever entre 15 et 20 millions d’euros sur le compartiment boursier Enronext Growth (l’ex-Alternext).

« Lorsque nous serons en développement complet, nous devrions réaliser 100 millions d’euros de chiffre d’affaires… », lance ainsi la directrice générale d’Elsalys.

Car derrière le Leukotac, d’autres produits, certes moins matures, pour l’heure, se profilent.

Dont un médicament (ELB 0211) basé toujours sur l’immunothérapie qui a notamment pour but de lutter contre un fléau grandissant en matière d’ophtalmologie : la DMLA (la dégénérescence maculaire). Un accord a d’ores et déjà été conclu avec un grand du secteur, THéA avec des retombées importantes au fil des applications : paiement de 85 millions d’euros pour deux indications prouvées, puis 15 % de redevances sur le chiffre d’affaires réalisé.

Mais encore, sur le même concept, mais adapté à d’autres cancers, Elsalys a trois autres produits en portefeuille à des stades plus précoces de développement : ELB021, ELB031 et ELB041 qui doivent encore passer les études cliniques. Le pipe-line n’est donc pas prêt d’être tari…

Ces produits, des anticorps ne sont pas fabriqués directement par ElsaLys, mais par son partenaire, LFB, basé à Alès.

Un traitement complet : 25 000 euros

Un partenaire précieux et référencé auprès des autorités sanitaires mondiales. Il faut savoir que la boîte de cinq ampoules de Leukotac coûte 1 400 euros : un traitement, complet frôle les 25 000 euros ! On comprend à cette aune, que lorsqu’elle bénéficiera de ses autorisations de mise sur le marché de ses produits, le chiffre d’affaires d’ElsaLys devrait alors croître très vite.

Car parallèlement, pour le Leukotac, le premier produit qui sera mis sur le marché, une même démarche est en cours auprès de la FDA américaine (Food and Drug Administration) ; et ce, afin de permettre à la start-up de s’attaquer au marché américain : elle est à la recherche d’un partenaire pour un accord de licence.

 Ce sont ces perspectives que les investisseurs regarderont de près lors de l’introduction en Bourse, donnant ou non, l’élan définitif à cette petite biotech qui pourrait faire de la sorte la nique au géant Novartis. A suivre…

(1) spin off : une forme de scission d’entreprise

(*) Les 1ères levées de fonds d’Elsalys ont été réalisées auprès de Transgene et Sofimac Innovation, rejoints en 2015 par Institut Mérieux Europe et Crédit Agricole Création.