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Investissements métropolitains : “Bruno Bernard lâche les communes !”

Une cinquantaine de maires de la Métropole lyonnais sur cinquante-neuf viennent de faire paraître une lettre ouverte se plaignant de la place congrue, laissée aux communes au sein du Plan de Mandat (PPI) de Bruno Bernard, le président de la Métropole. Les maires mécontents appartiennent au “Rassemblement de la Droite et du Centre et de la Société Civile”, “au groupe “Les Progressistes”, au groupe “Synergies Métropole” et à celui “Inventer la métropole de demain”.

“Les 59 maires de la Métropole ont reçu la semaine dernière les lettres d’arbitrage de Bruno Bernard, Président de la Métropole, au sujet de la programmation pluriannuelle des investissements (PPI) 2021-2026 dans les communes.

Au sein de nos groupes, nous rassemblons une cinquantaine de maires de la Métropole, qu’ils soient élus métropolitains ou non. Au-delà de nos sensibilités politiques et de nos attaches politiques ou partisanes, la lecture de ces courriers a été amère pour l’écrasante majorité des maires de la Métropole. La sidération le partage en vérité à la colère tant le compte n’y est pas pour les communes !

« Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup ». Nos 4 groupes, qui comptent au total 64 élus, avaient alerté en janvier 2021, lors du vote de cette PPI sans concertation en Conseil de la Métropole, sur le flou artistique d’un document trop généraliste qui posait des grands principes sans détailler les investissements et leur territorialisation. Son caractère politisé et incomplet avait soulevé de nombreuses inquiétudes. Ce vote avant même que les communes aient fait remonté l’ensemble de leurs besoins et que l’exécutif ait pu arbitrer en fonction des enveloppes disponibles et des priorités était prématuré. Nous avions d’ailleurs refusé de signer ce chèque en blanc à Bruno Bernard.

Depuis, les maires ont fait remonter leurs projets et leurs besoins afin d’engager un dialogue avec l’exécutif métropolitain, dans des conditions d’ailleurs très disparates d’une commune à l’autre. Ce dialogue s’est souvent limité à une écoute affable, sans aucune indication sur les orientations qui seraient retenues par la Métropole. Et voilà donc que 6 mois plus tard, les courriers d’arbitrages arrivent opportunément aux maires quelques jours après le Conseil de la Métropole, dernière instance métropolitaine publique avant l’été. La méthode serait risible si elle ne relevait pas d’une manoeuvre politicienne bien éprouvée pour tenter de noyer le poisson sur le rivage des vacances d’été.

Car pour la plupart des communes, au-delà du fait qu’ils sont truffés d’erreurs, les courriers d’arbitrages relatifs à la PPI sont particulièrement décevants. Pour nombre d’entre elles, les projets retenus ne correspondent pas à leur choix ou à leur priorisation. Les projets d’intérêt général défendus par les communes sont très largement rejetés, sans explication, au milieu d’un charabia qui cite des lancements d’études, des projets déjà arbitrés ou engagés sur le précédent mandat, des projets d’ampleur métropolitaine qui ne concernent pas les habitants des communes en proximité (eau, assainissement, REV, etc.), des projets portés par le Sytral (et non la Métropole)…

La plupart des projets relatifs à la voirie et aux espaces publics dans les communes, permettant d’améliorer le cadre de vie des habitantes et des habitants, sont repoussés de manière expéditive.

Même quand les communes ont proposé des projets allant dans le sens des priorités avancées avec lyrisme par le Président de la Métropole et son exécutif (apaisement des circulations, sécurisation des voiries, développement de la marche et de la pratique cycliste, végétalisation des espaces publics, etc.), la réponse a été la plupart du temps négative de la part de Bruno Bernard.

Cela ne vient qu’alimenter le constat que l’exécutif métropolitain ne sait pas et ne veut pas travailler en réelle concertation avec les communes, engager un dialogue constructif et équilibré avec les maires, et qu’il préfère écouter poliment avant d’imposer sa vision dogmatique sans tenir compte des réalités terrain.

Et tout cela dans un contexte généralisé d’opacité, sans que jamais les élus métropolitains n’aient eu connaissance d’une véritable PPI détaillée leur permettant d’évaluer les priorités établies, les projets retenus, les montants dédiés, ligne par ligne.

Où vont passer les 3,6 milliards d’investissements promis sur ce mandat ? Visiblement, pas dans nos communes ! La plupart de la PPI sera-t-elle concentrée sur la ville-centre au mépris de l’équilibre territorial, pour satisfaire des intérêts électoralistes, et Bruno Bernard réserverait-il seulement les miettes pour la périphérie ?

Nous demandons expressément que la Métropole engage immédiatement une renégociation de la PPI avec les maires et les territoires, afin de répondre aux attentes et aux besoins des habitants en proximité. »