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La Maison Tournaire célèbre ses 50 ans
Autodidacte, le bijoutier montbrisonnais, Philippe Tournaire a su traverser les âges pour se faire un nom, une histoire et une signature somme toute très personnelle dans le microcosme de la joaillerie française. Rencontre avec celui qui se définit encore comme un artisan.  

Jamais je n’aurai imaginé, un jour, avoir des salariés …

C’est ainsi que Philippe Tournaire résume à sa façon les cinq dernières décennies écoulées.  Du haut de ses quelques printemps, qu’il ne désire plus compter, l’originaire de la Loire, le regard ciel azur, revient avec humilité, conviction et sagesse, jamais évaporée, sur les cinquante ans d’un succès aussi inestimable qu’imprévisible, selon ses propres mots. Il faut dire qu’à l’origine rien ne prédisposait ce fils d’artisan, installé alors à Baffie, un hameau d’une vingtaine d’âmes, situé à quelques encablures de Saint-Germain-Laval dans la Loire, à un tel parcours qui fait de lui le seul bijoutier indépendant français possédant une adresse place Vendôme à Paris.

De Montbrison à la place Vendôme

« J’ai quitté l’école lorsque j’étais adolescent car je m’ennuyais. Mais ce n’était pas pour rien faire, souligne-t-il, avant d’ajouter, à cette époque, j’étais passionné de sciences et de physique et j’ai alors passé un CAP de radio électronique. Un peu plus tard, en 1971, les premiers transistors sont sortis avec des circuits intégrés et je tentais avec des amis de résoudre les pannes qui étaient monnaies courantes. A cette même époque, toujours chez mes parents, des connaissances personnelles me demandaient de leur créer des bijoux. Et je relevais le défi. C’est un peu comme ça que tout a débuté ». Pendant onze ans, Philippe Tournaire va se concentrer, par hasard puis par passion, à la création de bagues, colliers et autres ornements sans forcément imaginer en vivre réellement. L’aventure prend une autre voie à l’aube des années 80. Sans le désirer, au départ, le petit artisan de la Loire, se voit presque dans l’obligation devant le succès suscité de gravir le col suivant. A savoir, l’ouverture de sa première boutique à Montbrison, qui demeure au fil de l’eau le siège et l’atelier de la maison éponyme.

Puis tout s’enchaîne. En 91, il devient Maître artisan, en 92, il crée sa collection iconique Alchimie qui représente, le passé, le présent et le futur, partagée entre le carré, le triangle et le rond.  En 99, il ouvre sa deuxième boutique à Lyon avant d’élire domicile au 7, place Vendôme, en 2004. A la fin des années 2000, après avoir collaboré avec des marques telles que Lacroix et Dupont, les routes de l’international s’ouvrent à lui. Et il s’implante entre autres en Chine et aux USA. La crise économique aura malheureusement raison de ces épisodes à consonance exotique. Malgré tout, le talent de l’artisan ligérien a conquis les esprits et il sera couronné de la Légion d’Honneur en 2013.

« La vie est un désordre organisé »

Cette même année, son fils Mathieu rejoint l’entreprise, qu’il dirige à présent. Sans que cela n’ait rien modifié à l’ADN de la maison. « La vie est un désordre organisé » affirme Philippe Tournaire qui brandit cette tirade en guise de parabole et de « philosophie personnelle qui m’a continuellement guidé dans mes créations et que mon fils a su s’approprier avec talent, et c’est ce qui fait de nos bijoux, des bijoux identifiables. » Il ne le dit pas aussi ouvertement que cela mais l’on perçoit que c’est ce qui fait sa fierté. Pour meilleur preuve de cette volonté et exigence personnelle, il certifie « avoir renoncé à chercher des artisans joailliers, je les forme à présent ! Et je les forme, tous à Montbrison », théâtre de création jamais éprouvé, même après 50 ans… Au bout de ce demi-siècle de fééries jubilatoires, la maison Tournaire emploie 40 salariés pour un chiffre d’affaires de 3,5 millions d’euros. Et elle brille de 1000 feux…