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Le fonds d’investissement PAI reprend les parts des frères Bahadourian dans “Grand Frais”

Les fonds d’investissement s’intéressent aussi à l’épicerie…

Le fonds d’investissement PAI vient en effet de racheter aux deux frères lyonnais Bahadourian, Leo et Patrick leurs parts dans la discrète success story régionale : “Grand Frais”.

Ce sont en effet eux qui géraient les rayons “Epicerie d’ici et d’ailleurs” de la chaîne via leur société Euro Ethnic Foods (EEF), une société luxembourgeoise, pour un chiffre d’affaires de 450 millions d’euros, soit 18 % du chiffre d’affaires total.

Le fonds PAI en rachète aujourd’hui 60 % sur une valorisation estimée entre 800 millions et un milliard d’euros.

240 magasins

Les deux frères ont touché le jackpot. Et conservent 40% de l’activité, dont le chiffre d’affaires a quintuplé en dix ans, ainsi qu’une partie des murs de la chaîne.

Que de chemin parcouru depuis que le grand-père, Djebraïl, chassé d’Anatolie par le génocide de 1915, a émigré à Lyon…

Il y a fondé, en 1929, une boutique aux mille saveurs qui porte toujours son nom. Elle s’est agrandie progressivement et a fait des petits aux Halles Bocuse, comme aux Galeries Lafayette.

Au fil des ans, l’entreprise a été scindée en deux : l’activité de détail, confiée au fils cadet, Armand, puis à ses filles ; l’activité de gros, revenue à l’aîné, Arthur, dont les enfants Léo et Patrick ont pris la suite.

Et c’est ainsi que l’on retrouve les frères Bahadourian dans le classement annuel des « 300 plus riches de Suisse » où ils sont domiciliés, du magazine helvète “Bilan”.

La success story “Grand Frais”

Après leur propre success story, la famille Bahadourian a su avec talent se greffer à une autre success story, celle de “Grand Frais

Cette enseigne est née en 1992 dans la région lyonnaise et plus précisément à Givors, à l’initiative de Denis Dumont, un grossiste en fruits et légumes.

Grand Frais est spécialisée dans le primeur, la boucherie et la crèmerie, la poissonnerie….

Une percée fulgurante et très peu médiatisée orchestrée par un patron quasi-invisible qui n’a jamais accordé la moindre interview à la presse. Ainsi alors que Grand Frais été élu enseigne de l’année 2009 par la magazine spécialisé LSA, son patron ne s’était même pas déplacé pour recevoir son prix !

Mais quel est le secret de la réussite de cette enseigne aussi discrète qu’elle est efficace ?

 Le concept d’une halle traditionnelle

Le concept de ces magasins ? Ils reproduisent le principe d’une halle traditionnelle de marché couvert en périphérie des villes en réunissant, sur des surfaces d’un millier de mètres carrés, cinq gammes de produits : les fruits et légumes, la crèmerie et la poissonnerie – trois rayons gérés par le groupe Prosol, la société de gestion qui regroupe les magasins -, ainsi que la boucherie et l’épicerie -des rayons pris en charge par des partenaires spécialisés.

A l’origine Denis Dumont possédait une activité de gros en fruits et légumes appelée Prosol.

Il a eu l’idée originale dans les années 1990, d’associer des grossistes spécialisés en fruits, légumes, boucherie et crémerie dans un même magasin. Très rapidement, un succès.

L’organisation des magasins est elle aussi originale. Les commerçants paient une quote-part en termes de charges générales. L’enseigne assure quant à elle la gestion des caisses, de l’entretien…

A savoir que ce modèle est souple et peut évoluer selon les structures, chaque magasin ayant sa propre entité juridique.

Deux fonds d’investissement au capital

Les commerçants sont actionnaires du magasin, mais aussi du GIE (Groupement d’Intérêt Economique) de la marque « Grand frais ».

Prosol, transformé en centrale d’achat, assure l’approvisionnement des magasins depuis Lyon pour les fruits et légumes.

Aux côtés de Denis Dumont, outre les frères Bahadourian, on trouve, Despi et Novoviande qui gèrent les rayons boucherie, Marie Blachère la boulangerie.

Denis Dumont a déjà cédé une part majoritaire de son activité (fruits et légumes, crèmerie et poissonnerie), à l’enseigne Prosol à une autre fonds : Ardian pour une valorisation qui se serait élevée à 1,4 milliard d’euros.

Bref, on trouve donc désormais au sein du capital de “Grand Frais”, deux fonds d’investissement.

Pas totalement surprenant : Grand Frais jouirait, selon une étude réalisé en 2018 par le magazine spécialisé « Linéaires », d’une marge deux fois supérieure à celle d’un Carrefour ou d’un Auchan, du fait de son modèle économique original…