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Le monde d’après : pour le Cinov, la crise du Covid-19 « doit être un accélérateur de la transition énergétique »

Le débat pour le monde d’après est ouvert et s’intensifie. Une partie du patronat représenté par le Medef et son président demande un moratoire des mesures environnementales qui étaient programmées pour faciliter la phase de reprise, après la crise. Au sein même du patronat, tout le monde n’est pas d’accord, en témoigne la vive position des professionnels du conseil, de l’ingénierie et du numérique qui regroupe 70 000 entreprises. Un débat qui ne fait que commencer…

La Fédération patronale du Conseil, de l’ingénierie et du numérique (Cinov) a critiqué vendredi 24 avril la demande du Medef d’un moratoire sur des mesures environnementales, estimant au contraire que la crise doit être un « accélérateur » pour la transition écologique.

Dans un courrier daté du 3 avril, adressé à la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne et signé par son président Geoffroy Roux de Bézieux, le Medef avait demandé « un moratoire de l’ordre de six mois » sur la préparation de nouvelles « dispositions énergétiques et environnementales », liées à la loi sur la lutte contre le gaspillage et l’économie circulaire.

Une prise de position qui a fait bondir Cinov, la Fédération patronale du Conseil, de l’ingénierie et du numérique.

« C’est totalement irresponsable. Ce n’est pas prendre la mesure des enjeux dans lesquels nous sommes. Nous avons des enjeux économiques, mais nous avons des enjeux écologiques aujourd’hui, sociétaux, qui transcendent la dimension économique et la dimension financière », a déclaré à l’AFP le président du Cinov, Frédéric Lafage.

Selon Cinov, la crise actuelle « doit être un véritable accélérateur de transitions énergétique, écologique et numérique que doivent franchir nos sociétés ». « Toutes les mesures d’un plan de soutien massif aux entreprises doivent être totalement compatibles avec ces conversions en prenant en compte en particulier, des critères comme la transition bas-carbone, la régénération de la biodiversité et la définition d’un nouveau pacte social », selon la fédération qui regroupe 70.000 entreprises et 900.000 collaborateurs.

« Reculer serait plus grave »

Et Frédéric Lafage d’appeler le gouvernement a ne pas laisser passer l’occasion  : « Dans six mois il y aura autre chose, une nouvelle crise, et on ne fera jamais les transformations qui sont absolument indispensables », prévient-il.

« La crise actuelle montre que nous faisons les frais d’un manque d’anticipation d’un événement prétendument imprévisible », relève le Cinov, qui poursuit : « la crise environnementale et climatique est, quant à elle, bien plus prévisible; reculer les mesures de lutte et les mesures d’adaptation serait encore plus grave ».

Le coronavirus « nous rappelle qu’on est complètement dépendants de l’écosystème dans lequel nous sommes, et on ne plus reporter éternellement la réflexion autour des conditions de la croissance, des conditions du partage de la richesse, des valeurs que l’on veut porter », conclut Frédéric Lafage.