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Le pôle de compétitivité Imaginove lance un nouveau concept d’incubateur : l’usine à projets

Comment faire en sorte que les meilleurs talents de la région dans le domaine de la vidéo, de l’image ou du multimédia, développent de préférence leurs projets en Rhône-Alpes plutôt qu’à Londres ou Montréal ? Le pôle de compétitivité lyonnais Imaginove pense avoir trouvé la solution en lançant dès l’année prochaine un incubateur d’un nouveau type. Celui-ci accompagnera non pas une entreprise, mais un projet susceptible de susciter l’intérêt des professionnels. S’appuyant sur un réseau dense en matière de formation, cette « usine à projets de création numérique » prévoit d’accompagner cinquante projets d’ici 2015.

Fort intéressante et originale, l’idée pourrait avec profit être reprise en l’adaptant par d’autres pôle de compétitivité de la région Rhône-Alpes. De quoi s’agit-il ? Le pôle de compétitivité lyonnais Imaginove (*) qui a déjà créé le réseau « les Ecoles de l’image en Rhône-Alpes » formant 530 diplômés par an, mis en place un concours (Ganuta) qui récompense les talents créatifs et organise chaque année le « Talent » Day qui permet la rencontre entre jeunes talents et professionnels, a senti qu’il devait aller encore plus loin dans cette direction.

Comment conserver dans la région, dans la mesure du possible, les talents issus de toutes ces écoles dont beaucoup sont reconnues à l’international ? D’où l’idée qui a germé dans le cerveau des responsables d’Imaginove, en partenariat avec la Région et le Grand Lyon, de mettre en place « Une usine à projets de création numérique ».

Il s’agit d’un incubateur qui n’est pas là pour accompagner une entreprise (on peut être excellent créateur et piètre entrepreneur), mais un projet qui, pourquoi pas, pourra ensuite voler de ses propres ailes, mais surtout intégrer une entreprise intéressée par l’innovation et la valeur ajoutée apportée.

« Cette usine a pour but de permettre de détecter, d’accompagner et de transférer au marché des projets innovants », précise Magali Rofidal, responsable de cette initiative.

Comment va-t-elle fonctionner ? « L’usine à projets mettra des locaux à disposition des créateurs, leur fournira une dotation financière de 25 000 euros maximum et les fera accompagner d’une équipe de coach-experts, avec à leur tête un directeur de projet. Le créateur pourra également aller chercher au sein des entreprises du secteur, des experts métiers, techniques. L’objectif est de lui permettre de réaliser un prototype. »

Et d’enfoncer le clou : « Il s’agit de créer en fait un accélérateur de développement créatif. » Durée maximum de cette première phase : neuf mois.

Assez classique jusque là. C’est la suite du processus qui l’est moins. Anne-Marie Rofidal décrit : «  Dans cette première phase, chaque projet sera présenté à un jury d’experts et de professionnels du secteur de l’image :des financiers, des industriels ou des diffuseurs à la recherche de nouveautés. S’ils se montrent intéressés, ils pourront co-investir dans le projet et l’aider à se développer. »

Interviendra alors une seconde phase d’un durée de six mois maximum destinée à faire passer le projet du prototype à sa concrétisation. « Une seconde enveloppe budgétaire de 50 000 euros pourra alors être débloquée : elle sera co-financée par les partenaires privés intéressés par le projet », précise Anne-Marie Rofidal.

Cette dernière phase doit permettre de déterminer le business modèle et le business plan, de définir la production et la commercialisation. Bref, il doit alors, à l’issue de ses quinze mois d’incubation être prêt à être produit.

Comment l’histoire peut-elle se terminer ? « L’entreprise partenaire pourra prolonger son investissement dans le projet, le racheter pour finir de le développer et le commercialiser. Mais aussi, d’autres investisseurs peuvent décider de le produire et de le commercialiser. Sa vie peut commencer ! », pronostique la responsable de projet chez Imaginove.

Les cibles visées ? Soit des étudiants désireux de poursuivre des projets de fin d’études nécessitant un développement important, soit des porteurs de projet à la recherche d’appuis, de conseils ou de soutiens ; voire même des projets qu’une entreprise souhaiterait externaliser.

L’objectif affiché est, pour la phase de démarrage, en 2012, est de suivre trois projets. Puis une fois le processus rodé, d’en accompagner pas moins de cinquante d’ici 2015, soit une dizaine par an. Séduisant sur le papier. Reste à faire vivre ce concept original.

(*) Imaginove rassemble les acteurs des industries de l’image en mouvement : jeu vidéo, cinéma, audiovisuel et multimédia. Il s’appuie sur une filière comportant en Rhône-Alpes 700 entreprises, 23 laboratoires de recherche et 28 formations liées à l’image, mais aussi des événements comme le « Cartoon Movie » ou le « Serious Game Expo ». Depuis sa création en 2005, ce pôle de compétitivité qui est également un cluster soutenu par la Région a permis de labelliser 139 projets de R&D pour 240 millions d’euros d’investissements.

Photo (DL) : Anne-Marie Rofidal, d’Imaginove, chef de projet : « un accélérateur de développement créatif. ».