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Les professionnels tirent le signal d’alarme : cette crise de l’immobilier qui couve…

Lyon connaît actuellement selon le JDD/Aviv Group la plus forte chute des prix des grandes métropoles françaises : -3,3 % à 5 119 euros le m2 contre -1,5 % à Paris ou – 2 % à Toulouse et – 0,5 % sur l’ensemble de l’Hexagone.

On pourrait se réjouir pour les futurs acquéreurs de cette baisse des prix, l’immobilier ayant beaucoup trop augmenté ces dernières années à Lyon.

Sauf que cette baisse des prix est l’illustration d’un phénomène qui pourrait amener une forte contraction de la construction de logements neufs dès cette année, alors que les besoins immobiliers des Français sont loin d’être comblés.

Cette baisse de l’immobilier est la conséquence de la hausse ininterrompue des taux d’intérêt. Acheter son logement devient trop cher pour de potentiels acquéreurs qui repoussent leur projet de devenir propriétaire.

Pour la Fédération française du bâtiment (FFB), qui lance « une alerte rouge », la situation est grave.

Les professionnels n’hésitent pas à lancer ces mots qui font peur : « le secteur est à la veille d’une catastrophe. »

L’organisation professionnelle redoute une « chute de l’activité de 4 %, en volume, entre 2022 et 2025 » (après +3,1 % l’an dernier, soit 0,7 point de moins qu’espéré il y a sept mois).

Vers une contraction de 25 % des mises en chantier

Mais surtout les responsables de la Fédération du Bâtiment craignent que sur cette période triennale, les mises en chantier se contractent de 25 %, « pour tomber à 274 000 unités, comme en 1992, point bas de la crise du logement neuf des années 1990″.

Avec cette autre conséquence : « près de 100 000 emplois (équivalents temps plein) pourraient être détruits sur la période », affirme la FFB.

Les clignotants sont d’ores et déjà à l’orange avec des permis de construire qui reculent de 5,1 % sur un an et des lancements de chantiers de 6,4 %.

Quant aux ventes des promoteurs, elles se sont effondrées de… 24,3 % au dernier trimestre par rapport à fin 2021 !

Pour la FFB, c’est bien simple, « le ressort du neuf est cassé, l’emploi est menacé ! »

Pour répondre à cette crise annoncée, les professionnels du Bâtiment expriment plusieurs souhaits dont « la relance d’un dispositif au-moins aussi puissant que le « Pinel » version 2022. »

Et d’expliquer que   « cela permettra de poursuivre plus sereinement les échanges sur le statut du bailleur privé que nous appelons de nos vœux à moyen terme… »

Comment va réagir l’Etat qui pour l’heure est plutôt muet sur la question ?

Déjà l’immobilier de bureaux…

Signe avant-coureur ? Cette chute de la construction des immeubles à destination des particuliers se fait, elle, déjà sentir aussi au sein de l’immobilier de bureaux.

Ainsi, Stéphane Jullien, directeur de l’équipe bureaux de JLL Lyon, un spécialiste de l’immobilier d’entreprise, « le contexte de crise énergétique, la hausse des coûts généralisée, le renchérissement et l’accès restreint à l’emprunt alimentent les contraintes et incertitudes des entreprises. L’attentisme et la sobriété sous toutes ses formes ont marqué le 1er trimestre, impactant les mouvements dont les grandes signatures, traditionnelle variable de performance du marché lyonnais ».

Au bilan , explique-t-il, dans la Métropole lyonnaise, « l’absence de signature de superficies supérieures à 3 000 m2 fait plonger les volumes commercialisés de… 54 % sur 1 an ! »

Au niveau national la chute de l’investissement dans l’immobilier d’entreprise s’établit à 35 %, au 1er trimestre 2023.

Et c’est même – 40 % de moins par rapport à la moyenne des cinq dernières années…

La suite de l’histoire dépendra de l’évolution des taux d’intérêt, mais ceux-ci ne donnent pour l’heure aucune volonté de baisse…