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L’un des enjeux de l’après-Covid : juguler la pauvreté qui a crû de manière importante l’année dernière en Auvergne-Rhône-Alpes

L’un des paradoxes de la pandémie est que si les riches sont désormais plus riches et bénéficient d’un matelas d’épargne estimé à 200 milliards d’euros, les pauvres, eux, sont plus pauvres, tandis que leur nombre a augmenté. Deux études qui viennent de sortir coup sur coup l’illustrent. Déjà avant le crise, selon l’Insee, la pauvreté progressait à nouveau en France. Un phénomène accentué par le Covid l’année dernière. L’un des enjeux de la sortie de crise est là…

Certes, on peut s’en féliciter, la pauvreté est plus faible en Auvergne-Rhône-Alpes que dans nombre d’autres régions.

Cest l’Insee qui le dit dans une étude (*). C’est même le troisième plus faible taux en région dans notre pays.

Elle est tout-de-même présente. Un habitant sur huit d’Auvergne-Rhône-Alpes est touché par la pauvreté : 12,7 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, qui correspond à 60 % du niveau de vie médian, soit encore 1 087 euros par mois pour une personne seule.

Le plus fort taux de pauvreté dans la Métropole de Saint-Etienne

Il faut d’ailleurs noter que contrairement à une idée reçue que c’est dans les Métropoles que l’on trouve les plus forts taux de pauvreté : 16 % dans la Méropole de Lyon ; 19 % dans la Métropole de Saint-Etienne.

Ainsi, après une hausse entre 2013 et 2015, le taux de pauvreté avait amorcé une baisse les deux années suivantes. Mais il s’est acccentué à nouveau en 2018, selon l’Insee : et ce, précise l’Institut de la statistique, “ dans un contexte économique alors favorable”.

Ce niveau de pauvreté était alors revenu à son niveau de 2013, touchant un million de personnes en Auvergne-Rhône-Alpes.

Pour l’Insee, ”la crise provoquée par la pandémie de Covid-19 n’a pu que dégrader ce taux de pauvreté”.

Ce que vient confirmer une autre étude menée, elle, par la Fondation Abbé Pierre, portant sur l’année 2020.

Ainsi, dans la région, selon la Fondation, le nombre d’allocataires du RSA a augmenté de 11 %, soit 17 000 personnes supplémentaires ; tandis que l’on dénombre 300 000 SDF sur la région.

Pour Véronique Gilet, directrice régionale de la Fondation Abbé Pierre, en matière d’aide alimentaire, on constate que, “phénomène nouveau, des ménages qui n’avaient pas trop de difficultés à remplir leurs frigos se sont mis à solliciter les associations car ils avaient faim : à la crise économique s’est rajoutée l’absence de repas à la cantine pour les enfants.”

L’autre problème de ce retour de la pauvreté est la question du mal logement, alors que l’on compte déjà 300 000 SDF dans la Région.

3 600 logements sociaux de moins l’année dernière

Ainsi, la crise a provoqué une forte diminution de la mise sur le marché de logements sociaux : – 26 %, soit 3 600 logements sociaux en moins dans la région.

Pour la Fondation Abbé Pierre, en effet, le deuxième niveau d’alerte concerne le mal-logement.

Ainsi, “on dénombre désormais 220 000 ménages qui sont en liste d’attente pour un logement social dans la région.”

Il est donc urgent d’accélérer à nouveau la construction de logements sociaux ; ce qui au passage ne pourrait qu’être favorable à la reprise économique.

(*) “La pauvreté dans les Métropoles” : Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes n° 89 Avril 2021.

Photo : Fondation Abbé Pierre