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Lyon, 1ère ville à vouloir interdire le diesel : une (ZFE) Zone à Faibles Emissions qui provoque de fortes réactions…
Bruno Bernard, le président de la Métropole Lyonnaise se donne cinq ans pour bannir de son territoire les véhicules diesel, professionnels et particuliers, soit 70 % du parc automobile. Et il commence avec les véhicules professionnels, dès le 1er janvier 2021, provoquant une vive réaction des artisans de la Capeb, rejoints par l’association “40 millions d’automobilistes”. Si l’intention est louable, le manque de communication, l’absence de concertation irrite au plus haut point.

Les élus verts ont beau dire que c’était dans leur programme, il y a une manière de faire. D’autant, comme l’a rappelé l’opposition lundi 14 décembre, lors du conseil métropolitain, les Verts, lors de la campagne électorale avaient mis aussi en avant leur volonté de concertation et insisté sur le développement de la démocratie participative. On la recherche en vain.

On a l’impression que le nouvel exécutif déroule son programme en oubliant qu’il y a des habitants dans la Ville…

Prenons l’exemple des voies de covoiturage en train de se mettre en place. On voit arriver subrepticement des radars à covoiturage, avant que sur les ex-A7 et A-6 (devenues M7 et M6) dans leur traversée de Lyon et bientôt des voies dédiées, sans que pour l’instant les automobilistes soient au parfum.

Il en est de même pour la Zone à Faible Emission, la ZFE, qu’a mise en place le prédécesseur de Bruno Bernard, David Kimelfeld, dont l’actuel président de la Métropole entend accélérer la mise en œuvre.

Objectif louable, mais…

L’objectif est louable, surtout qu’il s’agit là de diminuer la pollution de l’air et de mettre fin aux alertes aux particules à répétition, en boutant les véhicules diesel professionnels d’ici quelques semaines, le 1er janvier 2021, puis ceux des particuliers d’ici 2025.

Découvrant qu’ils allaient être concernés dès le début de l’année prochaine, les artisans de la Capeb sont déjà montés au créneau.

Ils ont ainsi découvert que dès le 1er janvier 2021, les véhicules professionnels – utilitaires et camions – porteurs de la vignette CritAir 3 (soit plus de 3 véhicules sur 4) seront totalement interdits de circulation et de stationnement, 24h/24 et 7j/7en zone ZFE, soit dans le centre de la Métropole de Lyon (voir le plan ci-dessous).

Les particuliers pour leur part devraient être concernés en 2025, au plus tard.

Or, cette mesure leur apparaît comme brutale, “ les artisans et petites entreprises du bâtiment sont actuellement dans l’incapacité financière de supporter l’achat de nouveaux véhicules, voire pour certains de renouveler l’ensemble de leur flotte”, estiment les dirigeants de la Capeb.

La Capeb Rhône et Grand Lyon demande donc à ce que “soient reportées à l’été 2021 l’application de ces nouvelles mesures”…

Autre mesure qui a fait réagir cette fois l’association “40 millions d’automobilistes”, le fait que tous les Lyonnais qui se sont acquittés d’une vignette de stationnement résidentiel dans leur arrondissement respectif devront pour la conserver, moyennant 40 euros, présenter le récépissé du service de délivrance des certificats qualité de l’air ou la photo de la vignette Crit’Air mentionnant la plaque du véhicule, pour avoir droit au renouvellement.

Ceci, en plus de la traditionnelle présentation de la carte grise et du justificatif de domicile à la date de renouvellement indiquée.

Ce dispositif est valable pour tous les particuliers propriétaires de véhicules légers quelle que soit la vignette (Verte, 1, 2, 3, 4, 5 ou non classés).

Là aussi, les véhicules utilitaires devront afficher une vignette Crit’Air Verte, 1 ou 2.

Les autres vignettes 3, 4, 5 et non classés ne seront plus éligibles en 2 021 au dispositif résident annuel de stationnement sur voirie.

“C’est non”

“Doit-on cautionner le clivage les gens en fonction de leurs moyens financiers ?”, s’insurge l’association « 40 millions d’automobilistes ». Pour elle, “ c’est non.”

Et de lancer une pétition : “La voiture reste le moyen de transport privilégié par une majorité de Français : en tant qu’automobiliste, vous avez donc toutes les raisons de vous insurger contre ces villes qui voudraient brider votre mobilité et vous bannir de leur territoire. Il est primordial de vous faire entendre…”

Une mesure qui semble là aussi tomber du ciel et va pénaliser fortement les professionnels, même si des aides pécuniaires sont proposées par la Métropole pour accompagner ceux-ci dans leur changement de véhicules.

Certes, cité par notre confrère La Tribune de Lyon, Jean-Charles Kohlhaas, le vice-président de la Métropole semble rétropédaler quelque peu. Il explique la Métropole entend bien ne pas faire tomber un couperet sec sur le diesel. «  On est en train de discuter du périmètre et du calendrier de la ZFE pour la voter en mars. Bien sûr que ce sera progressif, il y aura des dérogations temporaires, un calendrier évolutif par zones. Les particuliers auront des aides, par exemple à la conversion, au rétrofit… Le but n’est pas de mettre des gens en difficulté ! Je sais que zéro diesel en 2025, on n’y sera pas. Mais sans date, on n’y arrivera pas non plus. »

Bref, vu la manière de faire, le nouvel exécutif semble s’engluer dans l’image qu’il donne de lui-même en voulant mettre en place ce qui s’apparente à une écologie punitive. Alors que bien expliquée, avec les outils de la démocratie participative, celle-ci pourrait être mieux acceptée des citoyens.

En l’occurrence, le mieux est l’ennemi du bien…